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Venezuela: colère contre les restrictions du gouvernement

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San Cristobal, siège de la rébellion

En février dernier, les étudiants de San Cristobal se révoltaient contre l’insécurité et la mauvaise gestion des ressources alimentaires et énergétiques au Venezuela. Les étudiants ont ainsi dû affronter les forces de l’ordre et les opposants qui soutenaient le gouvernement, accusé d’être à l’origine de la crise économique du pays, pour se faire entendre. Bilan de ces confrontations : 43 morts, près de 800 blessés et environ 3 000 personnes interpellées.

Lundi 25 août, San Cristobal a, une nouvelle fois, fait l’objet de violents affrontements entre la police et les civils, comme le rapporte Nathaly Sinamaica, observatrice de France24.

Les causes du mécontentement général

Le prix des transports ont augmenté ;

L’insécurité ;

L’épuisement des produits de base (lait, sucre, papier toilette, déodorant, bouchons de bouteilles en plastique, farine, médicaments) ;

 Le Venezuela ferme ses frontières à la Colombie durant la nuit depuis le 11 août, provoquant la colère des chauffeurs routiers ;

Jour et nuit, certains quartiers, trop proches de la Colombie, sont surveillés par l’armée ;

Fin décembre 2014, la prise de l’empreinte digitale sera obligatoire pour chaque habitant qui fera ses courses. « Un système biométrique que l’on retrouvera dans tous les établissements et réseaux de chaînes de distribution du pays », a expliqué le président vénézuélien Nicolas Maduro.

Lutter contre le marché noir

Afin de lutter contre la contrebande, le pays ferme ses frontières à la Colombie pour une partie de la nuit et exige un contrôle digital sur les achats de chaque habitant à l’entrée d’un supermarché. 

« L’économie vénézuélienne repose sur un double marché. Le marché noir, qui envoie essence et produits alimentaires vers les pays voisins, est un circuit vicieux que personne au Venezuela n’a jusqu’ici réussi à rompre » expliquait Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de lAmérique latine à l’Institut de relations internationales et stratégiques, interrogé par JOL Press

La contrebande, à destination de la Colombie, constitue un gouffre dans l’économie vénézuélienne qui perd 40 % des produits de première nécessité et l’équivalent de 100 000 barils de pétrole par jour, soit 2,7 milliards d’euros par an, selon les autorités.

Les autorités du Venezuela ont ainsi mis en place, lundi 11 août, la fermeture des passages frontaliers entre la Colombie et le Venezuela de 22 heures à 5h du matin : « Nous ne fermons pas la frontière au cours de la journée, car il a été prouvé que de grandes quantités de produits de contrebande passent pendant la nuit », a déclaré le gouverneur de l’Etat Táchira.

Quant au contrôle digital, il représente également un moyen anti-contrebande. Il donne la possibilité de savoir si une personne effectue ses achats à des fins personnelles ou de revente, d’après la quantité de produits et la fréquence à laquelle elle les achète. Cette méthode, selon Nathaly Sinamaica est similaire au « livret de rationnement en vigueur à Cuba, un système qui oblige non seulement la population à limiter ses dépenses mais qui coûte aussi très cher au gouvernement (760 millions d’euros chaque année) ».

Certains quartiers sont également surveillés par l’armée, comme Las Pilas, car ils sont très proches de la frontière colombienne. Les autorités sont présentes afin de diminuer le marché noir des produits vénézuéliens. 

Etant donné la différence de prix qui se trouve entre la Colombie et le Venezuela, la contrebande est importante. L’essence est ainsi vendue au prix de 0,05$ le gallon (3,7 litres) par l’Etat vénézuélien. Les contrebandiers, eux, bradent l’essence à 0,01$ le gallon, alors que celle-ci est vendue 1,18$ en Colombie.

Violence des affrontements

Dans la nuit du 25 août, Nathaly Sinamaica, qui vit à Las Pilas, a filmé, du haut de sa fenêtre, la violence des affrontements entre civils et militaires.

Sur ces vidéos, on observe la Garde nationale bolivarienne (GNB), une composante de l’armée vénézuélienne chargée de la sécurité intérieure, et les manifestants qui s’opposent. Les premières images montrent un véhicule blindé de l’armée qui s’introduit à l’intérieur d’une résidence privée, où des manifestants se sont réunis après avoir enfoncé le portailPar la suite, ces manifestants ont jeté des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre.

« Un peu plus tôt, les manifestants avaient érigé des barricades avec des ordures en plein milieu de la route et accueilli les forces de l’ordre par des jets de cocktails Molotov, lesquelles ont répondu par des tirs de gaz lacrymogènes et de chevrotines, des munitions abondamment utilisées en février lors des dernières grosses contestations (…). Vers 10h, l’arrivée de renforts policiers ont permis de disperser la foule et de rétablir l’ordre » précise Nathaly Sinamaica.

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