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Ferguson: comment Twitter a doublé les médias traditionnels

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A Ferguson, des manifestants protestent contre les violences policières contre les noirs (Photo: Shutterstock.com)

La tension ne retombe pas à Ferguson, où un adolescent noir a été tué par un policier la semaine dernière. Dans la nuit de lundi à mardi, malgré le couvre-feu, la petite ville du Missouri (Etats-Unis) a de nouveau été le théâtre d’affrontements entre des manifestants et les forces de l’ordre.

La mort de Michael Brown, 18 ans, aurait pu rester une affaire locale. Mais des centaines de photos et de vidéos postées sur Twitter ont contribué à transformer ce fait divers en fait de société et à lui donner une résonance nationale. «Ferguson est devenu #Ferguson», résume David Carr du New York TimesRéalisée par le réseau social, une carte interactive montre la vitesse à laquelle le hashtag (mot-clé) s’est diffusé à travers le monde.

Discrimination raciale

«Les événements de Ferguson sont le symptôme d’une fracture raciale – d’une ségrégation – qui existe toujours aux Etats-Unis», explique à JOL Press Frédéric Robert, professeur de civilisation américaine. «Cinquante ans après, le rêve de Martin Luther King semble virer au cauchemar.»

Sous le hastag #IfTheyGunnedMeDown («s’ils m’abattaient»), des Afro-Américains ont par exemple pointé du doigt le choix d’une photo de Michael Brown diffusée dans les médias : on le voit le regard dur et faisant un geste de la main pouvant s’apparenter à un signe de gang. 

Un portrait qui, selon ses proches, ne correspond pas à ce garçon sans histoire qui s’apprêtait à entrer à l’université. Pour dénoncer ce parti pris, des internautes ont publié deux photos d’eux : l’une sérieuse, l’autre en «bad boy». Etudiant studieux VS fêtard, soldat VS look de «voyou» etc.

Citoyens-journalistes

Sur Twitter, de nombreux citoyens-journalistes ont également contribué à donner une ampleur nationale à l’affaire. La fiabilité de certains messages est contestable, mais des apprentis reporters ont permis de relater les événements sur place, alors que des journalistes ont été arrêtés et touchés par des tirs de grenades lacrymogènes – beaucoup de twittos ont notamment souligné la disproportion des moyens policiers mis en place.

Parmi eux, Antonio French, un Afro-Américain dénonçant la brutalité des forces de l’ordre face aux protestataires. Conseiller municipal de Saint-Louis, la grande ville voisine de Ferguson, il est devenu l’une des figures de la mobilisation contre l’agressivité de la police vis-à-vis de la population noire de Ferguson, surtout après avoir passé une nuit au poste.

Le co-fondateur de Twitter, Jack Dorsey, natif de Saint-Louis, se trouvait ce week-end à Ferguson d’où il a posté des messages et des vidéos des manifestations. Il a notamment utilisé le hashtag #HandsUpDontShoot («Mains en l’air, ne tirez pas»), en référence aux circonstances controversées de la mort de Michael Brown. Contrairement à la version officielle de la police, des témoins ont assuré que le jeune homme avait les mains en l’air quand le policier lui a tiré dessus.

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