Le virus Ebola, selon les internautes chinois, transformerait ses victimes en zombies. En Afrique de l’Ouest, ce virus ne serait qu’une invention des Occidentaux pour opprimer le peuple noir. Le Conseil des Eglises, lui, au Liberia, prétend qu’Ebola est l’expression de la colère de Dieu qui s’abat sur les hommes. Tour d’horizon des théories qui entourent le virus Ebola.
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Le virus Ebola
Ebola est apparu pour la première fois en 1976 à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République démocratique du Congo), près de la rivière Ebola.
Le 21 mars 2014, le virus refait surface dans le sud de la Guinée pour ensuite s’étendre au Liberia, en Sierra Leone et au Nigeria.
Ebola se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite parmi les populations par transmission interhumaine, peu importe que l’être malade soit vivant ou mort. L’incubation de ce virus est suivie de vomissements, de diarrhées, d’éruptions cutanées, d’une insuffisance rénale et hépatique, d’hémorragies internes et externes, selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
« Le virus est très pathogène puisqu’il tue entre 70% et 90% des gens », explique Sylvain Baize, directeur du Centre National de référence des fièvres hémorragiques virales de Lyon, à l’Institut Pasteur, pour JOL Press. Mardi 12 août, l’OMS a déclaré que le virus Ebola a fait 1 145 morts en Afrique de l’Ouest, 413 au Liberia, 380 en Guinée, 348 en Sierra Leone et 4 au Nigeria.
Le sérum Zmapp a été développé dans un laboratoire privé en Californie par la société de biotechnologie Mapp Biopharmaceutical, via un programme financé par le gouvernement et l’armée américaine, en collaboration avec les autorités sanitaires canadiennes. Mardi 12 août, l’OMS a autorisé l’utilisation du traitement non homologué, des échantillions ont été envoyés au Liberia.
La théorie qui transforme les victimes d’Ebola en zombies
D’après l’agence d’information étatique Xinhua, les internautes chinois ont imaginé que les personnes contaminées par ce syndrome « se réveillent sans prévenir après plusieurs heures ou plusieurs jours, et entrent dans un état de violence extrême où elles mordent n’importe quel objet mouvant, y compris les animaux et les hommes », propos retranscrits dans le magazine américain Foreign Policy. Face à l’l’importance de cette rumeur, l’agence a dû expliquer que « ce genre de choses n’arrive que dans les films ».
De plus, un remède miracle, composé de café mélangé à des oignons crus, accompagne la rumeur sur le virus Ebola. Des huiles essentielles pourraient également soigner cette maladie. L’OMS, à cet égard, a mis en garde les internautes, à l’origine de mauvaises informations sur la manière de soigner Ebola, étant donné la gravité de cette épidémie.
Bathing with salt and warm water, drinking water with salt does NOT cure #Ebola. Facts about what helps treat Ebola http://t.co/Evrm7YlsME
— WHO (@WHO) 8 Août 2014
La théorie du complot
Dans la nuit du 16 août, un centre anti-Ebola a été attaqué, à Monrovia, au Liberia, par des hommes armés. 17 malades sur 29 ont fui et 3 autres patients ont été emmenés de force par leurs parents « vers une destination inconnue », selon Georges Williams, secrétaire général des travailleurs de la santé au Liberia, sur France24. Les infirmiers se sont également échappés.
Le risque de cette attaque est une pandémie. En effet, 17 victimes d’Ebola errent dans la nature, pouvant, à tout moment, infecter d’autres personnes. Les agresseurs représentent également un danger de contamination étant donné qu’ils sont entrés sans protection dans un centre où le virus est partout.
« Le pire est qu’ils ont pris des matelas et des draps souillés des fluides venant du corps des malades », explique Lewis Brown, ministre de l’Information, sur France info. Il poursuit que ce village de 75 000 habitants pourrait être mis en quarantaine.
Pourquoi cette attaque ?
Les criminels ont pillé cet endroit car «il n’y a pas d’Ebola», selon les témoins de l’attaque. C’est-à-dire que certains villages ont la conviction que le virus est une pure invention de l’Occident pour accabler l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, les assaillants ont attaqué ce centre pour libérer les victimes confinées « à tort ».
En Guinée, Faya Iroundouno, président de la ligue de la jeunesse de Kolo Bengou, accompagné de 8 jeunes armés, protège son village des médecins sans frontière. Le chef Iroundouno a déclaré : « Là où ces gens sont passés, les communautés ont été touchées par la maladie (…) Nous ne voulons pas de visiteurs », selon des propos rapportés par The New York Times.
Cette méfiance face à l’aide humanitaire ne fait qu’accroître l’épidémie, le fait que plusieurs villages soient interdits d’accès aux médecins permet à la maladie d’augmenter son rythme de propagation.
Richard Preston, journaliste au magazine The New Yorker, explique que les habitants de certains villages ne se rendent pas aux centres anti-Ebola, bien au contraire, ils partent consulter leur guérisseur à cause du manque de confiance qu’ils éprouvent à l’égard des Occidentaux. Ils retournent également voir leur famille au lieu de résider dans les zones faites pour les soigner. Ainsi, le virus se propage et le nombre de morts augmente.
Mohammed Cinq Keita, préfet de région de Guéckédou (Guinée), prévient la population: «Il n’y a pas de racine, pas une feuille, aucun animal qui peut vous guérir. Ne soyez pas dupes ».
D’où vient cette méfiance vis-à-vis des médecins occidentaux ?
– L’ignorance : les autorités médicales n’ont pas identifié le patient 0 qui serait à l’origine de l’épidémie. Les chauves-souris, « réservoirs pour le virus Ebola », et la faune malade pourraient être à l’origine de l’épidémie étant donné « les incursions de plus en plus profondes de l’homme dans la forêt ». Seulement, ces théories n’ont pas été vérifiées
– Les circonstances : l’aide humanitaire se trouve où le virus Ebola sévit. Un amalgame peut alors être fait par les villageois: comprendre que ce sont les Occidentaux qui injectent ce virus alors qu’ils essaient seulement de restreindre l’épidémie. Seulement, des mesures doivent être prises par les aides humanitaires pour rassurer les habitants de leur intention. Dans le cas contraire, l’épidémie ne fera que s’accroître étant donné que les médecins verront l‘accès aux villages contaminés interdits.
« Les gens ne sont plus très réceptifs à ce qu’on leur explique, d’où l’importance de travailler avec des spécialistes comme des anthropologues, qui peuvent expliquer aux autorités religieuses, traditionnelles et politiques qu’il faut faire très attention à ne pas toucher le défunt lors des funérailles. Il y a encore des réticences, ça s’est amélioré dans certains endroits et ça continue à être très difficile dans d’autres », prévient Brigitte Vasset, directrice adjointe du département médical de Médecins Sans Frontières, interviewée par JOL Press
De plus, le sérum Zmapp est apparu juste au moment où les Américains Kent Brantly et Nancy Writebol ont été contaminés, un timing qui peut interroger la population sur le bien-fondé de l’engagement humanitaire en Afrique de l’Ouest. Par la suite, des échantillons de ce traitement ont été envoyés au Liberia.
La théorie de Dieu
Mercredi 7 août, le Conseil des Eglises au Liberia a prévenu le peuple que le virus Ebola était une punition divine : « Dieu est en colère contre le Liberia à travers le virus Ebola qui est un fléau. Les Libériens doivent prier et demander le pardon de Dieu face à la corruption et les actes immoraux (comme l’homosexualité) qui continuent à pénétrer notre société. En tant que chrétiens, nous devons nous repentir et demander le pardon à Dieu », a-t-il déclaré, selon Liberian observer. Par la suite, les autorités religieuses ont demandé à la population de résider chez eux, en attendant que Dieu se « calme » …
Résider chez soi alors que l’on est victime du virus ne peut conduire qu’à une mort certaine et à la contamination de son entourage. « Les malades ne sont pas contagieux pendant la période d’incubation, ni après la guérison : il est donc très important de placer les malades en isolement dès l’apparition de la fièvre », explique Sylvain Baize.