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Ebola, une punition divine? L’idée se propage…

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Malgré le déploiement de toutes les mesurées nécessaires pour enrayer le fléau Ebola, l’épidémie a déjà tué près de 5 000 morts depuis son apparition en Afrique de l’Ouest. Les chiffres ont été actualisés par l’Organisation mondiale de la santé. Ces derniers pourraient même atteindre les 15 000 morts si l’épidémie d’Ebola poursuit sa course à ce rythme. Manque de moyens pour soigner les patients ? Campagne de communication inefficace pour inciter les habitants à se protéger ? Pour certains, la réponse à cette épidémie mortelle est beaucoup plus simple : il s’agit d’une punition divine.

Trois jours de jeûne pour se faire pardonner

La rumeur n’est pas nouvelle. Déjà, en août dernier, le Conseil des Eglises du Libéria avait réuni pas moins de 10 évêques, pasteurs, prophètes, évangélistes. A l’issue de cette réunion au sommet, les religieux avaient alors affirmé, dans des propos retranscris par le Liberian Observer : « Dieu est énervé contre le Libéria avec le virus Ebola qui est un fléau. Les Libériens doivent prier et demander le pardon de Dieu face à la corruption et les actes immoraux (comme l’homosexualité) qui continuent à pénétrer notre société. En tant que chrétiens, nous devons nous repentir et demander le pardon à Dieu ».

Pour se faire pardonner et échapper à Ebola, les Libériens pouvaient alors suivre les recommandations du Conseil des Eglises du Libéria et observer « trois jours de jeûne et de prière ».

« Les gens doivent rester chez eux. Tous les mouvements devraient être limités », avaient-ils ainsi déclaré.

L’archevêché tente de calmer les esprits

Ces églises chrétiennes et évangéliques ne sont pas les seules à avoir colporté cette idée. En effet, certains musulmans estiment aussi que puisque toute chose est divine, Ebola l’est forcément.

« Je sais que toute chose provient d’Allah », explique ainsi le Dr Diallo, directeur national de la Zakat (purification, aumône, ndlr.) au secrétariat des Affaires religieuses de Guinée pour le magazine Afrique Actualité. « Je sais que la maladie ou toute autre sorte de malaise est une épreuve venant de Dieu, le Tout Puissant. Je suis dans cette dynamique », explisue-t-il encore.

Toutefois, le responsable religieux estime néanmoins que dans ce cas, « une fois qu’une épreuve se présente en nous, il faut lutter contre. Les leaders religieux s’inscrivent dans cette logique de se lever comme un seul homme pour être un véritable soldat qui se donne pour mission de bouter hors de nos frontières la fièvre hémorragique à virus Ebola ».

Du côté de l’archevêché, note encore Afrique Actualité, l’humeur est plus raisonnable. En effet, l’abbé Matthieu Loua affirme ainsi que « cette épidémie ce n’est pas une punition divine ».

« Dieu n’a jamais voulu punir l’homme de cette manière. Notre Dieu est un créateur. Il est le Sauveur et c’est un Dieu d’amour ».

« On donne des consignes d’hygiène, si les gens refusent de les prendre avec l’intelligence que Dieu leur a donnée, faudrait-il qu’on impute cette responsabilité à Dieu ? Non ! », déclare-t-il encore à Afrique Actualité.

Dieu, ou les travailleurs humanitaires

La volonté divine n’est pas seule en cause et l’épidémie d’Ebola a déjà suscité nombre de théories du complot depuis qu’elle a commencé à faire ses premières victimes. En août, le Nouvel Observateur relayait les propos d’Adam Nossiter, envoyé spécial du New York Times en Guinée.

Ce dernier expliquait alors que des villageois s’étaient constitués en groupes de défense pour empêcher les travailleurs humanitaires, accusés d’être à l’origine de l’épidémie, d’entrer dans leurs villages.

« Les travailleurs [sanitaires] et les officiels, rendus responsables par des populations en panique pour la propagation du virus, ont été menacés avec des couteaux, des pierres et des machettes, et leurs véhicules ont parfois été entourés par des foules menaçantes. Des barrages de troncs d’arbre interdisent l’accès aux équipes médicales dans les villages où l’on soupçonne la présence du virus. Des villageois malades ou morts, coupés de toute aide médicale, peuvent dès lors infecter d’autres personnes », expliquait-il alors.

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