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Au Mont Athos, accès interdit aux femmes

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Le mont Athos, patrimoine mondial de l’Unesco

Le mont Athos est une république semi-autonome qui se trouve dans la péninsule de Chalcidique, au nord-est de la Grèce, elle fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988. Le mont abrite 3000 moines et 20 monastères orthodoxes.

Le territoire est transmis aux moines par l’Empereur Constantin IV, au VII ème siècle .

C’est en 971 que le mont Athos est reconnu à titre de « République monastique indépendante » par l’Empereur Tzimiskès : statut  juridique confirmé, en droit international, par le traité de Lausanne en 1923. Et la constitution grecque, en 1926, lui donne l’autonomie interne : la communauté est libre de s’administrer elle-même. 

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Le sexe féminin proscrit par la république

Les femmes et les animaux femelles n’ont pas le droit d’accéder à ce mont depuis 1046, ce non-droit a été établi par l’Empereur Byzantin Constantin. 

Selon l’article 186 de la charte statuaire, acceptée par la Constitution grecque (article 13) : «Conformément à la coutume est interdite l’entrée de toutes les femelles sur la presqu’île de la Sainte Montagne ».  

Pourquoi la constitution a- elle autorisé cette restriction ?

Pour la liberté de culte, voici un extrait de l’article 13 : « La jouissance des libertés publiques et des droits civiques ne dépend pas des convictions religieuses de chacun ». Ainsi l’exclusion des femmes par les moines orthodoxes n’est, apparemment, pas considérée comme une atteinte aux droitx civiques qui protègent les hommes et les femmes de toute discrimination. La liberté religieuse de ces moines porte atteinte à celle des femmes. 

Les seules créatures féminines pouvant résider sur ce territoire sont les chattes et les poules qui permettent de chasser les rongeurs et coloriser les icônes.

A partir de 1953, l’entrée des femmes au mont Athos est passible d’un an de prison, suite à plusieurs violations de l’« abaton » (règle interdisant les femmes d’accéder à cette terre).

Cette loi a été acceptée par l’Union européenne en 1981, Article 18 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seul ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ». Acceptation assez surprenante étant donné que l’espace Schengen veille à la libre circulation des citoyens européens, hommes et femmes.  

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Une règle qui résiste au désaccord

En 2003, Anna Karamanov, député européenne, vote pour lever l’interdiction faite aux femmes d’entrer au Mont Athos – sans succès.

Malgré la demande d’ouverture aux femmes, du territoire, par le Conseil œcuménique des Eglises, le conseil des moines et le gouverneur Aristos Kasmiroglou ont maintenu cette règle.  

Aristos Kasmiroglou, qui s’occupe de l’administration de la République semi-autonome (nommée par le ministère des Affaires étrangères), a déclaré : «Le Conseil œcuménique est une institution respectable mais la montagne sacrée appartient aux moines, et personne ne peut y entrer sans leur permission et encore moins changer les règles». 

Les différentes causes de cette interdiction

Une cause Légendaire (récit apocryphe) : La Vierge Marie et Jean l’Evangéliste vont à Lazare (Chypre).  Une mer houleuse les pousse à s’arrêter au port qui est au pied du monastère d’Iveron. La Vierge, admirant la beauté du lieu, demande à Dieu de lui donner la montagne en présent. Alors la voix de l’Éternel se fait entendre : « Que cet endroit soit ton jardin et ton paradis ». Depuis, le mont Athos est considéré comme le « Jardin de la Vierge Marie », interdisant ainsi à toutes autres femmes d’y entrer.

Une cause réaliste : les moines ont établi cette loi pour respecter leur vœu de célibat : ne pas céder à la tentation.  

Le subterfuge d’une femme

Maryse Choisy (1903-1979), écrivain français, s’est travestie en jeune moine pour enquêter sur cet environnement clôturé du reste du monde. Elle a retranscrit son expérience dans Un mois chez les hommes, 1929, Edition de France. 

Quant aux hommes…

Afin d’accéder au mont Athos, il est nécessaire qu’ils se procurent une autorisation: « diamoneterion », délivrée par une autorité qui se trouve à Salonique à 100 kilomètres du Mont. Maintenant, l’obtention de ce document peut se faire par Internet, fax ou téléphone. 

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