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Mali: un an après l’élection du président IBK, quel bilan?

05.09.2014 par La Rédaction

Entretien avec André Bourgeot, directeur émérite au CNRS, spécialiste du Mali et de la zone saharo-sahélienne.

Il était considéré comme « l’homme de la situation ». Il y a un an, le président Ibrahim Boubacar Keïta, ou IBK, prenait la tête de la République du Mali, après des mois d’instabilité politique et sécuritaire. Un an après, l’heure est au bilan. Malgré un début de reconstruction de l’appareil d’Etat et la volonté affichée de régler la crise au nord du pays, la route vers la pacification totale du Mali est encore longue.

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JOL Press : Un an après l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta, quel bilan peut-on faire sur le plan sécuritaire ? Les villes du Nord comme Kidal, Tombouctou ou Gao, qui ont subi des incursions djihadistes, sont-elles aujourd’hui pacifiées ?
 

André Bourgeot : Je crois que le terme de pacification est abusif, au vu de ce qui s’est passé début septembre : des véhicules de la Minusma [la mission de l’ONU au Mali] ont sauté sur des mines et il y a eu quatre morts. Le nord du Mali n’a pas été sécurisé : il y a trois mois, des roquettes ont été lancées sur Tombouctou, probablement par le Mujao [Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest].

La ville a également été le théâtre d’affrontements intercommunautaires, notamment entre Arabes et Touaregs. Il y a toujours des turbulences politico-militaires, et ce dans un contexte où les autorités maliennes sont actuellement en train de négocier, à Alger, avec les groupes armés du Nord pour essayer de trouver une solution et de déboucher sur des accords de paix.

JOL Press : Concernant ces discussions à Alger, sur quels points le gouvernement malien et les mouvements rebelles du nord (Touaregs et Arabes) n’arrivent-ils pas à s’entendre ?
 

André Bourgeot : Pour l’heure, le point d’achoppement concerne les revendications historiques du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et d’un certain nombre de rebelles du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), qui revendiquent toujours l’autonomie de la région.

Il semble qu’ils aient abandonné la référence à l’indépendance mais tiennent à un statut particulier pour cette région. Pour les autorités maliennes, il est exclu que l’on aille dans le sens d’un statut spécifique au nord du Mali. C’est donc la principale pierre d’achoppement au cœur de ces négociations, qui doivent encore durer un mois.

C’est aussi dans ce contexte-là que l’on voit proliférer de nouveaux groupes, armés ou non, qui revendiquent leur participation aux négociations d’Alger, car ils considèrent que les groupes reconnus et présents à la table des négociations ne représentent pas du tout les populations du septentrion malien [le nord du Mali]. Avec la formation de ces petits groupes, on assiste désormais à un processus de « clanisation » qui crée beaucoup de confusion. Le renvoi à des bases ethniques est par ailleurs malsain pour l’évolution de ces négociations.

JOL Press : IBK avait fait de la lutte contre la corruption un des objectifs majeurs de son mandat. Qu’en est-il aujourd’hui ? Et quel bilan économique peut-on tirer de cette première année ?
 

André Bourgeot : Sur le plan de la lutte contre la corruption, la question que l’on peut se poser est de savoir si ce n’était pas une simple déclaration d’intention. À ma connaissance, IBK n’a pas nommé de « Monsieur corruption », qui aurait eu pour objectif de combattre la corruption au sein de l’appareil d’Etat et dans les différents secteurs publics.

Sur le plan économique, on voit bien qu’il n’y a pas eu de relance à cause de la situation politique qui prévaut notamment dans le nord mais plus largement dans l’ensemble du Mali. Il n’y a pas d’éléments concrets qui permettraient de dire que le gouvernement a une réelle stratégie de relance de l’économie malienne.

JOL Press : Les trafics illégaux (armes ou drogue) continuent-ils à prospérer au Mali et dans la région ?
 

André Bourgeot : Oui, les trafics continuent de passer par l’espace saharien et au nord du Mali. Il n’y a pas eu, à ma connaissance, de véritable lutte engagée contre les différents trafics d’armes et de cocaïne. Cela pose aussi un problème dans les actuelles négociations avec le nord, parce que les divergences qu’il peut y avoir entre certains groupes armés rebelles renvoient aussi au fait que chacun veut contrôler ces différents trafics.

Dans un espace qui a été structurellement perturbé par la corruption et par certaines pratiques mafieuses, ces trafics ne vont pas disparaître du jour au lendemain. C’est d’ailleurs un des aspects qui permet de dire que le nord du mali n’est pas complètement sécurisé ni assaini. Dans ce contexte, l’intégrité et la souveraineté territoriale du pays peut difficilement s’exercer sur l’ensemble du territoire malien.

JOL Press : Quatre soldats de la Minusma ont été tués mardi par des djihadistes. Comment la mission de l’ONU est-elle perçue par les Maliens ?
 

André Bourgeot : Les propos tenus par les Maliens les plus politisés sont des propos critiques, pas simplement à l’égard de la Minusma mais aussi à l’égard de l’opération française Serval (qui s’appelle désormais « opération Barkhane »). Ils considèrent qu’il y a des formes de collusion ou de complicité entre le MNLA, des éléments de l’ex-Serval, et de la Minusma, dont ils considèrent par ailleurs qu’elle ne fait pas réellement son travail.

JOL Press : Le président malien a été élu par une très large majorité. De quelle marge de manœuvre dispose-t-il aujourd’hui ?
 

André Bourgeot : IBK a été élu avec 77,62 % des voix, c’était un quasi-plébiscite. Mais il n’a pas eu une stratégie de changement et s’est plutôt inscrit dans la continuité : on l’a vu au nord, où les conditions d’application de l’accord préliminaire de paix de Ouagadougou ont toujours été très flexibles. Il y a une forme de désillusion, de déception au sein de la population. Il a été contesté par l’opposition mais aussi par des gens proches de lui, qui ont considéré qu’il n’avait pas tenu ses promesses, et que ce n’était pas, en définitive, « l’homme de la situation ». Il lui sera difficile de redresser le pays, sauf s’il renoue avec le peuple.

La situation au nord du Mali est très claire : s’il avait pris l’initiative de faire une conférence régionale sur l’ensemble des gouvernorats du Nord, c’est-à-dire Tombouctou, Gao et Kidal, en impliquant toutes les forces vives de la nation, s’il avait eu la volonté d’organiser un référendum, on ne serait pas dans la situation actuelle. Il fallait réenclencher une dynamique avec le peuple.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

——-

André Bourgeot est anthropologue, directeur émérite au CNRS, spécialiste du Mali et de la zone saharo-sahélienne. Il a participé à la rédaction de plusieurs ouvrages sur la question, dont Le Mali entre doutes et espoirs. Réflexions sur la Nation à l’épreuve de la crise du Nord, Éditions Tombouctou, juin 2013.

La Rédaction


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