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70% des Africains vivent sans électricité

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Eoliennes en Afrique du Sud. (Crédit : Shutterstock)

 

JOL Press : 70% de la population en Afrique subsaharienne n’a toujours pas accès à l’électricité. Quelles disparités existe t-il entre les Etats? 

 

Jean-Pierre Favennec : L’Afrique du Sud, avec 5% de la population africaine, représente 30 à 40 % de la richesse et une part très importante de la consommation d’énergie.

L’Afrique du Nord a quasiment réussi son électrification.

Toute autre est la situation en Afrique subsaharienne, qui manque de capacités de production et de réseaux de distribution

JOL Press : Comment peut-on expliquer un tel retard alors même que le continent affiche une bonne croissance économique et qu’il regorge en ressources tant fossiles que renouvelables ?

 

Jean-Pierre Favennec : Une chose est de disposer des ressources, une autre des capacités financières pour les développer.

La consommation d’électricité est faible car la population dispose d’un revenu très bas et l’électricité produite est chère. C’est un cercle vicieux.

Il est difficile de mettre en place des installations de grande place qui permettraient de faire baisser les coûts et de permettre l’accès à l’énergie

JOL Press : La population africaine doublera d’ici à 2050 pour atteindre 2 milliards d’âmes, dont 40 % vivront en zone rurale. Quels vont être les besoins en termes de gigawatts du continent ? 

 

Jean-Pierre Favennec : Les besoins de l’Afrique subsaharienne sont considérables. La consommation d’électricité de la ville de New York est équivalent à celle de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Les besoins se chiffrent en centaines de Gigawatts.

JOL Press : Le marché africain de l’éclairage hors-réseau (off-grid) est en passe de devenir le plus important au monde. Qu’est-ce que l’électrification « off-grid » ? Est-ce une bonne nouvelle pour l’Afrique ?

 

Jean-Pierre Favennec : Les réseaux étant modérément développés, une partie de l’alimentation électrique de l’Afrique viendra de solutions décentralisées (solaire, éolien surtout en Afrique de l’Est).

Cependant, nombre de pays ont développé l’accès à l’électricité en développant des solutions décentralisées mais aussi l’extension des réseaux. 

JOL Press : Sur quelle(s) source(s) d’énergie l’Afrique devrait-elle miser pour développer son réseau électrique ? 

 

Jean-Pierre Favennec : Selon les pays, le développement de l’accès à l’électricité reposera sur les conditions locales : productions décentralisées, production à partir de gaz naturel (dans les pays producteurs d’hydrocarbures), production hydraulique (en Afrique Centrale par exemple)… 

JOL Press : Les investissements de sociétés privées, comme EDF par exemple – qui a donné l’accès à l’électricité à 500 000 personnes depuis 1999 et a pour objectif de toucher, d’ici 2020, 1,2 million de personnes -, pourra-t-il être source de développement économique pour le continent ?

 

Jean-Pierre Favennec : L’accès à l’électricité, dans de bonnes conditions de durée et de fiabilité – accès régulier à l’énergie – est une condition du développement économique.

Les industries et les artisans ont besoin de sources fiables d’électricité. Les populations rurales, grace à l’électricité, pourront avoir accès à l’eau (grace au pompage), aux médicaments mieux conservés. Les études des enfants seront facilitées.

 

Propos recueillis par Coralie Muller pour JOL Press

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Jean-Pierre Favennec est directeur du Centre d’économie et de gestion à l’Institut français du pétrole.

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