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Ebola, la «grippe espagnole du 21ème siècle»?

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(Photo : KieferPix/Shutterstock.com)

Le virus Ebola est aux portes de la France, c’est en tout cas ce qu’estiment des chercheurs britanniques. Suscitant un vent de panique sur les citoyens qui voient en Ebola la grande épidémie du 21ème siècle.

La France est prête à prendre en charge d’éventuels malades

Il faut dire que depuis les premiers mois de la propagation de la maladie en Afrique, les informations en provenance d’Afrique ont apporté leur lot de mauvaises nouvelles. Les victimes sont de plus en plus nombreuses, les autorités et les services de santé peinent à refreiner l’épidémie.

Depuis l’annonce de la contamination d’une infirmière espagnole, un vent de panique a soufflé de plus belle sur l’Europe. Pourtant, assure l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « les pays européens sont parmi ceux dans le monde qui sont les mieux préparés à répondre à une fièvre hémorragique virale, y compris Ebola », a ainsi déclaré Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe.

En France, les autorités se sont toujours voulu rassurantes et la ministre de la Santé Marisol Touraine a rappelé, mercredi 8 octobre, que bien que « le risque zéro n’existe pas », « la France est prête à faire face à d’éventuels cas de malades ».

« Nous sommes organisés en conséquence, en identifiant des hôpitaux prêts à accueillir des malades en situation d’isolement et de sécurité. Et nous mettrions tout en place pour faire en sorte que la maladie ne se propage pas et ne se transmette pas à d’autres malades » », a ajouté la ministre.

Probabilité zéro pour une épidémie

Cependant le doute persiste encore. Bien qu’Ebola soit attendu de pied ferme en France, cette épidémie pourrait-elle s’arrêter aussi facilement ? Pourrait-elle se transformer en pandémie mondiale et devenir la « grippe espagnole du 21ème siècle » ?

Pour mémoire, cette pandémie, une des plus grande de notre ère, s’est déclarée au lendemain de la Première Guerre mondiale. Elle aurait fait entre 20 et 50 millions de victimes en Europe. Très contagieuse, elle a principalement touché les femmes et les nourrissons.

Ce scénario n’a cependant que très peu de chances de se dérouler de la même manière avec Ebola. En effet, le mode de transmission du virus Ebola est une de ces faiblesses, comme l’explique le Professeur Pierre-Marie Girard, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Saint-Antoine de Paris au JDD.

« La transmission ne se fait pas du tout comme pour la grippe ou la rougeole – qui sont très contagieuses – par voie aérienne », explique-t-il. « Pour Ebola, il faut qu’il y ait des contacts assez intimes : des projections d’urine, de produits souillés par les selles, de sueur… Les soignants sont à risque, mais pas la population générale », ajoute-t-il encore. « Qu’il y ait une possibilité d’un cas dans l’Hexagone? Oui, bien sûr. Mais que cela se transforme en épidémie, c’est une probabilité zéro », conclut-il enfin.

Chaque épidémie n’a fait que très peu de victimes

Autre point faible du virus : sa forte létalité. En effet, lorsqu’un patient est contaminé, il est susceptible de mourir rapidement de sa maladie. Or ce court laps de temps empêche le virus de se propager massivement, à la différence de la grippe espagnole.

Finalement, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, parmi les grandes épidémies de l’histoire, la plus importante reste bien entendu la peste noire, qui a fait 100 millions de morts au XIVème siècle.

La grippe espagnole arrive en seconde positions et avant Ebola, de nombreuses maladies ont déjà fait un nombre beaucoup plus importants de victimes. La variole a fait 20 000 morts en Inde en 1970, la grippe aviaire a fait près de 19 000 morts dans le monde en 2008, le choléra a tué 8 791 personnes en Haiti entre 2010 et 2013.

Jusqu’à aujourd’hui, chaque épidémie d’Ebola n’avait fait que quelques centaines de victimes en RDC, au Soudan et en Ouganda. Le virus Ebola, s’il fait peur, n’a donc rien d’un virus à la hauteur de la grippe espagnole.

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