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Police, éducation, prédication… Que font les femmes parties faire le djihad?

18.09.2014 par La Rédaction

Aujourd’hui, 930 ressortissants français ou étrangers résidant en France sont impliqués dans les combats djihadistes en Syrie et en Irak. Parmi eux, au moins 60 femmes, peut-être une centaine selon les experts, sont parties faire le djihad en famille ou seules pour y épouser un combattant. Qui sont-elles ? Pourquoi partent-elles et que font-elles une fois sur place ? Entretien avec David Thomson, reporter à RFI et spécialiste des mouvements djihadistes.

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(Crédit photo: Milkovasa / Shutterstock.com)

JOL Press : Les femmes qui partent faire le djihad combattent-elles, avec les armes, aux côtés des djihadistes en Syrie et en Irak ? D’où viennent ces images de femmes armées et entièrement voilées qui circulent sur Internet ?
 

David Thomson : Certaines brigades, notamment de Français qui combattent sous la bannière du Front al-Nosra [la branche syrienne d’Al-Qaïda], ont déjà diffusé des images de femmes en sitar [le voile intégral], s’entraînant avec des kalachnikovs. Pour autant, aucune femme ne combat en Syrie et en Irak.

Elles apprennent en fait à manier les armes et peuvent en porter lorsqu’elles se promènent dans la rue. L’insécurité est omniprésente, et certaines femmes sont armées en cas d’attaque. Mais elles ne combattent pas au sein de « l’Etat islamique » (EI), du Front al-Nosra ou d’Ahrar al-Sham, les principaux groupes islamistes d’insurrection. Toutes les brigades que j’ai contactées m’ont confirmé cela.

En revanche, certaines femmes souhaitent combattre et cela peut d’ailleurs être une cause de divorce. C’est le cas d’un couple de Français dont la femme voulait prendre les armes pour combattre en Syrie avec son mari. Mais c’était impossible : les émirs n’ont pas donné l’autorisation aux femmes de combattre pour l’instant, et son mari n’était pas d’accord non plus. En revanche, il n’est pas impossible que cela change et qu’elles finissent un jour par participer au combat.

JOL Press : Dans quel but certaines femmes partent-elles de France ou d’Europe pour faire le djihad en Syrie ou en Irak ?
 

David Thomson : Les femmes qui quittent leur pays pour rejoindre les djihadistes en Syrie ou en Irak partent exactement pour les mêmes raisons que les hommes. Avant la proclamation du califat [par le leader de « l’Etat islamique », Abou Bakr al-Baghdadi], les djihadistes, hommes et femmes, voulaient participer à ce moment historique à leurs yeux qu’est l’instauration du califat, qui s’inscrit dans une logique prophétique. Tous partaient pour cela.

Ils considéraient qu’ils étaient en train de vivre une révélation annoncée dans les hadiths, les textes saints, depuis des siècles. Ils ont aussi la conviction que le fait de rester en terre de « mécréance » signifie sortir de l’islam. Ce sont les principales raisons du départ, même si d’autres raisons plus personnelles peuvent les pousser à partir.

JOL Press : Quel est leur rôle une fois là-bas ?

David Thomson : Les femmes s’occupent en grande partie de l’éducation des enfants et les gardent quand leur mari n’est pas là. Elles doivent les élever dans « l’amour du djihad ». Aujourd’hui, il y a donc en Syrie et en Irak plusieurs dizaines de jeunes petits Français élevés de cette manière, pour devenir de futurs djihadistes. C’est une réalité.

S’il n’y a pas de brigades combattantes de femmes, il y a néanmoins des groupes de femmes (comme dans la ville de Raqqa en Syrie où la charia – la loi islamique – est imposée par les djihadistes de l’EI) qui font partie de la police islamique pour faire appliquer leur conception de la charia aux femmes. Car il est difficile pour un homme, même de la police, d’aller voir une femme pour lui dire de bien mettre son sitar, par exemple. Ce sont donc des femmes qui s’en chargent. Elles s’occupent aussi d’interdire la vente de tabac (dans la ville de Raqqa, les cigarettes étaient souvent vendues par des femmes).

Le troisième rôle des femmes, c’est sur internet : elles font une prédication djihadiste, pour inciter les femmes à émigrer des pays étrangers vers les terres prises par l’EI.

JOL Press : Empruntent-elles les mêmes voies que les hommes pour se rendre en Syrie ou en Irak ?
 

David Thomson : Oui. Seulement, elles partent généralement avec un homme ou avec une promesse de mariage d’un homme sur place, même si certaines d’entre elles peuvent partir seules et célibataires.

Il y a donc plusieurs cas de figure : soit la femme se marie, juste avant de partir, avec quelqu’un qui souhaite faire le djihad, et les intentions djihadistes priment alors sur le sentiment amoureux. Soit elle est déjà mariée et part au djihad en famille. Soit elle part seule, en ayant obtenu parfois une promesse de mariage, indirectement via une autre femme qui a servi « d’entremetteuse », ou directement avec un homme sur place avec qui elle a pu échanger sur les réseaux sociaux ou par Skype.

Dans ce dernier cas de figure, lorsque la jeune fille arrive là-bas, les parents en France reçoivent généralement un coup de téléphone du « prétendant » qui, dans sa conception de la charia, doit obtenir l’autorisation du père, tuteur de la jeune fille au regard de la loi islamique. Ce dernier n’a souvent pas vraiment le choix.

JOL Press : Quelle est la proportion de femmes étrangères impliquées dans le djihad en Syrie et en Irak aujourd’hui ?
 

David Thomson : Le ministre français de l’Intérieur vient de donner un chiffre très précis : 60 femmes françaises sont là-bas. On peut par ailleurs estimer qu’au total, un peu moins d’un tiers des muhajirun [étrangers] partis en Syrie et en Irak sont des femmes.

Il y en a sûrement plus qui y sont allées, certaines sont déjà rentrées. C’est en effet plus difficile pour les femmes que pour les hommes de rester, notamment parce qu’elles sont beaucoup plus confrontées à l’insécurité et à l’ennui (c’est une explication qui revient souvent dans les témoignages). Certains problèmes de type sanitaire peuvent aussi pousser les femmes à rentrer. Je sais qu’une d’elles est enceinte et sur le point d’accoucher à Alep. On imagine les conditions dans lesquelles elle peut se trouver.

Aujourd’hui, on assiste à une émigration djihadiste familiale. Ils partent dans une logique d’implantation communautaire durable. C’est la première fois qu’il y a des départs aussi importants de familles entières vers le djihad. À l’époque de l’Afghanistan ou de la Tchétchénie, il était beaucoup plus compliqué de partir avec sa femme et ses enfants. Aujourd’hui, il y a des structures, des appartements, des villes détenues par les djihadistes qui sont là pour accueillir tout ce monde.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

——

David Thomson est reporter pour RFI et ancien correspondant en Tunisie et en Libye pendant les révoltes arabes, entre 2011 et 2013. Il a réalisé le film Tunisie, la tentation du Jihad et a publié le livre Les Français jihadistes, éditions Les Arènes, mars 2014.

La Rédaction


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