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Brésil: «Aécio Neves, pour l’alternance plutôt que le changement»

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JOL Press : Le candidat de centre-droit  Aécio Neves a créé la surprise lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 5 octobre dernier, en devançant l’écologiste Marina Silva. Selon vous, pourrait-il remporter la présidentielle dimanche 26 octobre ?
 

Gaspard Estrada : On ne peut pas écarter d’emblée une victoire de la droite au deuxième tour au Brésil. Aujourd’hui, un scenario commence à se configurer : les sondages qui ont été publiés lundi 20 octobre, indiquent un retournement de tendance favorable à Dilma Rousseff.

La question est désormais de savoir si cette dynamique se poursuivra …Le dernier débat télévisé qui se déroulera vendredi 24 sur la principale chaîne de télévision O’Globo, pourrait départager les deux candidats. La bonne prestation d’Aecio Neves lors du dernier débat télévisé au premier tour, avait eu une incidence positive pour le candidat dans le transfert de voix d’anciens électeurs de Marina Silva vers Aecio Neves.

JOL Press : Le candidat Aecio Neves incarne-t-il le changement espéré par la population brésilienne ?
 

Gaspard Estrada : Aujourd’hui, Aecio Neves, représente davantage l’alternance que le changement. Tout le défi de sa candidature est d’incarner un changement dans les pratiques et dans le discours politique alors qu’il vient lui-même d’une famille politique traditionnelle au Brésil : son grand-père est mort avant d’être investit président de la République.  Aecio Neves a construit sa vie autour de la politique: il y a d’ailleurs fait carrière dès son plus jeune âge. Aujourd’hui, les enquêtes montrent que la moitié des Brésiliens soutiennent sa candidature, par conviction, ou par rejet de la présidente sortante.

JOL Press : Où Aecio Neves puise-t-il son électorat ?
 

Gaspard Estrada : Aecio Neves puise son électorat dans les catégories sociales les plus aisées du Brésil : les classes A et B. Une partie de son électorat vient également de la classe C, une nouvelle classe émergente, dont le niveau de vie a augmenté sous Lula mais dont la progression s’est estompée sous Dilma Rousseff. Aujourd’hui, la classe C doute à donner une continuité au gouvernement de Dilma Rousseff ou faire le choix de l’alternance : c’est donc au sein de cet électorat que cette élection se jouera.

En ce qui concerne le territoire, l’électeur type du candidat du centre-droit se trouve surtout dans le sud-est du pays. Les derniers sondages montrent une réduction de la différence entre Aecio Neves et  Dilma Rousseff notamment dans les zones où le candidat fait ses meilleurs scores, dans le sud et sud-est du Brésil.

JOL Press : La percée politique d’Aecio Neves repose-t-elle surtout sur son poste de gouverneur de l’Etat de Minas de 2003 à 2010 ?
 

Gaspard Estrada : Je pense que sa trajectoire politique est liée à sa gestion en tant que gouverneur de l’Etat de Minas. Il a aussi été président de la Chambre des Députés. Il avait déjà une stature nationale à cette époque-là, mais par rapport aux autres candidats, Aecio Neves n’avait jamais été candidat à la présidence de la République. Il souffrait donc d’un déficit de notoriété par rapport aux autres candidats, qui lui a été fournie lors de cette campagne électorale.

Quant à son bilan en tant que gouverneur de l’Etat de Minas (2003-2010), les sondages réalisés à la fin de son deuxième mandat étaient très positifs pour lui.  Il faut cependant rappeler que la croissance brésilienne oscillait autour de 7,5% en 2010 : le président Lula a quitté le pouvoir avec un indice de popularité très élevé, supérieur à 80%,  tout comme le gouverneur Eduardo Campos, le candidat socialiste décédé dans un accident au mois d’août dernier. Aecio Neves a fait un bon travail de gouverneur, mais il faut prendre en compte le contexte national.

 

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Gaspard Estrada est analyste politique spécialiste des relations entre la France et l’Amérique latine.

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