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Portugal: le rebond économique va-t-il durer ?

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Comment se porte l’économie portugaise ? – Photo DR Shutterstock

JOL Press : Comment se porte l’économie portugaise ?

Jésus Castillo: Le plus dur de la crise est désormais passé. La croissance du PIB pour le deuxième trimestre atteignait les +0,3% par rapport au trimestre précédent, sachant qu’il y avait eu une contraction du PIB de -0,5% au premier trimestre. Il y a une amélioration de la situation économique au Portugal par rapport à il y a deux ans. Désormais, on anticipe une amélioration progressive de l’économie portugaise. Cependant, il reste encore des problèmes à résoudre pour cette économie, encore fortement endettée, que cela soit au niveau du secteur public, ou du secteur privé. Le potentiel de croissance apparaît toujours relativement faible pour les économistes. Si la situation s’améliore, on ne s’attend cependant pas à ce que la croissance explose au cours des prochaines années.

JOL Press : Quels sont les fers de lance de l’activité économique portugaise ? 

Jésus Castillo: L’amélioration de l’activité économique portugaise s’explique par un rebond positif des exportations au cours du dernier trimestre.  

Aujourd’hui, il serait idéal d’avoir en même temps un redémarrage de l’investissement. Il y a eu un léger rebond des investissements au cours du deuxième semestre mais il faut désormais savoir si cela va être durable. Les investissements sont déterminés par la perspective des débouchés. Même si depuis deux ou trois années, le Portugal cherche à diversifier les destinations géographiques de ses exportations, il reste fortement dépendant de la conjoncture en Espagne, en France, et des principaux pays voisins. Comme l’Espagne va mieux, les exportations s’améliorent, mais la diversification en cours est toujours insuffisante car une grande partie des exportations reste destinée  à l’Union européenne, et plus particulièrement à la zone euro, dont la croissance attendue pour la fin de l’année 2014-2015 n’est pas très dynamique.

En termes de demande intérieure, donc de consommation des ménages, la période devrait être un peu plus favorable en raison de la stabilisation du marché du travail. Le chômage a commencé a baissé au Portugal depuis quelques trimestres, et les mesures d’austérité les plus dures sont passées : la contrainte devrait donc être un moins forte sur les ménages.

JOL Press : Quelles sont les conséquences sur l’économie de la crise de la Banco Espírito Santo (BES), la première banque privée du Portugal ?

 Jésus Castillo: Banco Espírito Santo (BES) est effectivement l’un des deux acteurs majeurs du secteur. Les causes de la crise de la BES sont liées à une opacité de la gestion  de tout le groupe et d’une structure assez complexe, mais ne sont pas liées à un phénomène généralisé qui aurait conduit les banques à adopter un comportement très risqué pendant les années précédentes dont on paierait les conséquences aujourd’hui.

Les difficultés rencontrées par la BES ont créé de la défiance par contagion du secteur bancaire globalement portugais. Cela peut se transmettre à l’ensemble du secteur par une hausse du coût de refinancement des banques, donc du coût de financement de l’économie. Mais c’est un phénomène que nous n’avons pas franchement constaté  en se penchant sur l’évolution des taux d’intérêts au Portugal. Il n’y a pas eu de conséquences très fortes sur ce point de la part des investisseurs. La situation a été relativement bien comprise.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Jésus Castillo est économiste chez Natixis

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