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Un milieu associatif actif à Calais, mais insuffisant face au nombre de migrants

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JOL Press : Le principal camp de migrants à Calais a été évacué par les forces de l’ordre mercredi 2 juillet pour des « raisons sanitaires ». Comment réagissent les associations sur place ?
 

Christian Salomé : Mercredi 2 juillet, lors de l’évacuation du principal camp de migrants à Calais, les gendarmes ont embrigadé tout le monde y compris les bénévoles des associations ainsi que les journalistes qu’ils ont repoussés à plusieurs centaines de mètres. Les policiers ont également placé des camions de gendarmes mobiles de façon à ce que nous ne puissions pas filmer ou photographier la scène. Un journaliste a été gazé : des images digne dans un pays en dictature… Un bénévole a été interpellé car il ne s’est pas reculé assez vite lors de l’intervention des CRS. Il a été maintenu en garde à vue jusqu’à 16h et a eu le droit à un rappel à loi.

JOL Press : L’évacuation des camps de migrants est-elle la solution au problème selon vous ?
 

Christian Salomé : Non… Le lendemain du démantèlement du camp, les trois quart des migrants expulsés étaient déjà revenus à Calais. Nous avons servi 400 repas le lendemain. Une centaine de personnes s’est cachée dans les sous-bois. Sur les 600 personnes arrêtées, 500 sont déjà revenues à Calais : cette évacuation n’a donc servi à rien, mis à part à détruire leurs abris et à précariser un peu plus la vie de ces gens.

JOL Press : Cette opération suffira-t-elle à décourager les migrants de revenir à Calais ?
 

Christian Salomé : Cette opération avait pour objectif d’effrayer les migrants, faire en sorte qu’ils ne reviennent pas à Calais. Mais la plupart des migrants veulent passer en Angleterre où ils ont de la famille et des amis. Calais est la zone géographique la plus proche de l’Angleterre, ils reviendront donc jusqu’à ce qu’ils atteignent leur but. Généralement, ils ne peuvent pas obtenir l’asile en France, parce que leurs empreintes ont déjà été relevées dans d’autres pays, ou bien parce qu’ils détiennent déjà des papiers italiens, à l’époque où l’Italie en délivrait plus facilement.

 
JOL Press : Comment les associations viennent-elles en aide aux migrants à Calais ?
 

Christian Salomé : Le milieu associatif est actif à Calais pour aider les migrants, mais encore insuffisant par rapport au nombre de personnes en difficultés. L’Auberge des migrants sert des repas le mercredi, le jeudi ainsi que le vendredi soir, à 18h. Nous aidons ceux qui demandent l’asile à obtenir des papiers, en particulier les familles.

Mais le principal problème des personnes réfugiées à Calais concerne le manque d’endroits où s’abriter : il faudrait tolérer des espaces où ils puissent construire une cabane, installer des tentes. Une autre solution semble encore plus logique : étant donné qu’ils sont des réfugiés de guerre, il faudrait que la Croix Rouge ou que le HCR, l’agence de l’ONU pour les réfugiés, installent un camp comme il en existe dans d’autres pays : après tout, c’est le rôle du HCR de s’occuper des réfugiés de guerre… Pourquoi le fait-il dans d’autres pays et pas à Calais ?

JOL Press : Quelles sont leurs conditions de vie à Calais ?
 

Christian Salomé : Ils ne bénéficient que d’un seul repas par jour, ils se cachent, dorment dans des sous-bois à la sauvette. Le Secours Catholique propose des douches. Mais le principal problème concerne l’eau : il n’existe qu’un seul point d’eau à Calais, dans le centre-ville.  Les migrants de Calais sont également confrontés aux violences de la police, surtout lorsque les associations ne sont pas présentes.

Propos recueillis par Louise Michel D.

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Christian Salomé est président de l’association  L’auberge des migrants

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