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L’Argentine juge d’anciens militaires accusés de crimes contre l’humanité

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Les Grands-mères de la Place de mai mène un combat acharné pour retrouver leurs petits-enfants disparus pendant la dictature en Argentine (1976-1983) – Photo DR meunierD – Shutterstock

Un procès s’est ouvert lundi 22 septembre en Argentine pour juger quatre anciens militaires , pour leur implication dans le centre clandestin Monte Peloni pendant la dictature. Pour la première fois, des médecins, et une obstétricienne impliqués dans le vol de bébés pendant la dictature militaire comparaissent également devant la justice.

Conditions de détention

Détenues dans de terribles conditions, les prisonnières politiques enceintes étaient placées dans des centres de détention, et accouchaient dans des maternités clandestines telle que l’ESMA – La Escuela de Mecánica de la Armada -, une école de la Marine argentine située  à Buenos Aires. Les détenues accouchaient parfois encagoulées et les mains menottées. Leurs bébés étaient ensuite confiés à des militaires ou des familles proches du pouvoir.

Procès historique en 2011

En mars 2011, un procès historique s’est déroulé à Buenos Aires. Sur le banc des accusés : deux anciens dictateurs, Jorge Videla et Reynaldo Bignone, ainsi que six autres militaires. C’est lors de ce procès que le vol de bébés a été jugé et reconnu pour la première fois, « non comme l’œuvre de quelques fous à lier qui voulaient garder les enfants comme un butin de guerre, mais comme un plan organisé au plus haut niveau de l’Etat » rappelle à JOL Press, Alexandre Valenti, réalisateur du documentaire « Argentine, les 500 bébés volés de la dictature ».

La lutte acharnée des Grands-mères de la Place de mai

En Argentine, de nombreuses campagnes de sensibilisation ont été menées par les Grands-mères de la Place de mai pour pousser les jeunes nés entre 1975 et 1980, ayant un doute sur leur identité, à effectuer un test ADN. «  Ces programmes se sont développés à partir des années 1986-1987: jusqu’à cette époque, ce sont les Grands-mères qui cherchaient activement les enfants. Elles ont ensuite inversé le processus en faisant en sorte que ce soit les adolescents et jeunes adultes ayant un doute sur leur identité qui fassent le test ADN » explique à JOL Press, Morgan Donot, doctorante en science politique à l’IHEAL, auteure de l’ouvrage « Discours politiques en Amérique Latine ».

Spot de sensibilisation diffusé sur le site officiel des Grands-mères de la Place de mai:

Estela de Carlotto, figure de proue des Grands-mères

L’ouverture du procès en Argentine intervient près de deux mois après la découverte du petit-fils de la présidente des Grands-mères de la Place de mai Estela de Carlotto, le 111ème des 500 enfants  volés par la junte militaire.

« Estela de Carlotto est le symbole médiatique de la lutte des Grands-mères de la place de Mai » raconte Alexandre Valenti, qui l’a rencontré lors du tournage du documentaire. « Le fait qu’elle vienne de retrouver son petit-fils redonne « un moteur à la fusée » si l’on peut dire pour la propulser et continuer le combat » poursuit-il.

Selon le réalisateur argentin exilé en 1976, cet évènement montre bien que la lutte qui perdure depuis plus de 35 ans doit continuer : « il reste encore plus de 300 enfants  : en retrouvant la trace de Guido de Carlotto, cela prouve bien qu’il ne faut pas arrêter ». Sur les 500 bébés volés pendant la dictature, 115 enfants ont aujourd’hui été retrouvés grâce au combat des Mères et des Grands-mères de la Place de mai, qui continuent de défiler tous les jeudis sur la Place de mai en face du palais du gouvernement, à Buenos Aires.

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