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«La Fille des camps»: la réalité du quotidien en Territoires palestiniens

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Vue des camps de Naplouse en Territoires Palestiniens – Photo DR Shutterstock

Nadia, journaliste de vingt-quatre ans, part s’installer dans les Territoires palestiniens où elle retrouve Amjad, jeune réfugié dont elle est tombée amoureuse lors d’un précédent voyage.

Le couple est fusionnel et le mariage s’impose. Très vite, la jeune femme va découvrir la réalité de la vie quotidienne : les camps de Naplouse, l’occupation israélienne, l’entraide entre réfugiés… et le poids de la tradition. Pour Nadia, le contraste est rude. Mais sous le voile de l’épouse obéissante, la jeune Occidentale résiste, couvre le conflit israélo-palestinien et multiplie entretiens et reportages afin d’échapper à l’emprise de son mari. Entre Ramallah et les camps de réfugiés, en plein cœur des bombardements et incursions de l’armée israélienne, la jeune femme se cherche. Elle, que tout le monde surnomme « la fille des camps », doit se plier aux exigences de la société : elle est l’une des leurs. Jusqu’au jour où tout va trop loin : Amjad la frappe, violemment. Admise de toute urgence dans un hôpital israélien, Nadia n’a d’autre choix que de subir une opération du crâne. Pour la jeune femme, c’est la première étape d’une spirale infernale dont elle ne sortira pas indemne. Rien ne sera jamais plus comme avant…

Le témoignage unique d’une jeune femme en quête d’identité, prise dans les paradoxes de la société palestinienne, entre résistance et survie, tradition et modernité, crime d’honneur et violence extrême, résignation et espoir.

Extrait de La Fille des camps, de Nadia Sweeny (Éditions Michalon, 2014)

Chapitre 8

Ça y est, le monde ne décroche pas ses yeux du Proche-Orient depuis la prise du pouvoir du Hamas à Gaza. La hiérarchisation de l’information est cruelle. Côté palestinien, il faut un minimum de plusieurs dizaines de morts pour que les caméras occidentales s’y intéressent. Côté israélien, des roquettes sur leurs territoires ou une intervention armée musclée chez les voisins suffisent à les faire réagir.

Je pose un regard acéré sur la situation politique interne palestinienne. Les lois sont compliquées, les décisions difficiles à prendre. Rien ne semble aller dans le sens d’un apaisement. Une frange des politiques s’élève pour dénoncer l’illégalité du gouvernement palestinien d’urgence mis en place par le président.

Les voix viennent principalement du parlement, le Palestinian Legislativ Council (PLC).

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Le gouvernement palestinien d’urgence dans l’illégalité

Par Nadia Sweeny, correspondante à Ramallah

Depuis la prise de force du Hamas à Gaza, la Palestine s’avère entièrement bloquée entre ses deux gouvernements, un parlement en panne et des initiatives présidentielles impossibles à mettre en place dans l’état actuel des choses.

Mahmoud Abbas a récemment annoncé sa volonté d’organiser des élections présidentielles et législatives prématurées. En 2006, la moitié des parlementaires étaient désignés à la proportionnelle et l’autre moitié à la majorité dans les 16 districts palestiniens. Or, le Hamas a largement gagné les élections grâce au vote par district. Le président a donc décidé de changer ce système. « J’emploierai l’article 43 de la Constitution qui me donne le pouvoir de faire des modifications et ainsi changer la loi électorale en liste nationale simple au lieu d’avoir deux listes, l’une nationale et l’autre par collège électoral. » a-t-il déclaré.

« Si on s’accorde strictement au texte, explique Bassem Barhoum, porte-parole du Conseil législatif palestinien, même le gouvernement palestinien est aujourd’hui dans l’illégalité la plus complète. » […].

Je reste plusieurs heures dans le bureau de M. Barhoum, attentive à son discours, proche de ce que j’ai pu constater sur le terrain.

– Vous savez, cette constitution, nous l’avons signée parce que nous n’avons pas eu le choix. Yasser Arafat était piégé dans la Moqataa sous les canons des tanks israéliens et ce sont les Américains qui l’ont forcé à signer une constitution, en échange du retrait de l’armée.

– Mais quel en était le but ?

– Réduire le pouvoir du président. Cette constitution a créé le poste de Premier ministre et a renforcé le rôle du parlement. En échange de quoi, les Israéliens promettaient, comme d’habitude, de créer un État palestinien et de décoloniser.

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Nadia Sweeny journaliste free-lance, est l’auteure de l’ouvrage « La Fille des camps » (Editions Michalon). Elle vit aujourd’hui à Paris.

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