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Tour de France: Nibali, un Italien en jaune sur les Champs-Élysées

Depuis le départ de la Grande Boucle à Leeds, il n’a cessé de dominer les débats. Vincenzo Nibali, coureur de l’équipe kazakh Astana, possède désormais 4’37 d’avance sur son plus proche poursuivant, l’Espagnol de la Movistar Alejandro Valverde. Un écart conséquent mais qui ne scelle pas définitivement la course. Et pourtant… Déjà vainqueur de trois étapes, Nibali paraît intouchable: seuls Kittel et Gallopin ont eu le droit de revêtir la tunique dorée, le temps d’une petite journée. En l’absence de Froome et de Contador, le requin de Messine n’a pas flanché au moment d’assumer son statut de favori ; les Champs-Elysées ne sont plus très loin.

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Nibali s’est emparé du maillot jaune lors de la 2e étape et ne l’a quasiment plus quitté depuis. (shutterstock.com)

Son impressionnant punch lors de la deuxième étape entre York et Sheffield laissait augurer du meilleur pour le leader d’Astana. En lançant son accélération à 1500 mètres de l’arrivée, il a déposé un peloton désabusé, trop occupé à se jauger. Nibali pouvait alors lever les bras, tout en arborant fièrement son maillot de champion d’Italie, acquis quelques jours auparavant pour la première fois de sa carrière. Cette victoire lui permet de troquer sa tunique nationale avec une autre, encore plus prestigieuse : le maillot jaune, celui du leader du classement général.

Le Tour, objectif numéro 1

Vincenzo Nibali avait fait du Tour de France son objectif principal de la saison. Au point de sacrifier le Tour d’Italie, dont il est le vainqueur sortant. Une décision que ses fans transalpins avaient mal digérée… Lors d’une interview accordée au Corriere dello Sport, l’interessé s’était justifié : « Je suis fier, très fier de mon succès sur le Giro. Désormais, il ne me manque plus que le Tour de France. Et je n’aurai que très peu de chances de le remporter si je remets ma victoire au Tour d’Italie en jeu… ». Une décision sage, qui témoigne de la maturité d’un coureur qui avait pour habitude d’enchaîner les grands Tours il y a encore quelques années.

Le Sicilien arrive donc sur la Grande Boucle en pleine possession de ses moyens. Quant au capital confiance, Nibali ne pouvait pas espérer mieux : une victoire en toute fluidité aux championnats d’Italie sur route. Critiqué par son manager général et ancien coureur Alexandre Vinokourov, le champion d’Italie 2014 est bel et bien prêt pour accomplir la performance de sa carrière.

La démonstration des pavés

Car remporter la Grande Boucle n’était pas le rêve d’enfant du requin de Messine. Il a fait ses armes dans le monde du cyclisme sur un VTT, et aspirait à remporter la reine des courses sur pavés, Paris-Roubaix. Depuis, Nibali s’est affûté, devenant un grand descendeur, un très bon grimpeur et un redoutable spécialiste du contre-la-montre. Ce changement de profil aurait pu inquiéter le leader d’Astana, au moment d’attaquer la 5e étape, celle des pavés, entre Ypres et Arenberg. Et pourtant, cette classique du Nord incorporée à la Grande Boucle était une des cartes secrètes de Vincenzo Nibali.

Car les Astana ont livré un véritable numéro sur la trouée d’Arenberg. Accompagné de ses lieutenants Westra et Fulgsang, Nibali décide de rouler à bloc à 60 kilomètres de l’arrivée. Le groupe de trois happera toutes les échappées, et son allure folle permet au Sicilien de distancer d’au moins 2 minutes tous ses concurrents pour le classement général. Si le trio infernal laissera Theo Bos partir seul et remporter l’étape, il est le vrai vainqueur de cette étape de pavés. Et Nibali devient de plus en plus intouchable.

Facile en montagne

S’il faut retenir une statistique de la performance de Nibali, c’est sans doute celle-ci : depuis cette fameuse 5e étape, aucun favori n’est parvenu à prendre la moindre seconde sur le leader du général. Ses concurrents caressaient pourtant l’espoir de récupérer le temps perdu lors des premières grandes ascensions de ce 101e Tour de France. Il n’en fut rien : le Sicilien remporte la 13e étape entre Saint-Etienne et Chamrousse avec une facilité déconcertante. Le lendemain, sur un tracé encore plus exigeant, il termine second, à 11 secondes de Majka. Sans forcer, sans vaciller. Laurent Jalabert, consultant pour France Télévisions, s’exclamera même à l’issue de la course : « Personne ne battra l’Italien cette année ».

L’on n’a pour l’instant jamais vu le vainqueur de la Vuelta 2010 en difficulté. Vincenzo Nibali est un cycliste mature : à 29 ans, il justifie le grand avenir qu’on lui promettait. S’il venait à remporter la Grande Boucle, le requin de Messine pourrait se targuer d’avoir remporté les trois Grands Tours. En attendant les Champs Elysées, le leader d’Astana pourrait même écraser définitivement la course : une victoire dans les Pyrénées est hautement envisageable, avant une éventuelle démonstration sur le seul et unique chrono du Tour de France. Un appétit sans limite donc ; on ne l’appelle pas le requin de Messine par hasard.

 

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