• À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
La Revue Internationale
  • UNION EUROPÉENNE
  • RUSSIE
  • AMÉRIQUES
  • ASIE
  • AFRIQUE
  • MOYEN-ORIENT
  • LE MONDE DE DEMAIN
Actualités

«L’Occident sait peu de choses du quotidien des Palestiniens»

05.08.2014 par La Rédaction

Entretien avec Nadia Sweeny, journaliste free-lance, auteure de l’ouvrage « La Fille des camps ».

Mars 2007. Nadia Sweeny, journaliste free-lance de 24 ans part s’installer en Territoires palestiniens pour rejoindre Amjad, jeune réfugié qu’elle a rencontré lors d’un précédent voyage. Fille d’une mère française juive et d’un père musulman, la jeune femme doit se plier aux normes sociales et faire face aux paradoxes de la société palestinienne. Sur place, celle qu’on rebaptise « la fille des camps » découvre la réalité du quotidien des Palestiniens: les camps de Naplouse, l’ « occupation militaire constante », et « l’oppression »: un témoignage poignant, au coeur d’une société méconnue.

[image:1,f]

JOL Press : Née d’une mère française juive et d’un père berbère et musulman, vous avez reçu une éducation occidentale. Comment s’est passé votre intégration dans la société palestinienne ?
 

Nadia Sweeny : Au début, j’ai réussi à m’intégrer grâce à mon faciès: dans la rue quand je me baladais, on ne m’étiquetait pas comme une étrangère, cela facilitait donc le lien avec les autres. Mon père est parti lorsque j’étais toute petite, je me suis convertie à l’Islam à l’adolescence. J’avais besoin de m’intégrer dans une société arabe. Le lien avec la religion m’a permis de comprendre une partie de la vie quotidienne des Palestiniens musulmans et de leurs croyances.

JOL Press : Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées à votre arrivée ?
 

Nadia Sweeny :  J’ai accepté beaucoup de choses qui m’ont fait souffrir. Etre une femme dans le monde arabe n’est pas évident : il y a des préceptes traditionnels difficiles à accepter, surtout pour une femme française, qui est née et qui a grandi en France. Au fur et à mesure, on se rend compte de l’enfermement intellectuel et traditionnel dans lequel on vit, et c’est dur à vivre au quotidien.   

Une société palestinienne pleine de paradoxes
 

JOL Press: Quelle est la place de la femme dans la société palestinienne ?
 

Nadia Sweeny : La place de la femme est très paradoxale dans la société palestinienne. Les femmes ont un vrai rôle : elles travaillent, elles sont très éduquées, beaucoup plus que ce que j’ai pu constater dans d’autres pays du Maghreb. Elles ont une vraie place dans la société. Il y a par exemple des femmes parlementaires du Hamas. Mais parallèlement, dans leur vie personnelle et privée, il s’agit d’un modèle très patriarcal. La place de l’homme est prépondérante par rapport à celle de la femme. Je me souviens d’une femme –  un modèle pour moi – qui était sur tous les fronts. Cette mère de cinq enfants, très politisée et engagée, continuait à travailler dans une ONG internationale, et arrivait à tenir sa maison. Mais dans la vie privée, elle me disait que le mari passait avant tout.  

JOL Press : Vous avez couvert le conflit israélo-palestinien: plusieurs extraits de vos reportages figurent d’ailleurs dans votre livre. En tant que journaliste, que pensez-vous du traitement médiatique du conflit dans les pays occidentaux ?
 

Nadia Sweeny : En Occident, nous savons peu de choses de la vie quotidienne des Palestiniens. Pourtant, c’est justement lorsque les gens sont oppressés au quotidien, qu’ils se radicalisent, que la violence devient omniprésente. A mon retour en France, en 2008, j’ai observé la manière dont on traitait ce conflit dans les médias: des flashs uniquement lorsque les évènements s’intensifient, alors que quotidiennement, c’est l’enfer à vivre…

Il y a des morts toutes les semaines, comme le montre les statistiques des ONG israéliennes et palestiniennes sur le nombre de victimes palestiniennes sous occupation. Ces populations vivent sous occupation militaire constante, pourtant peu de médias abordent ce sujet en Occident. Etre à la merci d’une armée, subir l’oppression, l’humiliation constante, devoir justifier son existence en permanence, subir les checkpoints, devoir dire qui l’on est, où l’on va, alors que l’on passe d’une ville palestinienne à une autre ville palestinienne: voici le quotidien des populations palestiniennes.

Le rôle des réseaux sociaux dans le conflit
 

JOL Press : Depuis le début du conflit israélo-palestinien, de nombreuses campagnes pour la paix circulent sur les réseaux sociaux. Vous avez participé à la campagne « Jews and Arabs refuse to be ennemies » sur Twitter alors que l’opération Bordure protectrice se poursuit. Les réseaux sociaux peuvent-ils, selon vous, créer une connexion entre Palestiniens et Israéliens ?
 

Nadia Sweeny : Comme nous avons pu le voir lors des révolutions du Printemps arabe, les réseaux sociaux peuvent permettre de faire circuler des informations, des messages positifs et de rapprocher des gens. Mais il y a aussi le revers de la médaille… Cacher derrière son ordinateur, on peut dire et faire ce que l’on veut.

Aujourd’hui, il y a des générations de jeunes palestiniens qui n’ont jamais vu un israélien en dehors du soldat ou du colon, dont la présence est vécue comme une agression quotidienne. De la même manière, de l’autre côté du mur, la grande majorité des Israéliens ne se rendent pas compte de la vie quotidienne des Palestiniens, et de leur pluralité. Il faut favoriser les échanges entre les sociétés civiles respectives pour lutter contre le développement d’images fantasmagoriques sur l’autre, de l’autre côté du mur.

Le rôle premier des réseaux sociaux doit donc être d’instaurer le lien entre les deux populations, de montrer que les juifs et les musulmans se connaissent et qu’ils arrivent à vivre ensemble. Il ne faut pas faire de ce conflit un conflit religieux, ni un conflit ethnique : c’est un conflit territorial. Dès que les gens penseront qu’il s’agit d’un conflit religieux – comme le souhaitent certains leaders des deux côtés –  on ne pourra plus rien faire, cela dépassera les frontières de la Palestine.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

———————-

Nadia Sweeny journaliste free-lance, est l’auteure de l’ouvrage « La Fille des camps » (Editions Michalon). Elle vit aujourd’hui à Paris.

La Rédaction


Conflit israélo palestinien Gaza Hamas Israël Territoires occupés
Tribune à la une
Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile

Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile
Hamid Enayat est un analyste, militant des droits de l’homme et opposant politique iranien basé en France. ...

Idées
lri-ipad

Newsletter

Pour vous abonner à la newsletter La Revue Internationale, remplissez le formulaire ci-dessous.

Nouveaux tirs de missiles nord-coréens

Nouveaux tirs de missiles nord-coréens

27.03.2023
En Continu
La population mondiale pourrait bientôt décroître

La population mondiale pourrait bientôt décroître

27.03.2023
En Continu
Discours de Biden à Ottawa

Discours de Biden à Ottawa

26.03.2023
En Continu
La visite de Charles III reportée 

La visite de Charles III reportée 

25.03.2023
En Continu
Sur le même sujet
<strong>La politique intérieure et extérieure du Kazakhstan : une opportunité pour renforcer les liens entre Paris et Astana</strong>

La politique intérieure et extérieure du Kazakhstan : une opportunité pour renforcer les liens entre Paris et Astana

22.12.2022
Actualités

Une fois de plus, cette année écoulée aura été riche en bouleversements politiques. L’année 2022 restera marquée au fer rouge par le conflit en Ukraine et ses secousses aux quatre

Flagrant délit de désinformation pour Moscou

Flagrant délit de désinformation pour Moscou

26.10.2022
Actualités

Mercredi 26 octobre, le gouvernement slovène a fait savoir que le gouvernement russe avait utilisé des photos de déchets slovènes, prétendant qu’il s’agissait de déchets ukrainiens, pour étayer sa thèse

L’attaque du pont de Kertch fragilise Poutine

L’attaque du pont de Kertch fragilise Poutine

09.10.2022
Actualités

Suite à l’attentat perpétré sur le pont de Crimée samedi matin ayant causé la mort de trois personnes et l’effondrement partiel de la structure, Vladimir Poutine a convoqué lundi 10

Humayoon Azizi, l’ambassadeur qui résiste aux talibans

Humayoon Azizi, l’ambassadeur qui résiste aux talibans

15.08.2022
Actualités

Depuis la chute du régime, l’ambassadeur d’Afghanistan à Paris, Humayoon Azizi, refuse de reconnaître les talibans, et continue d’exercer sa représentation diplomatique au nom de la République islamique d’Iran.  Réduction

Revue Internationale
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
  • Grand Angle
  • Idées
  • En Continu
  • Union Européenne
  • Russie
  • Amériques
  • Asie
  • Afrique
  • Moyen-Orient
  • À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
© 2017 La Revue Internationale. Tous droits réservés.
Scroll to top
Aller au contenu principal