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Filière numérique: tous les espoirs sont permis

Entre 2012 et 2013, le secteur du numérique avait enregistré un faible repli de son activité (- 0,2 %). Il devrait en être autrement en 2014, l’association Syntec Numérique estimant que la croissance du secteur serait de 1,1 %. La reprise devrait être facilitée par un paysage de solutions de financement plus dégagé et sera encore renforcée en 2016 avec l’ouverture d’un incubateur géant à Paris capable d’accueillir 1000 start-ups. 

« L’industrie du numérique reste un des piliers et atouts de la France. C’est une carte essentielle pour repartir de l’avant après cette crise qui s’estompe », a résumé Guy Mamou-Mani, président du Syntec Numérique. D’où l’importance de mobiliser les fonds propices à son développement. Bonne nouvelle, les entreprises de la filière numérique séduisent plus facilement les investisseurs. Elles concentraient 50 % des sommes injectées dans les start-ups françaises au 2e trimestre 2013, selon les conclusions du cabinet Ernest & Young dans son premier baromètre du capital-risque. Mais quand ce sont les financements dans leur ensemble qui viennent à manquer, même les plus grands séducteurs peinent à convaincre les investisseurs. 

« Le financement des start-ups, motif d’inquiétude en France », titrait Les Échos en janvier 2013. Le média observait que la levée de fonds devenait de plus en plus difficile pour les start-ups françaises, les montants investis ayant chuté d’environ 15 % de 2011 à 2013. Parallèlement, les prêts bancaires continuaient de se tarir. Les banques sont devenues en effet bien plus frileuses depuis la mise en vigueur des règles prudentielles de Bâle les contraignant à conserver un niveau de fonds propres égal à 8 % des actifs engagés. Les entrepreneurs devaient présenter de nombreuses garanties avant de pouvoir espérer débloquer un crédit. 

Des banques un peu moins frileuses à l’avenir ?

La situation en 2014 semble s’être améliorée. Non pas que les banques se soient soudainement montrées beaucoup plus généreuses, mais elles pourraient bien l’être à l’avenir. Elles prétendent en effet voir repartir à la hausse le nombre de demandes de crédits solvables en juin et en juillet 2014. Une situation inédite depuis mi-2011. C’est en tous cas ce que révèle une étude mensuelle menée par la Banque de France. Si c’est bel et bien le cas, les banques qui justifient pour le moment leur frilosité en invoquant le déficit de beaux projets à financer n’auront plus d’excuses et il deviendra plus facile d’accéder au crédit. 

La solution alternative du Crowdfunding, mise en avant par le Gouvernement, n’a pas supplanté la voie bancaire. Mais cette source de financement n’est pas à négliger, car elle peut consolider l’argumentaire des entreprises et interpeller les banques. « Le crowdfunding nécessite une communauté de gens intéressés par le projet. Un projet de Scop mal ficelé ne marchera pas. Par contre, si la levée de fonds fonctionne bien, ce qui est le cas pour les salariés de Nice-Matin, cela peut faciliter les prêts nécessaires des banques. Cela veut dire que le projet est pertinent, qu’un certain nombre de personnes sont prêtes à mettre la main à la poche et qu’il y a donc une clientèle potentielle. Et ça, les investisseurs potentiels n’y sont pas indifférents », analyse le directeur général adjoint d’Ulule, site de financement participatif créé en 2010. 

EnterNext : la solution boursière imaginé par Dominique Cerutti

En outre, confrontés à des banques réfractaires, un certain nombre d’entrepreneurs se seraient tournés vers les marchés boursiers. La création d’EnterNext, filiale d’Euronext dédiée aux PME à l’initiative de Dominique Cerutti, a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives de financement aux entrepreneurs qui se trouvaient alors face à une impasse. L’Observatoire du financement des entreprises par le marché a noté une augmentation de 50 % des levées de capitaux des PME-ETI en 2013. Et le phénomène s’amplifie en 2014. 24 PME-ETI ont sauté le pas de l’introduction en bourse au premier semestre 2014 alors qu’elles étaient 10 en 2013. 

Une évolution qui ne manquera pas de stimuler les start-ups et particulièrement dans le secteur du numérique, par ailleurs encouragées à se développer par d’autres voies, dont la création de la Halle de Freyssinet, futur « poumon du Paris Numérique ». Xavier Niel et l’architecte Jean-Michel Wilmotte souhaitent en faire incubateur géant capable d’accueillir 1000 start-ups. Il sera opérationnel à partir de 2016. Il s’agit de rénover 30.000 m2 inutilisés par la SNCF depuis 2006 pour en faire des espaces dédiés au monde du numérique. 

L’ouverture de cet incubateur aura un effet vertueux sur les financements en ne manquant pas d’influer sur l’état d’esprit des investisseurs. Les PME bénéficieront de la puissance du réseau de l’incubateur et il sera plus facile pour elles de se faire connaître. Il y a également fort à parier que l’existence d’une telle structure, pourvue de nombreux outils propices à la réussite d’un projet, rassure les acteurs du capital-risque.

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