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Centenaire 14-18: l’histoire de 30 000 danois envoyés de force à la guerre

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A Braisne (Aisne), les cimetières danois et français ont été bâtis côte à côte. (shutterstock)

Lorsque l’Allemagne décide de partir en guerre contre la moitié de l’Europe, elle décide également de faire jouer ses alliances, et sa puissance. En tant que pays frontalier et occupé, le Danemark et son sud ont souffert d’un conflit qui n’était pas le leur. En août 1914, 30 000 hommes du Jutland du Sud sont réquisitionnés pour intégrer l’armée allemande de Guillaume II.

Des millions de lettres échangées

Le Jutland du Sud étant un territoire occupé par les allemands, les jeunes convoqués ne pouvaient pas refuser de partir au combat. Les plus réticents ont vu leurs terres confisquées et leurs familles malmenées. Au point que les journaux patriotes de la région ont encouragé leurs compagnons à faire leur devoir, et se battre pour l’Allemagne afin que « nos terres ne tombent pas entre les mains allemandes ».

Les danois engagés sur le front ont néanmoins pu profiter du service de poste allemand, réputé pour sa rapidité hors-pair. Ainsi, ce sont bien des millions de lettres qui ont voyagé des plaines paisibles du Jutland du Sud aux tranchées françaises et orientales. A travers ces missives, le désarroi et l’incompréhension des soldats danois sont omniprésents. Certains officiers allemands, par excès de zèle, ordonnaient à ces derniers de rédiger leur correspondance dans la langue de Goëthe. Au total, 5532 natifs du Jutland ont perdu leur vie au cours d’une guerre que la plupart ne comprenait pas.

Danois et Français en frères d’armes

L’absurdité de la Grande Guerre n’a pas mis longtemps à être perçue par ses protagonistes. Dans l’Aisne, le cimetière jutlandais où repose bon nombre des 5532 disparus n’est qu’à une centaine de mètres de celui des soldats français tombés au combat. Deux lieux de mémoires qui furent bâtis seulement quelques années après la fin de la Grande Guerre.

« Les jeunes gens qui se sont entretués pendant cette foutue guerre gisent maintenant comme des frères d’armes, symbolisant ainsi son absurdité » : c’est par ces mots qu’une arrière-arrière petite nièce de combattant danois exprime la violence inouïe de la Première Guerre Mondiale, mais surtout sa relative futilité.

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