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Henri Proglio, une année de transitions

L’année 2014 est une année charnière pour Henri Proglio. Patron d’EDF depuis 2009, son mandat prend fin en novembre prochain. C’est porté par un bon bilan qu’il vient d’annoncer sa volonté de signer pour cinq années supplémentaires à la tête du géant de l’électricité français. Une candidature à sa propre succession qui se fera sur fond de transition énergétique. La loi est en effet partie pour être votée avant la fin de l’année et le rôle d’EDF dans la définition du nouveau modèle énergétique français est de plus en plus remarqué.

Henri Proglio confirme les objectifs d’EDF

Jeudi dernier avait lieu la présentation des résultats du premier semestre d’EDF et les chiffres annoncés par Henri Proglio étaient plutôt positifs. Sur les six premiers mois de l’année, l’électricien a réalisé une augmentation de son résultat net de l’ordre de 8, 7 % pour atteindre les 3, 1 milliards d’euros. EDF confirme ses objectifs à court et moyen termes et cela tout en réalisant 1, 3 milliards d’euros d’économies en 2013 et une baisse de 1, 8 % des dépenses au premier semestre 2014. « Ces comptes sont le résultat de notre ténacité et de cinq ans d’efforts et de rigueur », a déclaré le dirigeant d’EDF lors de cette présentation. Un mandat sujet aux bons points depuis le début et qui encourage l’ancien président de Veolia Environnement à poursuivre dans cette direction.

« J’aime mon travail, ma mission me passionne, j’ai envie de la poursuivre », c’est ainsi qu’Henri Proglio a confirmé sa volonté de briguer un nouveau mandat à la tête du premier producteur mondial d’électricité. Fort d’un bilan économique favorable, l’homme se bat également sur le plan social. EDF fait aujourd’hui parmi des entreprises qui recrutent le plus, notamment grâce à la filière nucléaire. En 2013, pas moins de 6 000 CDI ont été signés et l’entreprise s’inscrit notamment dans une profonde politique d’embauches favorisant l’apprentissage. Une branche nucléaire qui emploie mais qui inquiète aussi les écologistes lorsqu’arrive sur la table le sujet « transition énergétique ».

Un projet de loi sur la transition énergétique « équilibré », selon Henri Proglio

Le projet de loi sur la transition énergétique, qui vient d’être adopté en conseil des ministres, a longtemps questionné la place d’EDF dans le développement du nouveau modèle énergétique français. Avec un objectif de réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique de 75 à 50 % d’ici 2025, le PDG d’EDF a tout de même reconnu « un projet de loi sur la transition équilibré, qui n’oppose pas les énergies, mais souligne leur complémentarité ». Henri Proglio a assuré que le nucléaire y « conservera une place de choix ».

L’entreprise qui exploite les 58 réacteurs atomiques du territoire français est donc amenée à jouer un rôle de premier plan dans cette transition énergétique. Rôle confirmé par les propos de Ségolène Royal : « Nous ne sortirons pas du nucléaire, ce n’est pas le choix qui est fait. C’est grâce à l’énergie nucléaire aujourd’hui, à la sécurité qu’elle apporte, que nous pouvons accélérer et faire sereinement la transition énergétique ». Une déclaration de la ministre qui n’a pas vraiment convaincu l’ensemble des militants écologistes, certains prônant une sortie totale du nucléaire dans notre mix énergétique et voyant là un recul du gouvernement face à ses objectifs initiaux.

Compteurs intelligents

La place d’EDF dans la transition énergétique ne se résume pas qu’au débat suscité par le nucléaire mais se matérialise par de multiples actions, à commencer par l’installation des compteurs intelligents Linky. Distribués par ERDF, filiale d’EDF, ces boitiers vont nous permettre de suivre en temps réel notre consommation d’électricité et de mieux la contrôler afin de réduire notre facture. 35 millions de compteurs Linky doivent être installés dans les foyers français d’ici 2020. EDF appuie également sa présence dans la rénovation thermique des bâtiments, levier par lequel le gouvernement compte accélérer la transition énergétique.

Le groupe vient en effet d’investir aux côtés de l’État dans l’INEF4, l’Institut pour la Transition Énergétique qui vise à rassembler des experts afin de créer de nouvelles technologies destinées à l’éco-construction. Pour les bâtiments, EDF renchérit en créant l’horloge énergétique qui permet d’afficher en temps réel les consommations d’un bâtiment et communiquer de manière efficace sur les économies d’énergie et les émissions de CO2 réalisées.

Le transport n’est pas en reste et EDF a bien compris l’importance de participer au développement de la mobilité durable. C’est ainsi que la société a noué un partenariat avec la ville de Paris pour travailler sur la mise en place de bus écologiques et électriques. Une flotte de véhicules propres devrait voir le jour d’ici 2025 dans la capitale. Cette initiative fait écho avec les « Conférences Villes durables » qu’organise EDF depuis trois ans et qui réunissent des experts en urbanisme et architecture dans le but de travailler sur des « projets urbains de valorisation de l’espace dans une perspective de développement durable ».

Le gouvernement peut donc compter sur le soutien d’EDF dans son projet de loi sur la transition énergétique. Un soutien porté par une entreprise aux résultats solides, comme en attestent les chiffres du premier semestre. «Cette bonne performance est la preuve de notre capacité à répondre à deux impératifs indissociables: satisfaire les intérêts de nos actionnaires, et accomplir avec détermination notre mission de service public», commente Henri Proglio. Deux lignes de conduite qui pousseront peut-être l’État, actionnaire principal d’EDF, à lui confier les rênes du groupe pour un nouveau quinquennat.

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