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Commission européenne: «Pour une réelle représentation des femmes»

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JOL Press : Quel est l’objectif de votre initiative « W4EC (Women for European Commission) » ?
 

Karima Delli : Le but est de réveiller les consciences, de rappeler que nous sommes en 2014 et que nous ne pouvons pas nous satisfaire de la proposition qui nous ait faite. Les neuf femmes aux postes de commissaires européens correspondent au même nombre de femmes que la Commission Barroso, alors que nous avons gagné un Etat en plus. Aujourd’hui, à travers la lettre ouverte et les pétitions en ligne, nous demandons une réelle représentation des femmes au sein de la Commission européenne.

JOL Press : Comment votre mobilisation a-t-elle été perçue chez vos collègues ? A-t-elle trouvé un écho ?
 

Karima Delli : L’Europe prône le droit à l’égalité dans tous les textes. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une Commission composée de vieux messieurs qui ne souhaitent pas que la Commission soit à l’image de la société. Beaucoup de mes collègues, quelques soient les partis politiques, ont estimé qu’une véritable représentation des femmes dans cette commission était indispensable. Même le président du Parlement Martin Schulz a déclaré qu’il ne soutiendrait pas un tel collège. C’est donc une préoccupation majeure du Parlement européen qu’il faut désormais mettre en acte.

JOL Press : Les commissaires sortantes avaient elles aussi adressé une lettre ouverte à Jean-Claude Juncker pour exhorter une évolution en matière d’égalité des sexes. Qu’est-ce qui bloque ?
 

Karima Delli : Ce sont les gouvernements qui sont chargés d’envoyer des représentants…Ils apparaissent comme un peu conservateurs dans leur choix. Nous avons besoin d’une équipe qui soit compétente avant tout mais qui respecte certains principes, notamment la parité hommes-femmes. Les gouvernements doivent comprendre que les femmes ont autant de compétences que les hommes, et sont capables d’endosser le rôle de commissaire européen.

JOL Press : La France fait-elle figure de mauvaise élève ?
 

Karima Delli : C’est incroyable que depuis 1999 en France, aucune femme n’ait été nommée au poste de commissaire européen. La compétence n’est que trop rarement décisive dans le choix des commissaires, alors qu’il s’agit de postes importants : cela influence une stratégie européenne. Ce poste de commissaire n’est pas un placard doré, mais un poste clé. J’aurais aimé que la France redore son blason en nommant une femme…

JOL Press : Quelles pourraient être les conséquences de l’absence de parité hommes-femmes aux postes de commissaires européens au moment du vote sur l’ensemble de la Commission Juncker, au mois d’octobre prochain ?
 

Karima Delli : La parité hommes-femmes est un principe du parlement européen. La préoccupation d’avoir une vraie représentation des femmes est propre au Parlement européen : cela peut donc être un élément qui justifie que l’on ne vote pas ce collège au mois d’octobre.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Karima Delli est députée européenne EELV du Nord-Ouest, la deuxième plus jeune eurodéputée française.

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