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Brésil: Dilma Rousseff fragilisée par la situation économique du pays

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Photo DR Shutterstock

Alors que le Brésil est entré en récession avec un PIB en recul de 0,6 % au deuxième trimestre par rapport au précédent, le débat sur le ralentissement de l’activité économique au Brésil a tenu une place importante pendant la campagne électorale.

Méfiance des marchés

« Comme dans toute compétition électorale, les candidats se servent des chiffres qui leurs paraissent être le plus à leur avantage. Mais il ne suffit pas de parler d’économie, il s’agit de bien en parler. En manipulant les chiffres, les candidats n’aident pas beaucoup les Brésiliens à comprendre l’état de la situation économique » explique à JOL Press Stéphane Monclaire politologue, et spécialiste de l’Amérique latine.

L’organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) a revu à la baisse perspectives de croissance au Brésil de 1,8 à 0,3% pour l’année 2014, et table la croissance à 1,4% pour l’année 2015.

Déjà fragilisée par l’arrivée dans la course présidentielle de la candidate écologiste Marina Silva, la présidente sortante doit faire face à la méfiance des marchés financiers qui lui reprochent  une forte inflation ainsi qu’une « balance commerciale profondément déficitaire concernant les produits industriels parce qu’il y a un défaut d’investissement en recherche et développement de la part des grandes entreprises industrielles » poursuit Stéphane Monclaire.

L’impact du scandale de Petrobras

Le scandale de Petrobras a également un impact sur la défiance des marchés. Pendant huit ans, la compagnie pétrolière d’Etat Petrobras aurait versé des pots-de-vin à une cinquantaine de parlementaires de la coalition au pouvoir.

« Le scandale de la Petrobras va lui faire beaucoup plus de tort » estime Hervé Théry, géographe spécialiste du Brésil et actuellement enseignant à l’Université de Sao Paulo. Pour bénéficier d’une réduction de peine, l’un des directeurs de la compagnie pétrolière incarcéré pour blanchiment d’argent, est en train de dévoiler l’identité de plusieurs personnes impliquées dans ce scandale. Dilma Rousseff, ministre des Mines et de l’Energie et présidente du Conseil de surveillance de la Petrobras à l’époque est donc engluée dans ce scandale. Fragilisée par cette affaire, la chef d’Etat a immédiatement déclaré avoir demandé l’identité des députés impliqués: « Si un fonctionnaire du gouvernement ou quelque personne du gouvernement fédéral est impliqué, nous prendrons les mesures qui s’imposent » a-t-elle déclaré.

Revu et corrigé

La présidente sortante doit également faire face à une autre affaire : l’Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE) est revenu sur les chiffres des inégalités au Brésil qu’il avait publié quelques jours plus tôt. L’institut public, qui montrait initialement que les inégalités ne se réduisaient plus au Brésil, a finalement fait machine arrière « arguant qu’il s’agissait d’une erreur de calcul » poursuit Hervé Théry. Le doute plane donc, sur une potentielle intervention du gouvernement brésilien dans la correction de ces chiffres, bien que Dilma Rousseff ait immédiatement exhorté l’ouverture d’une enquête.

« Dilma Rousseff a pris les devants » estime Hervé Théry, en s’engageant à remplacer le ministre de l’Economie Guido Mantega une fois réélue présidente. Pas sûr cependant que cette décision soit suffisante pour regagner la confiance des marchés….

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