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Argentine: Maximo Kirchner, en route pour la présidentielle de 2015 ?

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Maximo Kirchner, fils de la présidente argentine Cristina Kirchner – Photo: capture d’écran DR Youtube

JOL Press : Maximo Kirchner a concrétisé son engagement politique en tenant un discours devant les militants de La Campora. A-t-il en tête les élections de 2015 ?
 

Dario Rodriguez : Le kirchnérisme traverse de grandes difficultés depuis sa fondation, essentiellement liées au renouvellement des dirigeants politiques. Même si on peut dire que le gouvernement a été assez réformateur, il a mené un modèle politique centré sur la concentration et la centralisation du pouvoir autour du cercle intime du gouvernement.

Le gouvernement de Cristina Kirchner mais aussi celui de son époux Nestor Kirchner ont été incapables de renouveler leurs cadres dirigeants et leurs candidats. Cristina Kirchner ne peut plus se représenter en 2015 : la continuité du projet est donc en danger.

Aujourd’hui, Maximo Kirchner vient de se lancer pour la première fois dans la vie politique, mais davantage comme militant. Peut-être que les kirchnéristes veulent présenter Maximo comme candidat au poste de gouverneur de la province de Buenos Aires ou un autre poste d’autorité important afin de pouvoir placer les fervents kirchnéristes aux postes clés au gouvernement. C’est une hypothèse.

JOL Press : Comment Maximo Kirchner est-il perçu dans la société argentine ? Peut-il être un candidat de poids sur la scène politique ?
 

Dario Rodriguez : Grâce à son nom de famille, Maximo Kirchner jouit d’une visibilité certaine. Jusqu’à maintenant, il a plutôt effectué un travail de militant politique, dans l’ombre, plutôt que dans l’arène démocratique. Avec une scène politique très polarisée en Argentine, les médias d’opposition estiment qu’il est un « fils à papa », inefficace, flémard, démagogue, autoritaire… Mais Maximo Kirchner a tout de même su démontré sa capacité d’organisation, de leadership, et a su se légitimer vis-à-vis des membres de La Campora, l’une des organisations les plus puissantes en Argentine. Mais aujourd’hui, cela ne suffit pas pour être un candidat de poids sur la scène politique…Il va donc devoir inventer un autre « Maximo Kirchner », une nouvelle figure politique.

JOL Press : Est-ce que le kirchnérisme est à bout de souffle en Argentine ?
 

Dario Rodriguez : En effet, la popularité de Cristina Kirchner traverse un moment difficile. Il y a un sentiment d’usure des citoyens vis-à-vis du kirchnérisme. Le vrai problème aujourd’hui, c’est l’absence d’alternatives en Argentine. L’opposition est complètement fragmentée et dispersée, et l’opposition incapable de réussir à construire une force politique avec un discours vraiment différent qui puisse séduire une large partie des citoyens argentins. 

JOL Press : Le bilan de Cristina Kirchner est-il positif ?
 

Dario Rodriguez : Le bilan du kirchnérisme est marqué par l’ambigüité. Le kirchnérisme a fait des choses très positives pour l’Argentine : il a réussi à établir un modèle qui a réduit la pauvreté, le chômage, et un ensemble de mesures qui a permis une reconquête au niveau des droits citoyens. Mais il y a toujours eu dans l’action kirchnériste, des caractéristiques liées à la concentration du pouvoir, à un non-respect des cadres républicains, une tendance à l’inaction au niveau institutionnel. Le problème du kirchnérisme, et d’une bonne partie populisme en Amérique latine, repose sur les effets positifs à court termes, mais ce manque d’institutionnalisation qui les a caractérisés pose un problème pour garantir un changement à long terme.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Dario Rodriguez est diplômé en science politique à l’Université de Buenos Aires (Argentine) et docteur en science politique à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Science Po). Il est docteur associé au Centre d’Etudes et Recherches Internationales, enseignant vacataire en Histoire de l’Amérique latine au Collège Universitaire de Sciences Po, et membre du bureau de l’Observatoire Politique de l’Amérique latine et Caraïbes (OPALC). Ses recherches portent notamment sur l’analyse des leaderships présidentiels en Amérique du Sud

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