Site icon La Revue Internationale

Le Dalaï-Lama, chef spirituel des bouddhistes tibétains, n’aurait pas de successeur

[image:1,l]

Portrait d’un homme de foi

Tensin Gyatso, 79 ans, est né dans le village de Taktser au Tibet, en 1935. A l’âge de 3 ans, il est désigné Dalaï-lama et devient ainsi le 14ème chef spirituel du bouddhisme tibétain.

En 1959, il s’exile en Inde, suite à l’invasion et l’annexion de son pays par la Chine en 1951. Là-bas, il crée le gouvernement tibétain en exil qu’il dirige jusqu’en mars 2011.

Il reçoit le Prix Nobel de la paix, en 1989, pour avoir tant œuvré à la résolution du conflit sino-tibétain par la non-violence.

Laisser le choix aux Tibétains d’avoir ou non un Dalaï-Lama

Dans sa résidence de Dharamsala, le Dalaï-lama a été interviewé par le journal allemand Welt am Sonntag.  

Il confie la décision au peuple tibétain de désigner ou non un nouveau Dalaï-Lama car, de son propre point de vue, l’institution politique et religieuse du Dalaï-lama devrait disparaître.

« Les gens qui pensent en termes politiques doivent avoir conscience par conséquent que cette période de quelque quatre cent cinquante ans où nous avons eu cette institution du dalaï-lama devrait avoir fait son temps ».

Il est aussi serein en ce qui concerne la conservation de la culture tibétaine.

« Le bouddhisme tibétain ne dépend pas d’une seule personne. Nous avons une très bonne organisation avec des moines et savants hautement qualifiés. Nous avons construit au cours des cinq dernières décennies, étape par étape, une forte communauté ici en Inde ».   

La disparition d’un symbole

La rupture de cette tradition, symbolisant la renaissance du bouddha, est un choc pour la population tibétaine (Le premier Dalaï-Lama – Gendun Drub – étant entré en fonction en 1391). 

Le bouddha,  Siddhārtha Gautama, l’éveillé, se réincarnant successivement dans le Dalaï-Lama pour le bien de tous, ne pourra plus partager, avec le peuple, la vérité qu’il possède sur le monde, étant donné qu’il ne sera plus reconnu. 

Le Dalaï-Lama et la Chine

L’armée populaire de libération (APL), dirigée par Mao Zedong a attaqué l’armée tibétaine en 195040 000 militaires chinois contre 8 500 tibétains.

En 1951, Tenzin Gyatso a, sous la menace d’une avance militaire chinoise, signé un accord en 17 points avec le gouvernement de la République Populaire de Chine (RPC) affirmant la souveraineté chinoise sur le Tibet

Malgré que les droits de l’Homme continuent d’être violés de manière flagrante par la Chine au Tibet, le Dalaï-lama soutient  Xi Jinping, président de la RPC depuis le 14 mars 2013, car il pense qu’il pourrait être à l’origine d’une société plus « équitable, plus harmonieuse »

« Bien que nous ayons encore une mauvaise relation avec notre voisin la Chine, cela ne durera pas toujours. Ce qui importe maintenant, c’est que la communauté internationale soutienne la Chine moderne à être un pays démocratique – avec les droits de l’homme, la primauté du droit et la liberté de la presse ». Si la chine devient démocratique, le Tibet bénéficiera de ce changement. 

Xi Jinping « lutte contre la corruption résolument (…)il est courageux, il s’est fait de nombreux ennemis parmi les anciens cadres. Certains responsables chinois de haut rang ont déjà été arrêtés (…) Il a également évoqué le bouddhisme comme une partie importante de la culture chinoise lors de sa visite à Paris en Mars de cette année ».

Contre la domination chinoise les tibétains protestent en s’immolant. Un geste qui a fait 130 morts, selon le Premier ministre tibétain en exil.   

La politique de Xi Jinping

Initialement considéré comme un possible réformateur, Xi Jinping a, depuis son arrivée au pouvoir, renforcer la censure, en particulier sur Internet. Le quotidien chinois Global Times a publié, en juillet 2014, le nouveau règlement de l’administration chargée de la presse.

De manière générale, les journalistes chinois n’avaient pas le droit de traiter des sujets « sensibles ». Dorénavant, dévoiler les « secrets d’État, secrets commerciaux et des informations non officielles » est interdit. Ils sont également soumis à « l’interdiction d’écrire des articles critiques, à moins d’avoir reçu l’approbation de l’unité de travail ».  « La contestation et le développement de la société civile ne sont, de manière générale, plus tolérés », d’après les explications de Joseph Cheng, expert en politique chinoise à la City University de Hong Kong dans le journal Le Point.

Plusieurs personnalités critiques à l’égard du régime ont également été arrêtées, d’autres destituées de leur poste, comme le professeur d’économie à l’université de Pékin, Xia Yeliang en décembre 2013.

« On ne compte plus les personnalités arrêtées, jugées et condamnées pour troubles à l’ordre public, le plus souvent au mépris des procédures » propos du journal Le Monde.

Xi Jinping empeche également Hong-Kong d’élire, par un suffrage universel direct, leur prochain exécutif. 

Le sort du Tibet entre les mains de la Chine, encore une fois…

« Le titre de Dalaï-lama est conféré par le gouvernement central, selon une histoire séculaire », a déclaré Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise, le mercredi 10 septembre.

D’après la Chine, le Dalaï-lama n’aurait aucun droit de mettre fin à cette tradition, il l’accuse de « chercher à pervertir l’histoire ».

Si le Dalaï-lama ne se charge pas de nommer un successeur, la Chine executera cette tâche.

Chose qu’elle a déjà faite. Gedün Chökyi Nyima, un garçon originaire du nord du Tibet, désigné comme la réincarnation du 10e panchen-lama, le deuxième plus haut titre dans le bouddhisme tibétain est mort en 1989, après avoir critiqué la Chine. Gyeltsen Norbu a été désigné par Pékin comme son remplaçant.

Quitter la version mobile