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Comment la France compte-t-elle vaincre le djihadisme sur Internet

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(Photo : GlebStock/Shutterstock.com)

La coalition internationale contre l’Etat Islamique en Irak poursuit son offensive et multiplie les frappes, notamment autour de Kobané, ville kurde qui se bat depuis plus de 40 jours contre l’invasion des djihadistes. Engagées dans une guerre aérienne contre l’EI, la coalition internationale devrait désormais étendre sa guerre sur Internet.

La traque sur Internet doit être étendue

Le récemment nommé coordinateur de la coalition, John Allen, a en effet fait part de sa volonté de combattre l’islamisme là où il prospère le plus, sur les réseaux sociaux et les sites dédiés. L’Etat Islamique ne sera « véritablement vaincu qu’une fois que la légitimité de son message aux jeunes vulnérables sera niée », a ainsi déclaré le général à la retraite lors d’une réunion à Koweït.

Les Etats-Unis appellent ainsi à la création d’une « coalition de l’information qui agisse parallèlement à la coalition militaire », selon les propos du sous-secrétaire d’Etat aux affaires publiques, Rick Stengel.

Autour des Etats-Unis, plusieurs membres de la Coalition, parmi lesquels l’Irak, l’Egypte, le Royaume-Uni, la France et les pays du Golfe se sont engagés à renforcer cette lutte.

15 000 djihadistes convaincus par la campagne de communication de l’EI

Il faut dire que les chiffres sont alarmants. En effet, depuis le début de sa conquête, l’Etat Islamique a déjà attiré des milliers de combattants venus de tous horizons et convergents tous vers les aéroports turcs pour rejoindre le front. Parmi ces djihadistes, ils seraient environ 15 000 à avoir été séduits par les campagnes de communication diffusée largement sur Internet par les islamistes.

A l’origine de cette campagne, l’agence de communication Al Furqan qui n’hésite pas à mettre tous les moyens nécessaires pour rendre « attractif » le combat des membres de l’Etat Islamique. Les vidéos diffusées ne manque jamais ni de musique d’ambiance, ni de prises de vues spectaculaires.

Selon les récents chiffres du ministère français de l’Intérieur, parmi ces 15 000 nouveaux djihadistes étrangers convertis à la cause de l’Etat Islamique, ils seraient « près de 2 000 » à venir de l’Union Européenne.

La France précise sa lutte contre le djihadisme sur Internet

La France n’a pas attendu la suggestion américaine pour faire de la traque des djihadistes sur Internet une de ses priorités. En effet, le 16 octobre dernier, le Sénat a adopté un projet de loi visant à renforcer les procédures déjà en vigueur pour lutter contre la cybercriminalité.

Ces mesures, qui entrent dans le cadre d’un plan anti-djihad plus vaste, vise notamment à traquer les « cyber-djihadistes ». Jusqu’ici réservées au terrorisme et à la criminalité organisée, des techniques spéciales d’enquêtes vont progressivement être mises en place pour libérer le web de la menace djihadiste.

Ainsi, c’est la police judiciaire qui sera chargée de ces enquêtes. Des officiers spécialement formés pourront désormais avoir accès à des espaces normalement privés tels que des clouds, des espaces de stockages d’informations.

Organisés en patrouilles virtuelles, et grâce à des logiciels espions, ils pourront suivre à la trace ces cyber-djihadistes et surveiller leurs faits et gestes en temps et en heure, comme cela se faisait déjà pour la traque des pédophiles.

Une fois débusqué, le djihadiste sera poursuivi tandis que le site hébergeur devra faire le nécessaire pour effacer les contenus incriminés, sous peine d’être bloqué sous 24h.

« Neutraliser physiquement un certain nombre de sites Internet »

Les efforts de la France pour lutter contre le cyberdjihadisme ont été vantés par le co-rapporteur de cette loi, le député UMP Guillaume Larrivé. Ce dernier, interrogé sur France Info, estimait qu’après le travail policier, le travail de renseignement, il fallait « renforcer » le processus d’enquête « par des moyens d’infiltration informatique, qu’on appelle les cyber-patrouilleurs ».

« C’est la possibilité pour des agents de police spécialement habilités des services de renseignements de s’introduire dans un certain nombre de systèmes informatiques pour détecter un certain nombre de mouvements que les réseaux terroristes opèrent via Internet », expliquait-il sur France Info.

« Il faut qu’on arrive à bloquer l’accès à un certain nombre de sites. Il faut savoir qu’aujourd’hui, notamment dans certaines banlieues, vous avez des jeunes adolescents qui sont complètement embrigadés et qui ont complètement la tête retournée, une sorte de lavage de cerveau, via Internet. Il faut qu’on arrive à bloquer l’accès à certains sites et il faut même qu’on arrive à neutraliser physiquement, c’est-à-dire à détruire physiquement, un certain nombre de sites internet par des dispositifs de piratage légal par les policiers », concluait le co-rapporteur du projet de loi.

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