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Défense: l’armée française est toujours la première force européenne

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Le budget français alloué à la défense est régulièrement allégé. Alors que les avions français sont déployés en Irak depuis quelques jours, cet exemple montre-t-il que la France pourrait se satisfaire de son armée de l’air ?
 

Yves Boyer : Nous nous focalisons aujourd’hui sur l’Irak, où la France a déployé 9 Rafales et un C135 ravitailleur ainsi qu’un Breguet Atlantique pour ce qui concerne la Marine. Il ne faut pas oublier cependant que les forces françaises sont très engagées dans la bande sahélo-saharienne et que cette action demande principalement la mobilisation des effectifs de l’Armée de terre.

Il n’y a donc pas à choisir entre l’Armée de l’air, l’Armée de terre ou la Marine. Les forces françaises sont polyvalentes et c’est ensemble et associées dans un cadre interarmées qu’elles fonctionnent aujourd’hui.

L’armée de terre se plaint néanmoins régulièrement du manque de moyens dont elle dispose. Sera-t-elle un jour incapable d’intervenir au sol dans de bonnes conditions ?
 

Yves Boyer : Chaque armée défend son pré carré. Il est normal que les aviateurs, les officiers de l’armée de terre et les marins estiment qu’ils n’ont pas assez pour travailler dans de bonnes conditions. De fait, ils n’ont pas assez pour envisager un projet plus ambitieux.

Cependant tout le monde est soumis à la portion congrue en matière de budget de l’Etat. Le président de la République et le ministre de la Défense l’ont confirmé, le budget de l’armée est sanctuarisé à hauteur de près de 31 milliards d’euros.

Certes, l’armée est parfois amenée à faire beaucoup avec peu de moyens, mais fondamentalement, elle est efficace. Il y a des récriminations, mais dans quel secteur n’y en a-t-il pas aujourd’hui ? Quel secteur ne se plaint pas de vivre en récession ?

De là à dire que les forces armées sont devenues impotentes, il y a un pas considérable qui ne doit pas être franchi, en tous cas pour l’instant.

Sur le plan international, l’armée française est-elle encore une grande armée ?
 

Yves Boyer : Aujourd’hui, si l’on regarde l’Union européenne, la France demeure la première puissance militaire. Les Allemands sont réticents à intervenir à l’extérieur et ils connaissent  des difficultés à maintenir leur matériel en condition et s’ils disposent de plus d’une centaine de chasseurs Eurofighters, ils ne peuvent n’en n’aligner moins d’une vingtaine en opération selon un récent rapport parlementaire.

De leur côté, les Britanniques ont également d’autres difficultés notamment budgétaires. Face à cela, force est de constater que la France est encore en bonne posture.

Même avec leurs réductions budgétaires, les Français ont été capables de maintenir un outil cohérent qui repose sur des moyens nationaux tout à fait à la pointe, notamment dans le domaine du renseignement de nature spatiale.

Notre armée garde encore aujourd’hui un très bon taux d’entraînement, bien qu’il puisse être amélioré. L’opération Serval a d’ailleurs prouvé que les forces françaises se sont remarquablement comportées et ont fait l’admiration de nos partenaires. Aujourd’hui, on arrive finalement à faire d’excellentes choses avec des moyens budgétaires réduits.

La situation n’est donc pas si catastrophique qu’on l’entend parfois…
 

Yves Boyer : Bien entendu, si l’armée disposait de davantage de moyens, ce serait parfait. Cependant, avec une dette publique de 2 000 milliards d’euros, il est difficile pour les différents ministères de demander un accroissement substantiel de leurs moyens.

Nous devons néanmoins nous méfier du dépassement de notre budget. Les Français engagés en opérations extérieures coûtent très chers. Il ne faudrait pas que cet argent soit pris sur le budget d’investissement car cela deviendrait vraiment problématique.

Si l’armée française venait à devenir une armée de second plan, la France pourrait-elle perdre son statut à l’OTAN, voire même la légitimité de son siège au conseil de sécurité de l’ONU ?
 

Yves BoyerNous n’en sommes vraiment pas là. Côté français, un certain nombre de verrous de nature politique et stratégique protègent l’armée.

De ce fait, le budget est sanctuarisé pour les années à venir.

L’un de ces verrous tient à la possession par la France d’un outil nucléaire extrêmement performant et tout à fait indépendant. Cet outil nucléaire ce sont des charges, des vecteurs, industriel et un ensemble de moyens complexes liés aux communications, au renseignement etc. mis au point grâce à un appareil industriel de haute technologie.  Le seul fait que la France reste détentrice d’un outil nucléaire à la pointe implique un certain type de comportement et notamment de posséder une industrie de défense de pointe ; cela à un coût mais impose de rester au niveau dans toute la gamme des moyens militaires.

Propos recueillis par Sybille de Larocque pour JOL Press

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