Site icon La Revue Internationale

Singapour: la Bibliothèque Nationale censure des livres pour enfants

8795630913_be64b94095_b.jpg8795630913_be64b94095_b.jpg

[image:1,l]

Rappelez-vous. Au début de l’année, un livre pour enfants a fait trembler le Printemps français, et avait été expressément rangé dans des rayons de la bibliothèque municipale du Chesnay (Yvelines) là où des enfants ne pouvaient pas le trouver.

Ce livre, c’est «And Tango Makes Three » (en français, «Tango a deux papas – et pourquoi pas ? »), et il est tiré d’une histoire vraie. A la fin des années 90, le zoo de Central Park à New York a en effet assisté à un spectacle plutôt habituel. Deux de ses pingouins mâles ont formé un couple et élevé ensemble un oeuf : la petite Tango.

Une jolie histoire qui a donné naissance à un livre… aujourd’hui censuré à Singapour. La cité-Etat et le National Library Board (NLB), en charge de la gestion des bibliothèques publiques, ont jugé son contenu «inapproprié». Et ont tout bonnement décidé de le retirer des étagères, parce qu’il va à l’encontre de la «politique pro-familiale». Deux autres ouvrages sont également concernés : «The White Swan Express», où l’on voit des couples de lesbiennes et des femmes vivant seules, et «Who’s in My Family», évoquant plusieurs types de cellules familiales, différentes de la «famille classique».

En interdisant ces livres, Singapour envoie le message qu’elle condamne les schémas familiaux qui sortent de l’ordinaire. Du côté des habitants, les réactions ne se sont pas fait attendre.

Vives réactions à Singapour

De nombreuses familles se sont empressées d’expliquer à leur gouvernement que, non, leur famille n’avait rien de bizarre. Et qu’en aucun cas, on ne devait faire comme si elles n’existaient pas.

«Cher Monsieur le Ministre, les familles monoparentales existent, tout comme les familles adoptées, les familles recomposées, les gays et les lesbiennes. Ce n’est pas grave si vous n’êtes pas comme nous. Mais s’il vous plaît, ne retirez pas nos histoires, et ne faites pas comme si nous n’existions pas».

En signe de protestation, trois membres du prix littéraire de Singapour ont aussi annocé leur démission. Il faut «condamner dans les termes les plus forts la décision de la librairie de retirer ces ouvrages et de les détruire. Cette institution est responsable de la dissémination de l’information, plutôt que de sa destruction», écrivent-ils dans un communiqué.

Par ailleurs, une pétition a été lancée, rassemblant déjà 4 600 signataires.

Mais les politiques singapouriennes pourraient ne pas entendre ce message. L’homosexualité dans leur pays est en effet toujours un délit, passible de peines pouvant aller jusqu’à deux ans de prison.

Quitter la version mobile