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Porto Alegre: première ville à avoir misé sur le budget participatif

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La ville de Porto Alegre au Brésil est la première a avoir lancé un dispositif de budget participatif en 1989 – Photo DR Shutterstock

La mairie de Paris s’apprête à lancer son expérience budget participatif, un dispositif qui permettra aux citoyens de déterminer l’utilisation de 5% du budget d’investissement de la capitale. La France est en retard en matière budget participatif, en comparaison avec d’autres pays européens, mais surtout à l’Amérique latine, notamment au Brésil où la première initiative de budget participatif a vu le jour à la fin des années 80.

Innovation démocratique

C’est la ville de Porto Alegre, au Brésil qui lance l’expérience en 1989. Après avoir remporté les élections municipales, le Parti des Travailleurs (PT) met en place le processus. « Cela a été  l’invention conjointe d’une équipe municipale marquée très à gauche, qui voulait renouveler la politique et changer la société, et des mouvements sociaux des favelas, dans un contexte d’ouverture démocratique du Brésil, et d’une constitution qui incitait à la participation » explique à JOL Press Yves Sintomer, professeur des Universités dans le département de science politique de l’Université de Paris 8 et auteur de l’ouvrage Les budgets participatifs en Europe (Editions La Découverte).

Ce dispositif de « démocratie directe, volontaire et universel » comme le définit l’économiste brésilien Ubiratan de Souza, contribue à la transparence budgétaire, à lutter contre la pauvreté, et à  renforcer l’efficacité de la gestion publique.

Porto Alegre: un « succès non négligeable »

Si on ne peut pas qualifier l’expérience de Porto Alegre de « recette miracle », c’est tout de même un « succès non négligeable » analyse Yves Sintomer. « D’ailleurs, malgré l’alternance politique, le dispositif perdure. D’après des enquêtes effectuées par des chercheurs et par la Banque mondiale, l’expérience a contribué à la réduction de la pauvreté, une constante des budgets participatifs au Brésil, et plus largement en Amérique latine » poursuit-il.

Réduction du clientélisme

Autre point positif souligné par le professeur : la réduction du  clientélisme : « toutes les enquêtes montrent que les demandes des citoyens n’ont plus besoin d’être négociées entre portes closes, avec des responsables politiques, puisqu’elles sont désormais décidées publiquement » explique encore Yves Sintomer.

L’exemple de Porto Alegre inspire les villes du monde

Depuis vingt-cinq ans, l’exemple de Porto Alegre a inspiré les villes du monde: nombreuses sont celles en effet à avoir emboîté le pas au Brésil, comme la ville de Cordoba en Argentine. Entre 1500 et 2500 dispositifs seraient aujourd’hui en oeuvre dans le monde. « Mais au-delà de la bonne volonté politique, des conditions techniques doivent être remplies pour le bon fonctionnement du projet » nuance Yves Sintomer. Selon lui, il arrive que ces projets fonctionnent sur le papier, mais qu’en pratique, ils « n’accrochent pas avec l’action quotidienne, en raison de l’absence de courants de transmission organisés ».

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