Le décès du socialiste Eduardo Campos ouvre la voie à sa colistière, l’écologiste Marina Silva, qui fait figure de sérieuse outsider dans la course pour la présidentielle d’octobre au Brésil.
Son décès «change la donne politique», a reconnu l’ancien président Lula da Silva (de 2003 à 2011). Eduardo Campos était candidat avec l’écologiste Marina Silva comme vice-présidente. Si elle est désignée candidate par le PSB, elle pourrait être une adversaire de poids pour Dilma Rousseff, 66 ans, confrontée à l’usure du pouvoir et qui brigue un second mandat.
Anti-establishment
Très populaire, l’ex-ministre de l’Environnement était arrivée troisième à l’élection présidentielle de 2010 sous l’étiquette des Verts – obtenant près de 20% des suffrages. Cette année, sa candidature a été refusée par la justice électorale. Elle a alors accepté d’être la numéro 2 d’Eduardo Campos. Le duo se présentait comme une alternative face aux deux formations (Parti des travailleurs, PSDB) qui gouvernent le Brésil depuis 20 ans.
Le choix possible de Marina Silva, 56 ans, marquerait «l’entrée en scène d’une candidate plus compétitive», selon l’analyste politique André César, consultant chez Prospectiva, interrogé par l’AFP. Figure de proue de l’anti-establishment, Marina Silva pourrait ouvrir une troisième voie à même de séduire des électeurs avides de changement, estiment les spécialistes.
Une «Lula en jupe»
Originaire de l’Amazonie, analphabète jusqu’à l’âge de 16 ans, Marina Silva est un personnage très charismatique. «On dirait Lula en jupe et elle attire la sympathie de plusieurs secteurs de la société», affirme le politologue de l’Université de Brasilia Lucio Renno, qui compare la trajectoire de cette fille de paysans pauvres à celle de Lula, un ex-ouvrier métallurgiste.
Le chef de file de l’opposition Aécio Neves a aussi beaucoup à perdre avec l’entrée en lice de l’écologiste. «Selon des sondages plus anciens, si Marina Silva était candidate, elle se qualifierait pour le second tour, laissant toutefois la victoire finale à Dilma Rousseff», rapporte Le Point.
L’actuelle présidente aborde cette campagne électorale affaiblie par les manifestations qui ont secoué le pays avant l’ouverture du Mondial de football et dans un contexte économique morose. Confrontée depuis quelques mois à une érosion progressive de sa popularité, Dilma Rousseff possède toutefois un atout de taille : le soutien de son mentor Lula.