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L’Allemagne, toujours aussi bonne élève sur le plan budgétaire

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La chancelière allemande Angela Merkel (Photo: Shutterstock.com)

JOL Press : Concrètement, que signifie cet excédent budgétaire ? 
 

Marc Touati : Cela veut tout simplement dire que les recettes publiques sont plus importantes que les dépenses publiques. Cet excédent est une bonne nouvelle pour la première économie européenne. C’est la preuve que le budget et les comptes de l’Etat sont bien gérés. Il n’y a pas de gaspillage. Avec cet excédent, l’Allemagne va pouvoir rembourser une partie de sa dette. Cela donnera aussi à Berlin plus de marges de manœuvre en cas de coup dur (récession, crise…).

Dans la terminologie keynésienne, la relance budgétaire permet de redynamiser l’économie, quitte à creuser les déficits. Ensuite, les entreprises prennent le relais de l’Etat, permettant le remboursement des déficits grâce à la croissance. C’est ce qui se passe en Allemagne. 

JOL Press : En quoi l’annonce de cet excédent est-elle importante ? 
 

Marc Touati : C’est la première fois que l’Allemagne est dans le vert sur les six premiers mois de l’année depuis la réunification, en 1990. A titre de comparaison, la France est dans le rouge depuis 1974. Les Allemands ont su contrôler leurs dépenses tout en générant de la croissance. Outre-Rhin, les dépenses publiques représentent 45% du PIB, contre 57% en France !

JOL Press : Dans le même temps, la croissance allemande fléchit… 
 

Marc Touati : Le ralentissement de la croissance observé au deuxième trimestre – avec un repli de 0,2% du PIB après +0,7% au premier trimestre – est lié à un effet de correction de la vigueur passée, ainsi qu’à l’embargo russe. De plus, la crise ukrainienne sape le moral des entrepreneurs, qui limitent leurs investissements. Sinon, le socle de la croissance allemande reste solide.

JOL Press : Cet excédent budgétaire peut-il être à double tranchant ? 
 

Marc Touati : Comme je l’indiquais plus tôt, cet excédent va permettre à Berlin de rembourser une partie de sa dette et de relancer la machine économique au moment où la croissance faiblit. Dans le reste de l’Europe, en déficit, l’excédent allemand apparait presque indécent. Certains dirigeants, François Hollande en tête, reprochent à leur voisin de « jouer perso » en ne consommant pas suffisamment en dehors des frontières allemandes. C’est le monde à l’envers !

Les Allemands, eux, ont respecté la stratégie de Lisbonne décidée par les pays membres de l’Union européenne en 2000. Les Etats s’étaient alors engagés à poursuivre les efforts d’assainissement budgétaire et de diminution des dépenses superflues. Aujourd’hui, les 16,1 milliards d’euros d’excédent sont le fruit des efforts fournis par les Allemands. C’est un peu trop facile de leur demander de partager leurs bénéfices avec ceux qui ont dépensé sans compter.

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