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L’implantation française d’Amazon, bonne ou mauvaise nouvelle?

Alors que la confiance des Français est au plus bas, que le pays traverse une crise économique de premier ordre, l’implantation française d’Amazon et les emplois qu’elle pourrait créer devraient porter à l’optimisme. Oui, mais c’est sans compter sur les sombres pratiques de la firme, qui vont complètement à l’encontre des codes du travail dans notre pays.

Une exploitation des ouvriers

Amazon est un des plus grands groupes mondiaux de vente en ligne, spécialisé notamment dans la vente de livres. Pour pouvoir livrer les livres dans des temps record, le groupe a besoin d’entrepôts et de main d’œuvre afin de monter les colis. C’est dans cette perspective qu’Amazon s’est implanté en France et notamment à Chalon-sur-Saône. Le groupe y a ouvert une plateforme débouchant sur la création de 500 emplois directs, une nouvelle dont s’est immédiatement réjoui Arnaud Montebourg, sans se douter des méthodes de travail employées par l’entreprise américaine.

En 2012, un habitant de Chalon-sur-Saône racontait déjà qu’ « ici, quand vous dites à quelqu’un que vous travaillez à Amazon, il vous dit automatiquement : « Oh mon pauvre ! Ça va toi, tu tiens le coup ? » L’image est complètement pourrie. Ils sont obligés d’aller recruter à 60 ou 80 km. Beaucoup de monde à Chalon a postulé la première année. Sur les anciens qui sont là depuis un an et demi, une bonne moitié est partie ». Ambiance.

Pourquoi une telle réputation ? Il semblerait que les conditions de travail –identiques sur toutes les plateformes Amazon- soient tout bonnement insupportables pour les employés. Interdiction de parler et de discuter, surveillance permanente, logique de compétition entre les employés, tout est interdit, et ce, dans une logique de productivité maximum. Un mépris affiché du Code du travail français, qui nous amènerait à penser que là où Amazon s’installe, Amazon fait la loi.

Des pratiques de concurrence déloyales

Non seulement l’implantation française d’Amazon n’est pas souhaitable du point de vue des employés, mais elle ne l’est pas non plus du point de vue des principes. À cause des pratiques ouvertement déloyales employées par Amazon, le secteur du livre a du déclaré une véritable guerre à Amazon. Le 10 août, 900 écrivains américains ont déjà poussé un cri de colère dans les colonnes du New York Times, dénonçant les pratiques de la firme.

Cette opposition trouve également un écho en France. En effet, l’entreprise française Hachette refuse de casser le prix des livres numériques sur le marché américain. Cela suffit à Amazon pour pratiquer des mesures de rétorsion à son encontre. Pour Hachette, les délais de livraison sont désormais allongés, les précommandes impossibles et aucune réduction n’est pratiquée sur les livres ! Des pratiques en pure contradiction avec les lois de la concurrence.

C’est donc pour dénoncer ces pratiques qu’Aurélie Filippetti a élevé la voix. « Cet épisode est une nouvelle révélation des pratiques inqualifiables et anticoncurrentielles d’Amazon. C’est un abus de position dominante et une atteinte inacceptable contre l’accès aux livres. Amazon porte atteinte à la diversité littéraire et éditoriale », a-t-elle déclaré. Une mise au point nécessaire face à ces pratiques déloyales.

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