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MIO: Qui sont les djihadistes du Mouvement islamique d’Ouzbékistan?

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(Photo : Anton_Ivanov/Shutterstock.com)

Comme de nombreux pays de la région, l’Ouzbékistan est également touché par l’islamisme radical. Qui sont les islamistes du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) ?
 

René Cagnat : Il s’agit d’un mouvement sunnite né dans le Ferghana sous l’impulsion de deux personnages, Djouma Namangani et Tohir Yo’Idosh. Le premier était militaire et le deuxième religieux. Fondé en 1997, le MIO a vite été surveillé de très près par le dictateur Islom Karimov et par la suite, dès 1999, a été condamné pour avoir organisé des attentats contre le président.

Ce mouvement, qui intervenait alors plutôt clandestinement dans le Ferghana est parti vers l’Afghanistan du nord et dans certaines régions comme la vallée de Racht, au Tadjikistan. Ils se sont ensuite déplacés vers le Waziristan, après avoir été chassés du Tadjikistan, où ils sont encore actuellement.

Par qui sont-ils influencés ?
 

René Cagnat : C’est un mouvement sunnite militant à vocation révolutionnaire. Longtemps influencés par Al-Qaïda, ils ont rapidement été considérés comme un mouvement extrémiste et ont été placés sur la liste des mouvements à combattre par les Etats-Unis dès 2001.

Leur orientation est plutôt salafiste sans que ce ne soit vraiment perceptible. Dès leur création les membres du MIO ont bénéficié d’une aura militaire grâce à leur premier chef militaire mort en 2001. Cette aura leur a valu d’attirer des Ouzbeks mais également des étrangers provenant de toute l’Asie Centrale, y compris des Ouigours, des Kazakhs et des Tadjiks. C’est la grande caractéristique du MIO qui n’est en soit pas très important puisqu’il ne regroupe que quelques centaines de combattants.

Cependant, ces combattants sont aguerris et à partir de 2001, ce mouvement a été en proie à des divisions intestines qui ont abouti à une structuration clandestine par réseau. Cette organisation le rend beaucoup plus difficile à cerner.

Aujourd’hui, ils agissent en coopération avec d’autres mouvements comme l’Union du djihad islamique (UDI) ou encore le Parti islamique du Turkestan avec qui ils agissent parfois.

Les islamistes du MIO pourraient-ils prêter allégeance à l’Etat Islamique ?
 

René Cagnat : C’est probable. Pour le moment cependant, on manque de recul pour observer des tendances. Compte tenu de ce qui se passe actuellement en Afghanistan, où la situation n’est pas mûre, ils pourraient se tourner vers l’Afghanistan pour coordonner leurs actions avec les talibans.

Quelles sont les ambitions régionales et nationales du MIO ?
 

René Cagnat : D’abord théologiques. Le MIO veut construire un califat international en commençant par l’Asie Centrale. Le processus qui existe actuellement en Irak pourrait apparaître en Asie, et pourquoi pas en Ouzbékistan, à l’occasion de la succession de Karimov.

Mais c’est davantage en Afghanistan et au Pakistan que pourrait se produire ce scénario.

Représentent-ils un danger pour l’Etat Ouzbèque ?
 

René Cagnat : Ils représentent un danger potentiel mais aujourd’hui, le MIO n’a plus son aura militaire. Il se réduit à quelques centaines de partisans répartis en Afghanistan du nord, au Waziristan et quelques groupes partis, dit-on, vers la Syrie.

Ils peuvent cependant représenter un potentiel de déstabilisation pour l’Asie Centrale lors d’événements relatifs aux successions en Ouzbékistan ou au Kazakhstan.

Propos recueillis par Sybille de Larocque pour JOL Press

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