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50 ans après…Des récits de Pieds-noirs de tous milieux

14.09.2014 par La Rédaction
50 ans après…Des récits de Pieds-noirs de tous milieux

En 1962, plus d’un million de pieds-noirs sont chassés d’Algérie. Documents à l’appui, le journaliste et écrivain Alain Vincenot, retrace l’histoire de la présence française en Algérie, du débarquement de Sidi Ferruch (1830) aux accords d’Evian (1962) dans son ouvrage « Pieds-noirs, les bernés de l’Histoire ». ll revient sur la présence française en Algérie et partage, dans une seconde partie, les récits des pieds-noirs de tous milieux.

Extrait de « Pieds-noirs, les bernés de l’Histoire », d’Alain Vincenot (Editions L’Archipel).

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Il y a soixante ans, une trentaine d’attentats antieuropéens faisaient basculer l’Algérie dans la guerre. Huit ans plus tard, plus d’un million de Pieds noirs, spoliés, traumatisés, chassés d’un pays qu’ils croyaient être le leur, étaient « rapatriés » en catastrophe en métropole, où leur exode était minimisé et leur mémoire piétinée, alors que la plupart n’étaient pas de riches colons « à cravache et cigare » (Camus), mais des ouvriers et des ingénieurs, des enseignants et des médecins, des commerçants…

Extrait de Pieds-noirs, les bernés de l’Histoire, d’Alain Vincenot (Editions L’Archipel)

Le 4 juin 1958, à Alger, le général de Gaulle avait conclu son célèbre discours (« Je vous ai compris ») par ces mots : « Jamais plus qu’ici et jamais plus que ce soir, je n’ai compris combien c’est beau, combien c’est grand, combien c’est généreux, la France ! » Quatre ans après, cette chevaleresque cavalcade oratoire claudique dans le renoncement aux valeurs jadis glorifiées et le déni de la réalité.

Pendant que les harkis sont massacrés en Algérie, en métropole, les pieds-noirs ne sont pas les bienvenus. À l’exception de L’Aurore et de France-Observateur, la presse de gauche, farouchement anticolonialiste, et de droite, contrôlée par les milieux gaullistes, véhicule les stéréotypes.

Enivré par les rêves de grandeur internationale du « sauveur de la France », le gouvernement occulte les milliers de malheureux prenant d’assaut les bateaux et les avions, sur l’autre rive de la Méditerranée. Des braillards qui laissent leurs enfants jouer au couteau et au révolver. Ils ne devraient pas s’incruster dans l’Hexagone. S’ils s’entêtent, il serait judicieux de les expédier très loin. Pourquoi pas le Brésil, l’Argentine ou l’Australie ? Voire la Nouvelle-Calédonie ou la Guyane ? Les conseils des ministres pétillent d’aveuglement. Alain Peyrefitte, à l’époque secrétaire d’État à l’Information, relève des phrases édifiantes. Louis Joxe, le 24 mai : « Ce sont des vacances anticipées à l’arrivée des grandes chaleurs. » Robert Boulin, secrétaire d’État aux Rapatriés, le 30 mai : « À peu près tous ont acheté un billet aller et retour. Simplement, la plupart sont incertains sur la date de leur retour en Algérie. » Fin juin : « Ce sont bien des vacanciers.

Jusqu’à ce que la preuve du contraire soit apportée. » Le général de Gaulle, le 4 juillet, veille de la tragédie d’Oran : « Même si beaucoup continuent à s’en aller, je suis persuadé que la grande majorité d’entre eux retourneront en Algérie. » Louis Joxe, le 8 juillet : « Les pieds-noirs vont inoculer le fascisme en France. »

Le 18 juillet : « Dans beaucoup de cas, il n’est pas souhaitable qu’ils s’installent en France, où ils seraient une mauvaise graine. » Roger Frey, ministre de l’Intérieur, le 22 août : « J’ai les moyens d’intervenir s’il y a des manifestations à Marseille ».

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Au pied de Notre-Dame-de-la-Garde, en effet, le ton n’est guère hospitalier. Sur le port, peinte en lettres géantes, cette injonction : « Pieds-noirs, retournez chez vous. » Les dockers de la CGT plongent volontairement dans l’eau des cadres de déménagement qu’ils déchargent des cargos, les éventrent, les pillent. Dans le centre-ville, un panneau : « Les pieds-noirs à la mer. » Le journal communiste LaMarseillaise les traite d’« envahisseurs ». Quant au sénateur-maire, Gaston Defferre, il accorde à Paris-Presse l’Intransigeant du 26 juillet une ébouriffante interview.

— Il y a cent cinquante mille habitants de trop à Marseille. C’est le nombre des rapatriés d’Algérie, qui pensent que le Grand Nord commence à Avignon.

— Et les enfants ?

— Pas question de les inscrire à l’école, car il n’y a déjà pas assez de place pour les petits Marseillais. Tartarin de la Canebière, l’élu ne recule pas devant l’extravagance :

— Au début, le Marseillais était ému par l’arrivée de ces pauvres gens, mais bien vite les « pieds-noirs » ont voulu agir comme ils le faisaient en Algérie, quand ils donnaient des coups de pied aux fesses aux Arabes. Alors les Marseillais se sont rebiffés. Mais, vous-même, regardez en ville : toutes les voitures immatriculées en Algérie sont en infraction… […] Si les pieds-noirs veulent nous chatouiller le bout du nez, ils verront comment mes hommes savent se châtaigner. […]

N’oubliez pas que j’ai avec moi une majorité de dockers et de chauffeurs de taxis ! […] Qu’ils quittent Marseille en vitesse ! Qu’ils essaient de se réadapter ailleurs et tout ira pour le mieux. Le mythe et ses clichés du pied-noir antipathique, colon cousu d’or, exploiteur d’indigènes faméliques, à qui tout est dû, qui s’accapare tout, grande gueule incontrôlable, violent, extrémiste de droite, poseur de bombes de l’OAS, va perdurer. Il faudra attendre le 11 novembre 1996 pour que le voile de la stigmatisation soit officiellement déchiré par un président de la République française. Inaugurant, dans le square de la Butte du Chapeau-Rouge, à Paris, dans le XXe arrondissement, un monument à la mémoire des victimes civiles et militaires tombées en Afrique du Nord de 1952 à 1962, Jacques Chirac reconnaîtra :

Pacification, mise en valeur des territoires, diffusion de l’enseignement, fondation d’une médecine moderne, création d’institutions administratives et juridiques, voilà autant de traces de cette oeuvre incontestable à laquelle la présence française a contribué. […] Traces matérielles certes, mais aussi apport intellectuel, spirituel, culturel. […] Aussi, plus de trente ans après le retour en métropole de ces Français, il convient de rappeler l’importance et la richesse de l’oeuvre que la France a accomplie là-bas et dont elle est fière…

Subsiste un vide. Dans un livre paru en 2001, Jeannine Verdès-Leroux soulignera très justement :

De nombreuses populations ont été déplacées, chassées au cours du XXe siècle, mais la passion singulière des pieds-noirs pour leur passé tient à ce que le pays magnifique qu’ils aimaient a disparu ; le caractère tragique de cet exil tient à cette disparition.

Et de citer un interlocuteur : C’est une sorte d’exil très particulier… Quand un Russe comme Nabokov est aux États-Unis, il est exilé, il sait que le régime a changé, mais il sait aussi que les Russes continuent à boire le thé, la vodka…Il sait aussi que, s’il retourne en Russie, il va retrouver les usages, tandis que nous, on a quitté un pays où tout a changé de nom et, où, en somme, on efface tous les signes.

Les pieds-noirs sont-ils des « réfugiés » (ayant franchi une frontière), des « déplacés » (à l’intérieur de leur propre pays), deux termes par lesquels le Comité international de la Croix-Rouge désigne les populations fuyant leur ville ou leur village ?

Ni l’un ni l’autre. Ils ne sont pas non plus des « rapatriés », appellation dont la métropole les a affublés. Le Robert donne du verbe « rapatrier » la définition suivante : « Assurer le retour d’une personne sur le territoire du pays auquel elle appartient par sa nationalité. » Or l’Algérie était un pan de la patrie des pieds-noirs, la France. Précision : Paul Robert, créateur du Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, est né à Orléansville dans une famille originaire des Hautes-Alpes implantée en Algérie depuis 1849. Au-delà des mots, persistent donc les blessures, la douleur et les silences, toujours incompris par nombre de métropolitains.

La Rédaction


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