Site icon La Revue Internationale

Hong Kong: En grève, les étudiants réclament plus de démocratie

[image:1,l]

JOL Press : Des milliers d’étudiants hongkongais se sont mis en grève, lundi 22 septembre. Quelles sont leurs revendications ?
 

Françoise Mengin : Cette grève fait suite à la décision de Pékin de maintenir des élections au suffrage universel direct pour le chef de l’exécutif de la Région Administrative Spéciale de Hong Kong, mais de sélectionner les candidats à l’élection. Cela revient à nier le principe de la souveraineté populaire.

JOL Press : Les étudiants peuvent-ils avoir un poids sur la décision de Pékin ?
 

Françoise Mengin : Je ne pense pas que Pékin lâchera sur ce point, car c’est beaucoup trop dangereux pour le Parti communiste chinois. En 1997, le colonisateur britannique n’a pas légué des institutions démocratiques à Hong Kong. Dès lors, en négociant la rétrocession de Hong Kong avec Londres en 1984, Pékin ne prenait guère de risque en avançant la formule « un pays, deux système ». C’est seulement après que la rétrocession de Hong Kong à la Chine eut été décidée, que le gouverneur britannique a introduit in extremis des réformes politiques qui étaient appelées à se poursuivre.

JOL Press : Quelle est l’ampleur de la coalition pro-démocratie, représenté par le groupe Occupy Central, à Hong Kong ?
 

Françoise Mengin : Elle est importante. Il faut bien voir que le processus de rétrocession de Hong Kong à la Chine n’a pas suscité la convergence des intérêts dits locaux, propre à toute décolonisation. D’un côté, l’élite hongkongaise des affaires a reporté son allégeance passée au colonisateur britannique vers le pouvoir central chinois. De l’autre, les mouvements démocratiques avant comme après la rétrocession n’ont jamais demandé l’indépendance de Hong Kong : ils ont milité pour la plus large autonomie au sein de République populaire de Chine, mais aussi pour que les réformes démocratiques à Hong Kong aillent de pair avec des réformes politiques en Chine. Quelle que soit l’issue du mouvement de désobéissance civile et de la grève des étudiants, leurs actions posent ouvertement la question du politique en Chine. C’est ce qui différencie radicalement les mouvements d’opposition hongkongais et taiwanais. A Taiwan, l’opposition s’est structurée autour de la démocratisation du régime mais aussi de l’indépendance de Taiwan en tant qu’Etat souverain. Jusqu’à une période très récente les indépendantistes taiwanais n’ont pas manifesté de solidarité active avec les mouvements démocratiques hongkongais ou les dissidents chinois.

JOL Press : Un récent sondage révèle que 21 % des habitants pensent quitter Hong Kong « en raison de son avenir politique incertain ».  Assiste-t-on à un durcissement de l’exaspération de la population ?
 

Françoise Mengin : Oui, incontestablement. Néanmoins, on ne peut tirer aucune conclusion de ce sondage sans connaître exactement la composition sociologique de ces 21%. Pour quitter le territoire, encore faut-il en avoir les moyens et les plus fortunés sont en général pro-Pékin.

———————–

Françoise Mengin est Directrice de recherche à Sciences Po, et spécialiste de la Chine.

Quitter la version mobile