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Assassinat de James Foley: face au djihadisme, assez d’angélisme…

Dimanche 24 août 2014. En Une du Sunday Times. « Beheader Jihadi John identified ».

L’assassin de James Foley aurait été identifié par MI5 et MI6. Si les services secrets de sa très britannique Majesté n’ont pas révélé le moindre détail sur l’idenité de celui qu’ils suspectent d’avoir décapité James Foley, le journaliste américain, otage de l’État islamique en Syrie depuis fin 2012, l’hebdomadaire londonien évoque comme suspect-clé, un certain Abdel-Majed Abdel Bary.

De Maida Vale à Londres à Raqa en Syrie…

Qu’il soit, ou nom, l’auteur de ce crime en mondovision, Abdel-Majed Abdel Bary est bien un djihadiste. Pour preuve, la photo qu’il publiait – sur Twitter ! – il y a peu et où on le voyait tenir d’une main la tête d’un autre décapité, « un pote ou ce qu’il en reste » se vantait-il… Et le profil de ce djihadiste pourrait largement contribuer à priver de leurs ultimes arguments les angéliques, ces tenants de l’ « apaisement », qui se laissent encore aller à sous-estimer la menace que constitue pour l’Occident et, plus largement, l’ensemble du monde civilisé, l’État islamique, les djihadistes, et l’islamo-fascisme sous toutes ses formes.

Abdel-Majed Abdel Bary a 23 ans. Il est le fils d’un Britannique, converti au djihadisme et accusé d’attaques contre les intérêts américains au Kenya en 1998. Abdel-Majed Abdel Barry est un rappeur et aurait ainsi quitté son domicile cossu – dont la valeur est estimée à 1,4 millions d’euros – dans le quartier huppé de Maida Vale à Londres. Direction la Syrie et le côté obscur de la force…

Des djihadistes du troisième type

Que des jeunes, ou moins jeunes, musulmans de naissance ou convertis, tournent le dos à l’Occident qui les a vus grandir pour rejoindre des « brigades internationales » d’un nouveau genre – à front renversé – et mener une bien différente « guerre d’Espagne » au nom de l’islamo-fascisme, peste verte modèle XXIème siècle, en Syrie ou au Mali, comme autrefois en Irak déjà, en Afghanistan ou même en Bosnie, ce n’est plus un scoop. C’est une réalité, c’est une réalité que personne n’ose aujourd’hui nier même si quelques-uns encore, par idéologie ou par peur – ou les deux -, persistent, pleutres complices, à justifier la démarche de ces fanatisés en en faisant porter la responsabilité à un Occident qui les aurait délaissés, déclassés, rejetés. C’est ainsi, en s’appuyant sur de tels arguments – nous ne l’avons pas oublié -, que certaines voix s’étaient élevées en défense de Mohamed Merah au printemps 2012 pour justifier ses crimes, déjà barbares, voire le disculper…

Désormais, avec le Britannique Abdel-Majed Abdel Bary ou encore le « hipster » égyptien Islam Yaken, c’est à un autre profil de djihadistes que nous sommes confrontés. L’aspirant djihadiste n’est plus seulement le paumé, le raté, le destitué, une « victime » de ces machines à broyer que sont nos sociétés occidentales et, très largement, le monde moderne civilisé.

L’ampleur du péril

On pourrait regretter qu’il faille une mort « proche », celle d’un Américain, journaliste, otage, son assassinat par un barbare cagoulé à l’accent londonien pour que, impassibles – ou presque -, impuissants sûrement, devant les milliers de victimes déjà martyrisées, nous ouvrions un peu plus les yeux. On pourrait regretter effectivement que les décapitations, crucifixions et autres monstruosités sans nom, que l’État islamique et ses sbires exécutent puis exposent sur des sites « grand public » de la Toile – en toute liberté, notons-le, déplorons-le au passage -, n’aient pas suffi à nous ouvrir les yeux, et à nourrir plus que de aison  la bien-pensante indignation devant de telles barbaries.

C’est pour cela que, avec la disparition de James Foley, la prise de conscience de la nature même du péril doit être réelle, profonde, définitive et, surtout, suivie d’actes.

Al-Assad plutôt qu’Al-Baghdadi

Ne nous y trompons pas, le défi du djihadisme est, à l’image de cette barbarie, global et total. Faute d’une réaction, ce défi, par nature et par ambition, global et total, s’immiscera toujours plus en tout et nous forcera, sans doute – sous peine de défaite assurée -, pour préserver notre sécurité, tant extérieure qu’intérieure, à revoir l’essentiel de nos fondamentaux.

Ainsi, d’ici peu, à l’extérieur, sur le plan diplomatique, pourrions-nous être conduits à revoir nos alliances. La Realpolitik reviendrait en force et nous devrions être contraints à convenir – enfin que -, côté Syrie, mieux vaut al-Assad qu’al-Baghdadi, à réfléchir à deux fois avant de poursuivre un bras de fer perdu d’avance avec Poutine – comme, autrefois, face à Hitler, nous avions su nous rapprocher de Staline…

A l’intérieur, le défi principal consistera sans doute à établir ou, plutôt, renforcer – dans les esprits, dans les paroles et dans les gestes – un cordon sanitaire entre les djihadistes, tous ceux qui pourraient, les soutenir, et toutes les formes dites modérées de fidélité à l’Islam. Aucune complaisance à l’égard des barbares, djihadistes de l’État islamique ou d’ailleurs, islamo-fascistes de tous poils, nulle part – et surtout pas dans les rues de Paris… – ne saurait être tolérée. Sans attendre d’ailleurs, à l’annonce de la mort de James Foley, des représentants musulmans ont dénoncé clairement la menace barbare. Ce n’est pas une surprise, mais cela va mieux en le disant : l’État islamique, le djihadisme, ce n’est pas l’islam, mais une perversion de l’islam.

Puisque l’Histoire, que l’on croyait finie, paraît déterminée à se répéter en ses développements les plus sombres. Face à la montée de ces nouveaux périls, on ne jouera jamais trop le rôle de Cassandre.

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