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Anorexie, boulimie: une protéine intestinale sur le banc des accusés

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Une protéine intestinale serait à l’origine de l’anorexie et de la boulimie (Photo: Shutterstock.com)

Les troubles du comportement alimentaire touchent entre 5 et 10% de la population. L’anorexie et la boulimie ont des origines psychologiques, mais l’origine biologique de ces maladies était jusqu’à présent mystérieuse. Des scientifiques de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), à Rouen, pensent qu’une protéine serait impliquée. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la revue Translational Psychiatry, mardi 7 octobre.

La protéine ClpB, produite par une bactérie intestinale (Escherichia coli), serait en cause. Cette protéine est en fait le « sosie » de l’hormone de la satiété (mélanotropine). Sous l’effet du stress ou d’autres facteurs psychologiques, elle peut être produite par l’organisme et lui donner l’impression que la satiété est atteinte (anorexie) ou qu’elle n’est pas atteinte (boulimie).

Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de 60 patients. Si cette découverte est confirmée à une échelle plus large, elle ouvre la voie à un traitement de ces maladies.

« Nous travaillons actuellement au développement d’un test sanguin basé sur la détection de la protéine bactérienne ClpB. Si nous y arrivons, il permettrait la mise en place de thérapies spécifiques et individualisées des troubles du comportement alimentaire », explique Pierre Déchelotte et Sergueï Fetissov, les co-auteurs de cette étude.

En parallèle, les scientifiques étudient chez la souris un moyen de corriger l’action de la protéine bactérienne pour empêcher la dérégulation qu’elle entraîne sur l’organisme. « D’après nos premières observations, il serait en effet possible de neutraliser cette protéine bactérienne par des anticorps spécifiques sans affecter l’hormone de la satiété », concluent-ils.

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