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Espagne: et si la Catalogne devenait indépendante?

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Fête nationale de la Catalogne, 11 septembre 2013. (Crédit photo: Natursports / Shutterstock.com)

Annoncé en décembre dernier par le président régional de la Catalogne, Artur Mas, le référendum sur l’indépendance de la communauté autonome espagnole est toujours considéré comme illégal par le chef du gouvernement, Mariano Rajoy.

« Voulez-vous que la Catalogne soit un État ? »

Le 9 novembre prochain, les Catalans comptent malgré tout organiser le vote populaire. « Voulez-vous que la Catalogne soit un État ? » sera la première question à laquelle ils seront invités à répondre. S’ils répondent « oui », ils devront ensuite dire s’ils souhaitent que l’État soit indépendant, comme l’avait indiqué M. Mas en décembre dernier.

En septembre 2013, à l’occasion de la fête nationale catalane, plus d’1,5 million de personnes formaient une chaîne humaine de 400 kilomètres, du nord de la Catalogne à la région de Valence, en faveur de l’indépendance. Selon un sondage paru l’année dernière, ils seraient une petite majorité (52,3%) à se prononcer en faveur de l’indépendance.

L’annonce de la tenue de ce référendum a cependant entraîné la rupture du dialogue avec le gouvernement espagnol de M. Rajoy, jusqu’à la fin du mois de juillet, où le chef du gouvernement a finalement rencontré le président catalan sous la pression d’associations madrilènes et catalanes et de chefs d’entreprises.

Illégal selon Madrid

Des discussions tendues ont eu lieu entre les deux hommes, qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Le Premier ministre espagnol a réaffirmé le caractère illégal du vote. Cela n’a pas empêché, pour autant, le chef de la Généralité, l’organisation politique de la Catalogne, de poursuivre dans sa lancée.

M. Mas a ainsi rappelé que son message avait été « exactement le même qu’il y a un an ». « Nous voulons faire [le référendum] dans le cadre de la légalité et, dans la mesure du possible, en accord avec l’Etat. [Néanmoins], la conclusion de la part de l’Etat est qu’il n’y a aucune proposition de rechange, hormis le fait de dire que c’est illégal ».

Le président catalan a de son côté fait voter une loi pour rendre légale, en Catalogne, la tenue d’un tel vote consultatif sur l’indépendance.

Peser dans les négociations

« Si la Catalogne organise un référendum qui n’est juridiquement pas valable, mais qui est accepté politiquement, cela lui permettra ensuite de négocier avec le pouvoir central », explique à JOL Press Mathieu Petithomme, spécialiste des nationalismes dans l’Espagne contemporaine. « C’est une manière de peser dans des négociations politiques futures avec le gouvernement espagnol ».

Cependant, la Catalogne connaîtrait plusieurs difficultés si son indépendance était reconnue. Economiquement, l’Espagne pourrait « lancer des représailles », indique M. Petithomme, en introduisant par exemple « des taxes pour l’importation et l’exportation des produits, alors que la grande majorité du commerce de la Catalogne se fait avec le reste de l’Espagne. La situation économique de la Catalogne pourrait donc s’enrayer de manière très sévère ».

Par ailleurs, rien n’assure que la Catalogne soit acceptée comme un Etat indépendant au sein de l’Union européenne. « Les déclarations de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, et des dirigeants de l’UE sur ce sujet sont sans équivoque. […] Il faudrait que la Catalogne passe par une phase d’adhésion, qui se fait à l’unanimité des Etats membres. Et, sachant que l’Espagne boycottera cette adhésion, elle deviendrait un Etat en marge de l’Union européenne, comme ce qui s’est passé avec Chypre », rappelle le spécialiste.

Le 11 septembre prochain, jour de la fête nationale catalane, les indépendantistes appellent à un grand rassemblement pour faire entendre leur voix et faire pression sur le gouvernement espagnol.

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