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Ebola: pourquoi le virus touche davantage les femmes

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Une jeune femme à Monrovia, la capitale du Liberia (Photo: Shutterstock.com)

Ebola a déjà tué près de 3 000 personnes en Afrique de l’Ouest, selon un bilan publié jeudi 25 septembre par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’épidémie – la plus grave depuis l’identification du virus en 1976 – « s’accroît à une vitesse exponentielle » en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, constate le Dr Christopher Dye, directeur de la stratégie à l’OMS. 

Très contagieux et mortel dans environ 60% des cas, Ebola pourrait contaminer 20 000 personnes d’ici novembre si rien ne vient freiner sa propagation. Sur le terrain, les spécialistes constatent que le nombre de malades est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. 

Toilette mortuaire 

Ainsi, « près des deux tiers des cas de décès liés au virus sont des femmes », révèle l’Unicef. Au Liberia – pays le plus durement touché par l’épidémie de fièvre hémorragique (1 677 morts sur 3 280 cas) – trois quarts des malades sont des femmes, selon le ministère de la Santé. 

La transmission du virus se fait par contact direct avec le sang, les liquides biologiques (sueur, salive, sang, urine, sperme etc.) ou les tissus des personnes infectées. L’infection peut donc aussi se transmettre par le biais d’objets souillés (draps, vêtements, seringues) et les cadavres.

Or, au Liberia comme dans les pays voisins, ce sont les femmes « qui soignent les membres de leur famille quand ils tombent malades. […] Et quand quelqu’un meurt, ce sont les femmes qui préparent l’enterrement, font la toilette mortuaire », explique Julia Duncan-Cassell, la ministre de l’Egalité des sexes et du Développement du Liberia, citée par RFI

En première ligne 

Autre explication : « Les professionnels de la santé sont surtout des femmes et elles se retrouvent en première ligne dans cette crise », indique Sia Nyama Koroma, la Première dame de la Sierra Leone, dans les colonnes du Washington Post. Les infirmières « ne bénéficient pas des mêmes mesures de protection que les médecins qui sont majoritairement des hommes », ajoute Suafiatu Tunis, porte-parole d’une association qui lutte contre Ebola.

Cet état de fait est révélateur de « problèmes systémiques, comme le moindre accès des femmes à des soins de santé adéquats, ou une inégalité financière qui les éloigne des traitements disponibles », souligne Slate. Voir qui meurt en priorité lors d’une épidémie « vous montre qui a le pouvoir et qui n’en a pas », confirme Wafaa El-Sadr, professeur d’épidémiologie à l’université Columbia.

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