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L’économie française à la recherche d’oxygène

Le nouveau gouvernement cherche des solutions pour sortir du trou dans lequel le Parti socialiste et l’UMP avant lui se sont laissés enfermer. Pas facile comme mission. La croissance n’est pas là, la déflation guette et la confiance fait cruellement défaut aux ménages et aux entreprises asphyxiés par l’impôt. Les motifs de crainte sont nombreux et légitimes, et le pseudo débat sur la nouvelle ligne économique de l’exécutif n’accouchera d’aucune solution concrète ou efficace.

Une situation au-delà du tolérable

Plus de cinq millions de chômeurs, une croissance aux abonnés absents et une crise politique profonde susceptible d’entraîner la majorité et même les institutions de la Ve République… Le tableau dressé est apocalyptique, mais malheureusement ancré dans le réel. Les discours de dernière minute lancés par le Premier ministre à un parterre de chefs d’entreprises ravis n’y changeront rien. L’appareil productif, les investissements et la confiance sont partis. Seuls des mesures fortes et du temps les feront revenir dans le giron français.

Les prévisions du Gouvernement tablaient sur une croissance de 1 % en 2014, les révisions font état de 0,5 % et la réalité devrait finalement avoisiner un piteux 0 %. Plusieurs dirigeants européens, François Hollande en tête, se montraient optimistes quant à la reprise en Europe. En mai dernier, le président déclarait que nous étions entrés dans une « nouvelle conjoncture économique ». Autrement dit, une conjoncture beaucoup plus favorable. Le démenti est cinglant et les solutions au redressement sont toujours hors de portée. La majorité (qui sera encore en place dans les prochaines semaines ?) est sans ressource et l’opposition ne fait que railler un gouvernement au bord de l’effondrement. Les remèdes viennent à tarder et les contours d’une France et d’une Union européenne à deux pas du KO sont de plus en plus marqués.

Ailleurs, tout va bien (ou presque)

La situation est d’autant plus inquiétante que cette spirale est propre à l’Europe. Partout ailleurs ou presque, les économies se développent et en font profiter une part croissante de la population. Certes, des pays comme la Chine et le Brésil souffrent de terribles inégalités. La croissance est moins forte qu’avant la crise, mais son souffle se fait toujours sentir. Le Brésil a connu 2,5 % de croissance en 2013 (contre 7,5 % en 2010). L’année 2014 est plus difficile avec 0,7 % attendu. Si le géant d’Amérique latine ne brille plus aussi intensément, il peut repartir très vite. D’autant qu’il pourrait profiter des bisbilles entre la Russie et l’Union européenne.

Le Chine, elle, triomphe toujours de toutes les prédictions qui chaque année annoncent une catastrophe imminente. Les autorités chinoises, très attentives aux variations de l’économie et à ses conséquences sociales font en sorte de réguler l’ensemble des indicateurs économiques. Les dirigeants devraient atteindre l’objectif de 7,4 % de croissance du PIB. Un chiffre loin des performances records d’avant crise (11,4 % en 2008), mais dont ne peuvent plus rêver les Etats-Unis et encore moins l’Union européenne.

Le modèle chinois est-il plus à même de répondre aux exigences d’une économie mondialisée et volatile ? Une ligne économique claire dotée des moyens (énormes) de l’appareil étatique et d’entreprises de plus en plus fortes, capables de rivaliser avec les Occidentaux sur leur propre terrain. Les géants chinois se comptent aujourd’hui par centaines. Outre les monstres de l’énergie, aucun secteur n’échappe à la montée en puissance de la Chine : télécommunications, aérospatiale, automobile, assurances. La croissance est au rendez-vous et les entreprises de l’Empire du Milieu, à l’instar des pays du Golfe, sont en mesure d’investir dans de nombreuses firmes américaines et européennes. Fosun International, dont le cœur de métier est l’assurance, peut se targuer d’avoir une croissance de 8,4 % rien que pour le premier semestre 2014. C’est ainsi, que le groupe multiplie les investissements au long terme comme dans le projet shanghaien du Bund Finance Center ou du français Club Med. Les groupes chinois font aujourd’hui figure de partenaires solides, souvent éloignées de la réputation de prédateurs dont les ont habillés des groupes occidentaux envieux de la réussite de leurs concurrents asiatiques.

Aujourd’hui, le principal danger pour l’économie chinoise vient du marché immobilier. D’ici à 2020, les villes champignons ne pourront plus être construites sur le même rythme et un changement de politique doit être enclenché afin de ne pas laisser la bulle grossir et exploser. Cet écueil connu de tous, s’il est franchi avec succès, placera la Chine dans une situation très positive. Seul restera le problème des exportations vers une Europe atone qui aura encore perdu de sa superbe si des décisions ne sont pas prises rapidement.

Un retour en force  de l’économie européenne qui passera forcément par un réinvestissement de la France dans les domaines politiques et économiques. L’Allemagne ne peut pas faire tout toute seule bien longtemps comme la situation actuelle le prouve. La France doit se donner les moyens de ses ambitions. Pour elle-même, mais aussi pour l’Europe.

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