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Pape François: ce qu’il faut retenir de son voyage en Corée du Sud

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Le pape François s’est rendu en Corée du Sud du 14 au 18 août 2014. (Crédit photo: Giulio Napolitano / Shutterstock.com)

Le chef du Vatican a effectué un voyage de cinq jours en Corée du Sud, à l’occasion de la VIème journée de la jeunesse asiatique et de la fête du 15 août.

Rencontre avec la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, journée avec les jeunes catholiques d’Asie, béatification de martyrs chrétiens à Séoul, messe pour la réconciliation des deux Corées… C’est un programme chargé qui attendait le pape François pour ce premier voyage d’un pape en Asie du Sud-Est depuis quinze ans.

Le défi asiatique

Pour son troisième voyage officiel, après le Brésil et le Proche-Orient, le pape François a choisi le continent asiatique et plus particulièrement la Corée du Sud, où plus de 10% de Sud-Coréens sont catholiques – soit plus de 5 millions de personnes.

L’Eglise catholique sud-coréenne connaît en effet un développement spectaculaire, et avec les Philippines, où la majorité de la population est catholique, et le Vietnam, qui compte également une importante communauté catholique, le pays est un modèle d’évangélisation en Asie.

Lors d’une rencontre avec les évêques d’Asie au sanctuaire d’Haemi, dimanche 17 août, le pape a déclaré qu’il espérait « fermement que les pays [du continent asiatique] avec lesquels le Saint-Siège n’a pas encore une relation pleine n’hésiteront pas à promouvoir un dialogue au bénéfice de tous ».

Le regard vers la Chine

Sans l’évoquer directement, le pape a ainsi fait allusion à la Chine, où la liberté religieuse peine encore à trouver sa place dans ce pays communiste où les relations avec le Vatican sont au point mort depuis 1951.

« Le Saint Siège est toujours ouvert à des contacts, il a une vraie estime pour la Chine », a confié le pape François lors dune conférence de presse dans l’avion du retour, lundi 18 août. « Nous respectons le peuple chinois, seulement l’Eglise demande la liberté pour son travail, aucune autre condition », a-t-il ajouté, avant de lancer qu’il était prêt à partir « demain » pour la Chine.

Réconciliation

Après la béatification de Paul Yun Ji-Chung, un laïc coréen tué à cause de sa foi avec ses 123 compagnons entre 1791 et 1888, le voyage du pape a connu un deuxième temps fort. Lundi, une messe pour la paix et la réconciliation s’est tenue dans la cathédrale de Myeong-dong, à Séoul.

Après avoir prié avec des anciennes « femmes de réconfort » coréennes, forcées de travailler comme esclaves sexuelles pour les soldats japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, le souverain pontife a invité des transfuges de Corée du Nord à assister à la messe « pour la réconciliation de la famille coréenne ».

L’Association catholique nord-coréenne, qui compterait 3000 membres mais aucun prêtre – la liberté religieuse est très étroitement surveillée en Corée du Nord  a été invitée par l’Eglise catholique sud-coréenne à participer à cette messe. Mais Pyongyang a décliné l’offre. En cause, les manœuvres militaires de sa voisine du Sud opérées avec les Etats-Unis.

Le pape a alors prié pour la réconciliation des deux Corées, soixante ans après le conflit entre les deux parties qui sont toujours, officiellement, en guerre. « Il faut une reconnaissance toujours plus forte de cette réalité que tous les Coréens sont frères et sœurs, membres d’une unique famille et d’un unique peuple », a-t-il déclaré.

Confidences

Dans l’avion du retour, le pape a livré quelques confidences aux journalistes présents à bord. Le chef de l’Eglise catholique, âgé de 77 ans, a ainsi déclaré qu’il renoncerait à sa mission s’il n’était plus capable d’assumer ses fonctions, comme l’a fait son prédécesseur Benoît XVI en 2013, lorsqu’il a annoncé sa démission.

Le pape François a également évoqué son quotidien au Vatican, expliquant qu’il vivait « une vie normale de travail, de repos, de discussions »qu’il pouvait prendre « l’ascenseur tout seul » sans être obligatoirement accompagné comme avant, et qu’il buvait parfois du maté [infusion traditionnelle argentine, ndlr] pour calmer ses « problèmes de nerfs ».

Il a également évoqué la situation en Irak, où les chrétiens et dautres minorités religieuses sont persécutés, indiquant qu’il était disposé à s’y rendre. Il a rappelé qu’il était « licite d’arrêter l’agresseur injuste [l’Etat islamique] », tout en précisant qu’« arrêter » ne signifiait pas forcément « faire la guerre » et « bombarder ». « Les moyens avec lesquels on peut l’arrêter devront être évalués », a-t-il ajouté.

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