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Élection brésilienne: «Je ne me sens pas vraiment représenté»

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JOL Press : Avez-vous suivi avec intérêt la campagne électorale ? De manière générale, les Brésliens se sentent-ils impliqués ?

Felipe Comunello : Oui, je suis la campagne avec beaucoup d’intérêt. La majorité des Brésiliens se sentent effectivement impliqués. A moins d’une semaine du premier tour, les gens sont de plus en plus certains de leurs votes. Mais, le décès du candidat socialiste Eduardo Campos a changé le cours de l’élection : nous assistons depuis à des débats échauffés entre les différents partisans.

JOL Press : Vous sentez-vous représenté par les différents candidats en lice pour l’élection présidentielle ?
 

Felipe Comunello : Je ne me sens pas vraiment représenté. Je ne pense pas qu’on ait besoin de nouvelles figures, mais plutôt d’autre chose, qu’il reste encore à découvrir. Cela peut prendre du temps, mais il ne faut pas renoncer à chercher. Pour commencer, nous devons prendre au sérieux l’un des principaux messages des manifestations de l’année dernière : l’incapacité de notre système politique actuel à prendre en compte les demandes de la population qui vote et qui paie ses impôts. Mais on ne peut pas renoncer non plus à exercer nos droits politiques pour lesquels nous avons durement lutté pendant les années de la dictature (1964-1985).

JOL Press: Quelles sont aujourd’hui les principales préoccupations des Brésiliens ?
 

Felipe Comunello : Evidemment cela dépend de quel jeune brésilien nous parlons…Un jeune qui habite à la périphérie des grandes villes, un jeune noir ou une jeune femme, ne seront pas confrontés aux mêmes risques qu’aux autres.  Il faut bien comprendre que chaque semaine, des jeunes meurent à cause de la violence policière ou à cause des avortements clandestins. C’est cela notre quotidien.

Au-delà de cette réalité, il faut reconnâitre qu’il y a des possibilités non négligeables d’accès à l’emploi et à l’enseignement supérieur, qui ont augmenté sous les gouvernements de Lula et de Dilma Rousseff.

Aujourd’hui, je pense que les principales préoccupations des jeunes sont surtout de garder la vie sauve ou de vivre avec le minimum de risques pour les personnes qui sont les plus menacées. Nous souhaitons également accéder à l’enseignement supérieur ou public et à l’emploi.

JOL Press: Faites-vous partie des milliers de manifestants qui ont protesté avant la coupe du Monde de Football ?
 

Felipe Comunello : Oui, j’ai effectivement protesté, pas seulement contre les coûts excessifs de la Coupe du monde de football, mais plus généralement contre la mauvaise gestion des dépenses publiques : des sommes consacrées aux services publics ont été dépensées au profit de la FIFA et de ses partenaires. Les manifs pour les transports publics ont déclenché celles qui ont été plus directement associées aux coûts de la Coupe du Monde.

Reportage sur la répression policière au Brésil pendant les manifestations anti-gouvernementales :

JOL Press : Pensez-vous que la Coupe du monde a accentué l’exclusion de certains Brésiliens ?

Felipe Comunello :  Je ne pense pas que la Coupe du Monde ait aggravé le sentiment d’exclusion des Brésiliens. Encore une fois, il faut savoir de quels Brésiliens nous parlons. Ceux qui n’ont pas accès à la plupart des équipements et des services publics, ou  font face à grandes difficultés pour y avoir accès ont le sentiment d’être exclu tout le temps et pas seulement pendant la Coupe du Monde. .

JOL Press : La candidature de Marina Silva, d’origine modeste, apporte-t-elle un souffle de renouveau dans la politique brésilienne ?

Felipe Comunello : Non, Marina Silva n’a rien apporté de vraiment nouveau, sauf une vague espoir sur l’aspect environnemental, qui n’a pas été exploité pour elle-même et son entourage. En fait, son discours sur la « nouvelle politique » cache beaucoup de choses qu’on a bien connu dans les années 90.

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