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«La fille des camps»: la place de la femme dans la société palestinienne

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Nadia, journaliste de vingt-quatre ans, part s’installer dans les Territoires palestiniens où elle retrouve Amjad, jeune réfugié dont elle est tombée amoureuse lors d’un précédent voyage.

Le couple est fusionnel et le mariage s’impose. Très vite, la jeune femme va découvrir la réalité de la vie quotidienne : les camps de Naplouse, l’occupation israélienne, l’entraide entre réfugiés… et le poids de la tradition. Pour Nadia, le contraste est rude. Mais sous le voile de l’épouse obéissante, la jeune Occidentale résiste, couvre le conflit israélo-palestinien et multiplie entretiens et reportages afin d’échapper à l’emprise de son mari. Entre Ramallah et les camps de réfugiés, en plein cœur des bombardements et incursions de l’armée israélienne, la jeune femme se cherche. Elle, que tout le monde surnomme « la fille des camps », doit se plier aux exigences de la société : elle est l’une des leurs. Jusqu’au jour où tout va trop loin : Amjad la frappe, violemment. Admise de toute urgence dans un hôpital israélien, Nadia n’a d’autre choix que de subir une opération du crâne. Pour la jeune femme, c’est la première étape d’une spirale infernale dont elle ne sortira pas indemne. Rien ne sera jamais plus comme avant…

Le témoignage unique d’une jeune femme en quête d’identité, prise dans les paradoxes de la société palestinienne, entre résistance et survie, tradition et modernité, crime d’honneur et violence extrême, résignation et espoir.

Extrait de La Fille des camps, de Nadia Sweeny (Éditions Michalon, 2014)

Mardi 8 mai 2007 : le vrai du faux

Quelque chose a changé. Je me suis résignée. Je n’étais pas comme ça avant. J’apprends vite. Pour tenter d’effacer ce mal-être, je me remets au travail. L’opportunité de pouvoir être publiée dans un quotidien national arabe me permet d’étendre le regard ailleurs que sur mes problèmes de couple et d’identité.

Et en ce moment en Palestine, la situation est tendue. Aujourd’hui, les yeux sont rivés sur le conflit entre le Hamas et le Fatah. Depuis l’élection législative remportée haut la main par le Hamas en 2006 et la nomination du leader islamiste Ismaël Haniyeh au poste de Premier ministre, les affrontements avec les factions Fatah du président Mahmoud Abbas sont devenus réguliers. L’aide internationale est toujours coupée. Malgré la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et de nombreuses tentatives de conciliations menées par différents pays arabes, notamment à La Mecque, des altercations violentes ont lieu un peu partout. Des morts sont à déplorer.

Entre deux feux, les Palestiniens craignent une division totale.

La sécurité palestinienne au coeur des tensions

par Nadia Sweeny, correspondante à Ramallah

Les nombreuses tensions qui subsistent entre Mahmoud Abbas et le gouvernement palestinien Hamas ont été l’objet de deux rencontres dans la bande de Gaza. Des efforts mis à mal par un manque total de contrôle de part et d’autre.

Les tensions au sein du gouvernement d’union nationale se sont révélées par la démission du ministre de l’Intérieur indépendant, Hani Al Qawasmeh. Des éléments émanant du Fatah semblent ne pas se conformer aux intentions du ministre, le poussant à prendre cette décision radicale. Face au développement d’une criminalité intense dans les Territoires palestiniens, un plan spécial de sécurité devait être mis en place. Il prévoyait de réunir au sein d’une seule et unique force de sécurité des éléments pro-Fatah ainsi que certains du groupe exécutif du Hamas. Or, tous deux tiennent à leur indépendance […].

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Ils veulent s’unir sans renoncer à leur indépendance. Ils veulent s’unir pour annihiler l’autre, prendre le contrôle. C’est voué à l’échec. L’actualité est un miroir. Les atermoiements politiques reflètent parfois ce qui se trame dans un couple. Mais nous sommes trop aveugles pour nous en rendre compte. Les heures passées devant l’ordinateur aiguisent d’ailleurs la curiosité de mon… mari.

– Tu écris sur quoi ?

– Sur les oppositions entre le Hamas et le Fatah. Tout le monde ne parle que de ça, ça commence à devenir vraiment inquiétant.

– Je peux t’aider si tu veux. Je connais du monde.

– Tu veux m’aider ?

– Oui, je peux, tiens, si ça t’intéresse, mon oncle Fayçal est haut placé dans la sécurité préventive. Je suis sûr que ça serait intéressant pour ton journal.

– Pourquoi pas…

Il dégaine son téléphone. Pourquoi s’implique-t-il soudainement dans mon travail ? Cherche-t-il la paix… ou le contrôle ? Est-ce un piège ? Je me pose systématiquement des questions maintenant. Je suis obligée de tout remettre en cause. Tout le temps. C’est fatigant.

– Bon, je viens de l’avoir au téléphone, il est chez lui en ce moment. On peut aller à Jénine quand on veut.

– Qu’est-ce qu’on attend ?

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Nadia Sweeny journaliste free-lance, est l’auteure de l’ouvrage « La Fille des camps » (Editions Michalon). Elle vit aujourd’hui à Paris.

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