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Ebola: «Les risques d’une épidémie en France sont extrêmement faibles»

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Le virus Ebola tue 70% des personnes qui en sont atteintes. Crédit : Shutterstock

JOL Press : Quelle est la situation actuelle ? Qu’est-ce qui est mis en place pour contenir le virus ?
 

Brigitte Vasset : Dans son dernier rapport, l’OMS expliquait qu’il y avait plus de 1 700 cas et de plus en plus de foyers. Les autorités nationales du Liberia et du Sierra Leone ont décrété l’état d’urgence. Il y a donc plusieurs villes de ces pays qui ont été mises en quarantaine, c’est-à-dire que les routes sont bloquées et les gens ne peuvent ni entrer ni sortir. Sachant tout de même que les gens ne se déplacent pas uniquement par les routes mais prennent aussi des sentiers, il faut attendre pour voir les résultats de cette politique draconienne.

JOL Press : Un des problèmes rencontrés jusqu’à présent par les équipes de Médecins était le manque de réceptivité de certaines populations sur les mesures de précaution à adopter (comme enterrer les corps le plus rapidement possible), qu’en est-il à présent ? Est-ce que tout le monde se rend compte de la gravité de la situation ?
 

Brigitte Vasset : Ils ont compris la gravité de la situation mais ils ont peur. Ce n’est pas spécifique à cet endroit, cela arrive dans pas mal de cas d’épidémie comme la grippe en Europe. Les gens ne sont plus très réceptifs à ce qu’on leur explique, d’où l’importance de travailler avec des spécialistes comme des anthropologues, qui peuvent expliquer aux autorités religieuses, traditionnelles et politiques qu’il faut faire très attention à ne pas toucher le défunt lors des funérailles. Il y a encore des réticences, ça s’est amélioré dans certains endroits et ça continue à être très difficile dans d’autres.

JOL Press : Plusieurs malades occidentaux ont été rapatriés dans leurs pays, pensez-vous qu’il y ait une chance de contamination en France ?
 

Brigitte Vasset : Tant que le malade n’a pas de fièvre, il n’est pas contagieux. Il peut déclarer la maladie entre 2 et 21 jours après avoir été infecté. Le risque n’est pas zéro mais dans les pays occidentaux, les gens ont plutôt confiance dans leur système de santé donc si quelqu’un revient d’un des pays où il y a le virus avec de la fièvre, il ira voir spontanément son médecin. Les docteurs savent à qui se référer si un patient leur semble suspect et des hôpitaux français ont été identifiés pour accueillir ce type de patient. La probabilité qu’il y ait une personne infectée n’est pas nulle, mais sauf s’il y avait une panique énorme qui se déclenchait, les chances d’une épidémie sont extrêmement faibles.

JOL Press : Dans l’hypothèse où le traitement ZMapp (utilisé sur le docteur américain et son assistante, atteints du virus et rapatriés aux Etats-Unis) est efficace, combien de temps cela prendrait-il de le produire à grande échelle et de le distribuer ?
 

Brigitte Vasset : Si ce traitement s’avère efficace, c’est très bien, mais la question est la disponibilité. Par exemple, nous voudrions vacciner contre le choléra dans certaines régions mais nous sommes bloqués parce que la production de ce vaccin est trop faible. Donc je n’ai aucune idée de la capacité de ce laboratoire américain à produire.

Aujourd’hui, il faut vraiment qu’il y ait une mobilisation plus importante des pays qui ont des compétences pour venir former du personnel dans les quatre pays concernés. 

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