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Retrait des troupes israéliennes à Gaza: quelles conséquences?

06.08.2014 par La Rédaction
Retrait des troupes israéliennes à Gaza: quelles conséquences?

Entretien avec Jean-Paul Chagnollaud, professeur en sciences politiques et directeur de l’Institut de Recherche et d’Études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Iremmo).

Mardi 5 août au matin, une trêve de 72 heures entre Israël et le Hamas est entrée en vigueur dans la bande de Gaza, un mois environ après le début de l’opération « Bordure protectrice » menée par Israël dans l’enclave palestinienne. Par la même occasion, l’armée israélienne a annoncé le retrait total de ses troupes à Gaza. Sous le patronage de l’Egypte, qui retrouve sa place de médiateur régional, les deux parties doivent se rencontrer au Caire, afin de relancer leurs négociations.

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Mission accomplie ?
 

JOL Press : Un cessez-le-feu a été décrété lundi par Israël et le Hamas. Pourquoi celui-ci a-t-il été accepté par les deux parties ?
 

Jean-Paul Chagnollaud : Il est difficile de savoir quelles sont leurs motivations véritables, mais il est probable qu’en ce qui concerne Israël, les réactions de la communauté internationale face aux massacres – c’est le terme qui a été utilisé – ont dû jouer. Par ailleurs, il semble que les opérations de l’armée israélienne consistant à dynamiter les tunnels du Hamas soient terminées. La conjonction de ces deux éléments a poussé Israël à accepter ce cessez-le-feu.

Le Hamas, de son côté, a dû comprendre que s’il voulait obtenir quelques gains politiques, il devait aussi s’arrêter. Jusqu’à maintenant, il donnait l’impression d’une fuite en avant qui n’avait pas beaucoup de sens, et cela a dû peser dans sa décision. Dans tous les cas, les Palestiniens et les Israéliens se retrouvent maintenant au Caire, alors même que les Israéliens ne voulaient pas y aller il y a encore quelques jours. Par ailleurs, en ce qui concerne les Palestiniens, ce n’est pas simplement le Hamas qui se trouve au Caire, c’est aussi le Jihad islamique mais surtout l’Autorité palestinienne, qui va ainsi retrouver un rôle de médiation.

JOL Press : Maintenant que l’armée israélienne a détruit les 32 tunnels du Hamas, peut-on dire que son objectif est accompli ?
 

Jean-Paul Chagnollaud : Il y a plusieurs niveaux de lecture des objectifs d’Israël. Le premier, c’est celui qui était affiché par l’armée israélienne, c’est-à-dire faire taire les tirs de roquettes et les dangers d’infiltration du Hamas. C’était le niveau le plus évident. En réalité, on ne tue pas près de 2000 personnes de manière indiscriminée si cela ne correspond pas à une stratégie. Je pense que les Israéliens ont voulu infliger une forme de punition collective aux Palestiniens qui, par l’intermédiaire du Hamas, s’étaient rebellés contre l’occupation israélienne – rappelons que les Gazaouis ne peuvent pas sortir de Gaza à cause du blocus. Ce deuxième niveau de lecture me paraît extrêmement important à prendre en compte lorsqu’on évoque la stratégie de l’armée israélienne.
 

Deux hypothèses
 

JOL Press : La fin du blocus de Gaza était justement une des conditions évoquées par le Hamas pour accepter un cessez-le-feu. Aujourd’hui, la bande de Gaza va-t-elle rester sous blocus israélien ?
 

Jean-Paul Chagnollaud : Je crois que cela va justement être tout l’enjeu des négociations. On peut émettre deux hypothèses concernant l’aboutissement de ces négociations : soit Israël et le Hamas se mettent d’accord pour un cessez-le-feu et un retour au calme, ce qui reviendrait à une sorte de retour au statu quo, comme si rien ne s’était passé.

La deuxième hypothèse, qui me paraît la seule plausible et possible, d’un point de vue à la fois politique et éthique, c’est que ces morts ne sont pas « morts pour rien », et permettront justement de remettre en question cet infernal statu quo qui emprisonne 1,8 million de personnes à Gaza. Il pourrait ainsi y avoir une levée du blocus en échanges de concessions que le Hamas ferait à Israël, notamment en termes de démilitarisation.

Je crois que c’est là-dessus que les négociations peuvent jouer. Bien entendu, il y aura dans l’immédiat des urgences humanitaires et des exigences de reconstruction considérables. Dans tous les cas, s’il n’y a pas un effet de levier important sur la situation de blocus, avec un réel engagement de la communauté internationale, cette séquence aura vraiment été une guerre absurde. Elle l’est déjà, mais le serait encore davantage.

JOL Press : Le Hamas sort-il réellement affaibli de ce nouveau conflit ?
 

Jean-Paul Chagnollaud : Il y a environ deux mois, le Hamas était dans une situation de faiblesse politique, et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles il a accepté un gouvernement d’union nationale avec le Fatah début juin. Il était en plus coupé de ses alliés traditionnels comme la Syrie ou l’Egypte. Il était donc vraiment très affaibli.

Mais cette tragique séquence meurtrière du mois de juillet a incontestablement remis le Hamas en selle : aujourd’hui, les Palestiniens, quelles que soient leurs sensibilités, apprécient d’une certaine manière la résistance du Hamas face à la puissance occupante israélienne. Bien entendu, la clé de cette affaire, sur le moyen terme, est l’allègement du blocus, qui reste encore en question.
 

Trouver un accord politique
 

JOL Press : Peut-on dire qu’Israël a gagné militairement mais a perdu diplomatiquement ?
 

Jean-Paul Chagnollaud : C’est malheureusement une séquence dont on pouvait écrire le scénario dès le début. Pour prendre un exemple dans la période récente, cela ressemble au conflit avec le Hezbollah en 2006 : il y a eu 1500 morts libanais pour casser le Hezbollah, qui est aujourd’hui plus fort que jamais. En 2008-2009, l’opération « Plomb durci » menée par Israël a également fait beaucoup de victimes, mais le Hamas en est sorti renforcé, et ainsi de suite. S’il n’y a pas, à la fin de cette terrible séquence, un accord politique d’envergure, il faut s’attendre à ce que dans 6 mois, un an ou deux ans, on se retrouve dans la même situation.

JOL Press : L’Egypte, qui a servi de médiateur pendant ce conflit, sort-elle renforcée ?

Jean-Paul Chagnollaud : Renforcée, je ne sais pas. Mais quel que soit le régime politique au pouvoir en Egypte, celle-ci reste incontournable en raison de sa situation géographique, de sa position géopolitique et de sa relation avec Israël et les Etats-Unis. C’est un acteur majeur.

Même si le nouveau président Abdel Fattah al-Sissi veut casser le Hamas, sans doute comme il a cassé les Frères musulmans en Egypte, il n’empêche qu’il a intérêt à jouer un rôle international de médiateur, d’autant plus que les autres pays arabes comme l’Irak ou la Syrie ont « disparu » de la scène diplomatique. C’est important que l’Egypte essaie de retrouver quelque chose qui ressemble à une influence régionale, même si elle est pour l’instant extrêmement limitée.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

———–

Jean-Paul Chagnollaud est professeur en sciences politiques à l’Université de Cergy-Pontoise et directeur de l’Institut de Recherche et d’Études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Iremmo). Il intervient régulièrement dans les médias sur des questions géopolitiques ayant trait au Moyen-Orient et aux pays de la Méditerranée. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages sur le conflit israélo-palestinien, dont Atlas des Palestiniens : un peuple en quête d’un État, co-écrit avec Pierre Blanc et Sid-Ahmed Souiah, Cartographie Madeleine Benoît-Guyod, Editions Autrement, 2014 (1ère éd. 2011).

La Rédaction


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