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L’Australie vend ses réfugiés au Cambodge

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Un accord idéal?

Bloqués depuis plusieurs mois sur le territoire australien puis sur l’île de la République de Nauru, des centaines de réfugiés vont vraisemblablement devoir modifier leur destination. A la faveur d’un arrangement financier avec l’ancienne colonie britannique, le Cambodge semble enclin à les accueillir à bras ouverts. Une générosité renforcée par la rétribution financière promis par l’Australie, à la hauteur de 40 millions de dollars.

Si rien n’est encore fait, les représentants politiques des deux nations se félicitent publiquement du bon déroulement des négotiations. Selon Ouch Borith, sécrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères, le Cambodge est déjà en train de finaliser sa contre-proposition. L’enthousiasme en marge de cet accord, facilité par la bonne entente Australie-Cambodge, pourrait cependant vite retomber.

En effet, la bonne foi du gouvernement cambodgien paraît exagérée compte tenu de la situation du pays. De nombreuses questions se sont immédiatement soulevées: comment le Cambodge va-t-il accueillir 1000 réfugiés, sachant qu’il n’en gère qu’une soixantaine à l’heure actuelle? Avec un revenu par habitant qui équivaut à celui des nations sub-sahariennes, le gouvernement peut-il se permettre de recevoir 1000 nouvelles bouches à nourrir? Et surtout, qu’adviendra-t-il des millions de dollars envoyés par l’Australie?

Un camouflet pour les Droits de l’Homme

Les premiers levers de boucliers sont venus de l’oppostion cambodgienne et de son leader, Sam Rainsy. Selon lui, le peuple de son pays ne bénificiera pas des fonds australiens, qui « tomberont dans les poches des leaders corrompus ». Avant d’ajouter: « C’est honteux. Une nation aussi riche, puissante et respectée que l’Australie doit faire face à ses responsabilités et gérer ce problème humanitaire; elle ne doit pas l’exporter! »

Lorsque le ministre australien de l’Immigration Scott Morrison assure que les aménagements prévus pour les réfugiés avancent correctement, Rainsy s’insurge: « Le Cambodge n’est pas préparé, ni équipé pour recevoir des réfugiés, ou n’importe quel individu dans le besoin ». Des propos sévères, mais qui semblent justifier par l’extrême pauvreté du pays, frappé par la guerre civile et dans l’incapacité de subvenir aux besoins de sa propre population.

Cet accord est également la source d’un irrespect des Droits de l’Homme d’un côté comme de l’autre. Le représentant de l’ONU des droits des réfugiés a d’ores et déjà condamné l’initiative australienne, considérant que son gouvernement cherche à tirer profit d’un Etat vulnérable. Le gouvernement australien, en deux ans, a doublé le budget d’aide régionale accordé au Cambodge (de 309 à 686 millions de dollars). Une somme non négligeable qui leur permettrait d’exercer une pression plus puissante sur les décisions de l’ami cambodgien.

Au milieu de ces tractations, quid des 1000 réfugiés? Si l’on s’appuie sur les doutes féroces de l’opposition cambodgienne, et les conditions de vie de la population, leur avenir risque de s’écrire en pointillé, eux qui espéraient il y a quelques mois encore démarrer une nouvelle vie en Australie. Désormais, ils font figure de monnaie d’échange ; échange dont ils seront forcément les grands perdants.

LE DOCUMENTAIRE TRUTHLOADER SUR L’AUSTRALIE ET L’IMMIGRATION

 

 

 

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