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Un maire fait resurgir le fantôme de l’homophobie en Italie

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Un couple gay s’embrassant lors de la Gay Pride 2014 à Milan. (shutterstock.com)

« Moralement dangereux pour les enfants »

Gianluca Buonanno recevait un journaliste de « la Repubblica » le 9 juillet dernier pour faire part de sa toute dernière trouvaille en termes de mesures sociales : interdire aux couples gays de s’embrasser dans sa ville. Fier et déterminé, celui qui arbore sur son bureau une photo de Vladimir Poutine, féroce opposant aux droits des homosexuels, explique sa décision en toute simplicité : « Je n’aime pas quand deux personnes du même sexe échangent leur affection en public ; c’est une question de respect. Et je suis convaincu que ces gestes sont moralement dangereux pour les enfants ».

Le maire de Borgosesia est homophobe, et il l’assume sans détours : « Je sais que je choque et que je vais être attaqué. En privé, tout le monde fait ce qu’il veut, mais pas en public ! ». Buonanno souhaiterait agrémenter son interdiction par une amende de 500 euros, pour les deux interessé(e)s.

Des déclarations qui indignent…

L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen a immédiatement condamné l’attitude du maire italien, publiant un communiqué quelques heures après la publication de l’article : « Il est inacceptable qu’au cœur de l’Europe, un maire décide de qui est autorisé à s’embrasser et qui ne l’est ». De plus, Buonanno serait un habitué de ce genre de dérapages, qui lui permettent d’agrandir sa notoriété. Du côté des intéressés, un « kiss-in » (rassemblement durant lequel les manifestants s’embrassent pour briser les tabous sur l’homosexualité) aura lieu samedi 19 juillet à 10h30, à Borgosesia. Un second kiss-in lui fera écho le 6 septembre. Le maire transalpin ne risque pas d’obtenir gain de cause de ci-tôt. C’est donc l’heure de l’apaisement, jusqu’au prochain scandale.

… Dans un pays qui les tolèrent

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement italien le premier freine l’intégration des homosexuels dans la société. En 2011, une loi anti-homophobie est rejetée pour la deuxième fois consécutive par le Parlement italien. Il s’agissait de condamner pénalement gestes, actions et déclarations homophobes. On se souvient également qu’en 2004, un ancien ministre des Affaires européennes, Rocco Buttiglione, qualifiait l’homosexualité de pêché pendant une intervention au Parlement européen.

Dans un pays aux racines catholiques profondes et solides, accepter la communauté gay semble relever de l’épreuve. A Rome, en 2013, trois jeunes homosexuels s’étaient suicidés, laissant derrière eux des lettres remplies de tristesse et d’incompréhension : « Je suis homosexuel, personne ne comprend mon drame et je ne sais pas comment le faire accepter par ma famille » écrivait l’un d’eux. L’attitude réfractaire du maire de Borgosesia n’est donc pas un cas isolé, et fera des émules tant que la communauté gay italienne ne sera pas totalement acceptée, et, surtout, protégée.

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