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Que se passe-t-il au Soudan du Sud, au bord de la crise humanitaire?

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Une rue de Djouba, la capitale du Soudan du Sud (Crédit photo: John Wollwerth / Shutterstock.com)

Les deux camps rivaux en guerre depuis décembre dernier au Soudan du Sud n’ont pas réussi à former un gouvernement d’union nationale dimanche 10 août, date d’expiration de l’échéance qu’ils s’étaient fixée.

Quelques jours plus tôt, le Conseil de Sécurité de l’ONU avait pourtant menacé le pays de sanctions, dont un embargo sur les armes, s’il ne parvenait pas à nommer un gouvernement de transition. Une délégation d’ambassadeurs de l’ONU a atterri mardi 12 août à Djouba, la capitale du Soudan du Sud, dans le but de mettre fin au conflit qui pousse le pays au bord de la famine.

Un pays très jeune

[image:2,s]Le Soudan du Sud fête cette année ses trois ans. C’est en juillet 2011, après un long conflit pour l’indépendance et un référendum, que la partie sud du Soudan se sépare du nord gouverné par Khartoum, la capitale soudanaise.

Le Soudan du Sud, peuplé de 11,5 millions d’habitants, est désormais le plus jeune Etat africain. Il prend Djouba comme capitale et devient officiellement le 193ème Etat membre de l’ONU.

Contrairement à son voisin du nord, principalement musulman, le Soudan du Sud est surtout composé de chrétiens et d’animistes, et forme un patchwork d’ethnies et de tribus, difficilement conciliables.

Qui sont les belligérants ?

Depuis le 15 décembre dernier, le conflit qui oppose le camp du président Salva Kiir, issu de la communauté Dinka, et la rébellion attachée à l’ex vice-président Riek Machar, de l’ethnie des Nuers, aurait fait près de 10 000 morts et plus d’1,5 million de déplacés.

L’ancien vice-président, qui avait annoncé en juillet 2013 sa volonté de briguer le mandat présidentiel lors des élections prévues en 2015, avait mis le feu aux poudres. Quelques mois plus tard, il est accusé de coup d’Etat par le président et de violents combats éclatent à Djouba, faisant renaître de vieilles rivalités ethniques.

Où en sont les négociations ?

Alors qu’un premier accord a été signé à Addis-Abeba – la capitale éthiopienne – le 23 janvier dernier entre les deux parties pour cesser le conflit, les combats se poursuivent et des centaines de civils sont massacrés.

Début mai, l’ONU parle de possibles crimes contre l’humanité commis au Soudan du Sud. Sous la pression internationale, un nouvel accord de cessez-le-feu est signé le 9 mai et violé quelques jours plus tard après de nouveaux affrontements. Il prévoyait la formation d’un gouvernement d’union nationale sous soixante jours, soit le 10 août au plus tard.

Mais lultimatum vient d’expirer. Les ONG, inquiètes, condamnent les multiples crimes de guerre commis pendant ces huit mois de conflit par les forces gouvernementales et les rebelles de l’opposition.

Le pétrole en toile de fond

Alors que l’ONU tente de pallier l’absence de négociations concrètes entre les deux parties, et que les ONG alertent la communauté internationale du sérieux risque de famine qui pourrait toucher le pays, les belligérants continuent leur course au pétrole, première manne financière du pays. Le chef des rebelles sud-soudanais, Riek Machar, s’est ainsi entretenu ce week-end avec le président du Soudan, Omar el-Béchir, à Khartoum.

Les deux pays restent très liés puisque le Soudan du Sud, qui contrôle environ 75% de la production pétrolière de l’ancien Soudan, reste extrêmement dépendant des infrastructures du nord pour exporter son pétrole. Depuis le début des combats, la production sud-soudanaise aurait cependant chuté de 50%, enfonçant un peu plus le pays dans la crise économique.

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