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Brésil: un scandale de corruption fragilise davantage Dilma Rousseff

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Cela ne pouvait pas plus mal tomber. Déjà fragilisée par la situation économique brésilienne et la grogne sociale qui a secoué le pays avant l’ouverture du Mondial de football, Dilma Rousseff doit désormais faire face à un scandale de corruption à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle.

Affaire de pots-de-vin

Paulo Roberto Costa, un ancien directeur de la compagnie pétrolière d’Etat Petrobras emprisonné pour blanchiment d’argent, a fourni une cinquantaine de noms de parlementaires de la coalition au pouvoir, qu’il a accusé d’être englués dans un scandale de corruption.

Pendant huit ans, de 2004 et 2012, Petrobras, aurait versé des sommes d’argent à une cinquantaine de députés de la coalition au pouvoir, ainsi qu’à un ministre.

Parmi les noms – relayés dans le magazine Veja – figurent notamment ceux du ministre de l’Energie, Edson Lobaodu, le trésorier du Parti de travailleurs, Joao Vaccari Neto, celui du président du Sénat, Renan Carneiros, celui du président de la chambre des députés, Henrique Alves, tous deux membres du Parti du Mouvement démocrate brésilien, ainsi que ceux de trois gouverneurs.

Fermeté de Dilma Rousseff

La présidente sortante, candidate à l’élection présidentielle du 5 octobre, a immédiatement déclaré avoir demandé l’identité des députés liés à cette affaire de blanchiment d’argent: « Si un fonctionnaire du gouvernement ou quelque personne du gouvernement fédéral est impliqué, nous prendrons les mesures qui s’imposent », a-t-elle déclaré, à quelques semaines du scrutin présidentiel.

Les adversaires de la présidente sortante ont quant à eux saisi l’opportunité que leur offrait ce scandale,  en arguant qu’il était impossible qu’elle ignore cette affaire, comme l’a estimé le candidat social-démocrate Aecio Neves, en troisième position dans les sondages, comme le rapporte RFI.

La présidente sortante en retard dans les sondages

Donnée favorite du scrutin avant la mort accidentelle du candidat socialiste Eduardo Campos, Dilma Rousseff n’arriverait aujourd’hui qu’à la seconde place, derrière la candidate écolo-évangéliste, Marina Silva, qui devancerait la présidente sortante de sept points au second tour de l’élection, le 26 octobre prochain.

 « Dilma Rousseff est passée du statut de favorite à une position de battue » estime lepolitologue, et spécialiste de l’Amérique latine Stéphane Monclaire. Selon lui, il lui faut donc «  réorganiser son discours et changer son image, qui sont forgés par sa communication politique depuis le début de son mandat. Elle avait bâti sa campagne sur les grands travaux qu’elle allait réaliser, et aujourd’hui, on essaie de passer sous silence les difficultés macroéconomiques qui la rattrape à toute vitesse et qui sont désormais exploitées par ses adversaires comme Marina Silva » expliquait-il à JOL Press.

Un face à face féminin ?

Face au « phénomène Marina », comme l’ont baptisé les médias brésiliens, Dilma Rousseff tente, tant bien que mal, de trouver la faille chez son adversaire, en pointant notamment son incohérence sur le mariage homosexuel, qui pourrait lui faire perdre des voix, du côté de son électorat évangélistes, mais aussi de celui des communautés homosexuelles.

Pour Gaspard Estrada, analyste politique spécialiste des relations entre la France et l’Amérique latine, même si Dilma Rousseff a perdu un « favoritisme important », l’actuelle présidente brésilienne pourra tout de même trouver les soutiens nécessaires à sa réélection : « elle dispose encore de leviers qui lui permettent d’être encore la favorite du scrutin, avec un niveau de certitude de victoire cependant moindre ».

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