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Brésil: «La propagande gouvernementale est forte»

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JOL Press: Au Brésil, quelle est la législation électorale concernant la campagne officielle des candidats ?

Stéphane Monclaire : La législation brésilienne organise ce qu’on appelle la « campagne officielle » : toutes les chaînes de télévision et de radio sont obligées de diffuser à la même heure, deux fois par jours, des émissions qui sont fabriquées par les candidats. Inutile de zapper, toutes les chaînes hertziennes diffusent le même programme, à l’heure du déjeuner, puis le soir.

JOL Press : Le temps de parole est-il le même pour tous les candidats ?

Stéphane Monclaire : Le temps de parole est proportionnel au poids des partis à la Chambre des députés qui appuient le candidat. Dilma Rousseff a une telle majorité à la Chambre, qu’elle a six fois plus de temps dans ce programme diffusé sur toutes les radios et toutes les chaînes à des heures de grandes écoutes, que la candidate Marina Silva, deuxième selon les derniers sondages. Inutile de dire que la propagande gouvernementale est très forte dans le cadre de cette campagne électorale.

Spot de campagne de la présidente sortante Dilma Rousseff:

Spot de campagne de la candidate écologiste Marina Silva :

JOL Press : Quelles est l’ampleur des insertions publicitaires au Brésil ?
 

Stéphane Monclaire : Au-delà de la campagne officielle, les insertions publicitaires prennent beaucoup de place au Brésil. Entre une publicité pour la lessive et une publicité pour un soda, il y a une publicité pour l’un des candidats. Le  nombre de publicités et leur durée est aussi calculée par rapport à l’influence des partis à la Chambre des députés : Dilma Rousseff a donc dix fois plus de publicités sur les écrans de télévision et sur les ondes radiophoniques grâce à cette législation électorale.

JOL Press : Ces spots influencent-ils vraiment les Brésiliens ?  
 

Stéphane Monclaire : Oui, les auditeurs et téléspectateurs sont en effet  pris par surprise par ces publicités. Par ailleurs, le marketing électoral a fait de grand progrès : ces publicités en faveur de Dilma Rousseff sont extrêmement bien faites. Elles présentent un Brésil qui va bien. Dans ces spots, la présidente sortante invite les électeurs à voter pour elle pour ne pas retomber « 15 ans en arrière » : c’est un programme qui fonctionne sur la peur et la manipulation.

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Stéphane Monclaire est politologue, spécialiste de l’Amérique latine et maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

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