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Ferguson: dans la lignée des grandes émeutes raciales américaines?

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(Flickr: Jeff Head)

12-17 Juillet 1967: Newark, New-Jersey

La fin des années 60 marque une recruedescence des affrontements Black/White aux Etats-Unis. D’abord à Los Angeles, en 1965, où un contrôle de police dégénère, entraînant une émeute qui fit 34 morts, des milliers d’arrestations, et des millions de dollars de dégâts. Deux ans plus tard, l’atmosphère est toujours aussi électrique, et à Newark, l’altercation entre un chauffeur de taxi noir et de deux policiers blancs met le feu aux poudres dans un quartier à problèmes. Les violences font 26 morts et 1500 blessés. Deux étés meurtriers, qui témoignent du fossé toujours profond entre les deux communautés.

23-28 juillet 1967: Detroit, Michigan

Sans doute l’une des émeutes les plus impressionnantes de l’histoire des Etats-Unis. A l’origine des violences, une intervention policière impromptue et brutale dans la 12e rue de la Motor City, occupée majoritairement par la communauté noire. Escalade de terreur, 43 morts, 2000 blessés… Le gouvernement fit appel à l’Armée et à la Garde Nationale pour maîtriser cette insurrection. Cependant, alors que le calme revenait progressivement dans les rues de Détroit, la colère se répand partout aux Etats-Unis, notamment dans l’Illinois et en Caroline du Nord, et fait 83 victimes dans plus de 128 villes. L’année suivante, le docteur Martin Luther King sera assassiné à Memphis, ravivant la flamme de la protestation.

17-20 mai 1980: Miami, Floride

L’heure est à l’apaisement dans les années 70. Pendant que l’on reconnaît les droits des afro-américains à travers le pays, c’est un organe du pouvoir, à savoir la justice, qui va réveiller la haine stigmatisée Black/White. Fin 1979, un jeune noir est battu à mort par quatre policiers à Tampa en Floride. Un an plus tard, la justice américaine rendit son verdict: les quatre officiers sont acquittés. Cette décision est un véritable camouflet pour la communauté floridienne, et le quartier de Liberty City, à Miami, décide de se faire justice lui-même. Bilan: 18 morts, 400 blessés, et une montée des tensions dont les autorités américaines se seraient bien passées.

30 avril-1er mai 1992: Los Angeles, Californie

Une autre histoire de quatre contre un. Un autre excès de vitesse qui tourne à la violence gratuite. Le passage à tabac de Rodney King par quatre officiers blancs rappelle étrangement l’émeute de Liberty City. Les banlieues de LA, réputées pour leur insécurité, explosent et la Cité des Anges ressort affaiblie par les conflits. Comme en 1967, le scandale touche le reste des Etats-Unis (San Francisco, Las Vegas, New-York, Atlanta). On déplore 59 morts et 2328 blessés. Cet événement marquera l’apparition du « copwatch » qui consiste à mieux encadrer et surveiller les représentants des forces de l’ordre.

 

25 ans s’étaient écoulés entre l’émeute de Newark et celle de Los Angeles. Pourtant, force est de constater que les circonstances de leur déclenchement sont étroitement similaires. S’il est impossible de désigner un coupable distinct de ces violences, dans tous les cas de figure, et ce même à Ferguson, il semble que l’insigne est synonyme d’omnipotence aux Etats-Unis. Et quand omnipotence rime avec ségrégation…

 

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