• À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
La Revue Internationale
  • UNION EUROPÉENNE
  • RUSSIE
  • AMÉRIQUES
  • ASIE
  • AFRIQUE
  • MOYEN-ORIENT
  • LE MONDE DE DEMAIN
Actualités

Et si Bruxelles refusait le budget de la France?

08.10.2014 par La Rédaction

Entretien avec Henri Sterdyniak, directeur du Département économie de la mondialisation de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

D’ici la fin du mois d’octobre, la Commission européenne rejettera probablement le projet de budget 2015 présenté par la France. Bruxelles demanderait alors à la France de le modifier, afin de respecter les engagements qu’elle a pris. Si ce n’est pas fait, la France se verrait alors contrainte de régler une lourde amende à l’Union européenne.

[image:1,l]

(Photo : Felix-Emanuel Catana/Shutterstock.com)

Le budget de la France a de fortes chances d’être refusé par Bruxelles. Quelles en seraient les raisons ?
 

Henri Sterdyniak : La France a signé la Pacte de Stabilité puis le Traité budgétaire. Selon ces textes, le déficit public d’un pays de la zone Euro ne doit pas dépasser les 3 points de PIB ; dès que le déficit public dépasse cette limite, le pays est soumis à la procédure de déficit excessif et doit revenir sous les 3% selon un calendrier accepté par la Commission.

La France s’était engagée à revenir en dessous des 3% en 2012, puis en 2013 ; elle a obtenu, en juin 2013, la possibilité de reporter à 2015 le passage sous les 3%. 

Mais, selon le budget présenté fin septembre 2014, le déficit sera toujours de 4,3% du PIB en 2015 ; le passage sous les 3% est reporté à 2017.En décembre 2012, la France s’était engagé à faire un effort de 3,2 points de PIB sur les trois années 2013, 2014 et 15 ; selon le nouveau budget, l’effort ne sera que de 1,4 point. Bruxelles est donc contrainte, soit de sanctionner la France, soit de renoncer aux principes du Pacte et du Traité.

Pour rentrer dans les clous, la France devrait faire en 2015 un effort supplémentaire de baisse des dépenses publiques de l’ordre de 1,4% du PIB, soit de 28 milliards. En même temps, cet effort aurait un impact récessif sur le PIB : au lieu d’une croissance de 0,8% en 2015,  la France connaitrait une baisse du PIB de l’ordre de 0,6%, de sorte que les rentrées fiscales diminueraient et que l’objectif de 3% ne serait pas atteint non plus. La France a donc raison de désobéir.

La Commission européenne pourrait être amenée à mettre en place des sanctions à l’encontre de la France. Quelles seraient ces sanctions ?
 

Henri Sterdyniak : La Commission pourrait infliger à la France une amende de 0,2% de son PIB, soit de 4 milliards d’euros, chaque année. Elle pourrait lui imposer de rendre compte tous les trois mois de l’exécution de son budget.

Elle pourrait également lui demander de s’engager fermement sur des réformes structurelles, qu’il s’agisse de la réforme des retraites, de la baisse des indemnités chômage, de la réduction des allocations familiales ou encore de la diminution du nombre de fonctionnaires.

Cependant, la France n’a aucune difficulté à trouver des financements pour sa dette publique. Elle s’endette à des taux nul à 1 an, à un taux très bas (1,3% à 10 ans). Elle contribue également à garantir les dettes publiques de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal.

En Afrique et au Moyen-Orient, elle fait un important effort militaire dont beaucoup de pays de l’Union Européenne s’exemptent. Aujourd’hui, la France contribue pour 22 milliards au budget de l’UE et sa contribution nette est de l’ordre de 6 milliards. Son déficit n’a aucune conséquence néfaste pour ses partenaires européens, de sorte que la sanction apparaitrait comme absurde : on pénaliserait un pays pour ne pas respecter une limite arbitraire de 3%.

Au niveau européen, la France est-elle la seule à ne pas réussir à fournir les efforts nécessaires pour équilibrer son budget tel que le demande l’Europe ?
 

Henri Sterdyniak : La France n’est pas le seul pays à ne pas respecter les critères européens de finances publiques. En 2014 par exemple, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, mais aussi, en dehors de la zone euro, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Japon ont des déficits publics supérieurs à 3 % du PIB. La quasi-totalité des pays de l’OCDE ont des dettes publiques supérieures à 60% du PIB.

La France a fait des efforts importants depuis 2009, de l’ordre de 4,5 points de PIB, soit un peu plus que la moyenne des pays de la zone euro. Les pays qui ont fait des efforts plus importants (Grèce, Espagne, Portugal, Irlande) sont dans des situations économiques préoccupantes. Il est légitime que la France, où les investissements publics sont importants (4 points de PIB) conserve un certain déficit public.

Le premier problème est que lorsque tous les pays de la zone mènent en même temps des politiques d’austérité, le PIB de la zone est lourdement affecté et les objectifs de finances publiques ne peuvent être atteints. Nous le constatons en Europe depuis 2012, mais la Commission refuse toujours de renoncer à sa politique d’austérité, malgré ses résultats désastreux.

La deuxième est que ces objectifs n’ont aucun fondement économique : les limites de 3% du PIB pour le déficit et de 60% du PIB pour la dette sont arbitraires. Il est légitime qu’un pays qui investit beaucoup et qui est en récession ait un déficit public relativement important. Il serait suicidaire d’ajouter une politique trop restrictive à une situation déjà déprimée.

Le troisième problème est que les gouvernements français successifs ont eu tort d’accepter de signer le Pacte de Stabilité puis le Traité Budgétaire, ont eu tort de prendre des engagements intenables sur le plan économique. La France apparait aujourd’hui incapable de tenir ses engagements. Il aurait été plus courageux et plus honnête de refuser de signer.   

La France pourrait-elle passer outre la décision européenne, conserver son budget dans sa forme actuelle et refuser les sanctions européennes ? Quelles seraient les conséquences d’un tel geste ?
 

Henri Sterdyniak : Sur le plan du droit européen, elle n’en a pas le droit. Le refus de la France ouvrirait une grave crise en Europe. Il mettrait en cause les fondements de la coordination budgétaire que l’Union Européenne a mis en place : la norme de 3%, l’objectif de solde équilibré, le pilotage par le semestre européen et la procédure de déficit excessif.

Cette coordination a été imposée par l’Allemagne et les pays du Nord en échange de leur acceptation de la Monnaie Unique.

En sens inverse, cette coordination par des règles arbitraires se révèle totalement contreproductive ; la politique d’austérité pilotée par la Commission a tué la reprise qui s’esquissait en 2010 et 2011 ; la zone euro reste une zone de faible croissance, de chômage de masse  et de déséquilibres entre les Etats membres.

De sorte que la question se posera : ne faudrait-il pas que la France ait le courage de dire clairement non et de demander une rupture franche dans les politiques de l’Union Européenne ?

Propos recueillis par Sybille de Larocque pour JOL Press

La Rédaction


Budget France Pacte de stabilité Traité budgétaire Union européenne
Tribune à la une
Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile

Otages en Iran : ne nourrissez pas le crocodile
Hamid Enayat est un analyste, militant des droits de l’homme et opposant politique iranien basé en France. ...

Idées
lri-ipad

Newsletter

Pour vous abonner à la newsletter La Revue Internationale, remplissez le formulaire ci-dessous.

Helsinki et Ankara en désaccord concernant Stockholm

Helsinki et Ankara en désaccord concernant Stockholm

30.01.2023
En Continu
Contre les chars occidentaux, Moscou déploie les «Marker»

Contre les chars occidentaux, Moscou déploie les «Marker»

30.01.2023
En Continu
Bakou évacue son ambassade en Iran

Bakou évacue son ambassade en Iran

27.01.2023
En Continu
Le sentiment anti-allemand renforcé en Pologne

Le sentiment anti-allemand renforcé en Pologne

27.01.2023
En Continu
Sur le même sujet
<strong>La politique intérieure et extérieure du Kazakhstan : une opportunité pour renforcer les liens entre Paris et Astana</strong>

La politique intérieure et extérieure du Kazakhstan : une opportunité pour renforcer les liens entre Paris et Astana

22.12.2022
Actualités

Une fois de plus, cette année écoulée aura été riche en bouleversements politiques. L’année 2022 restera marquée au fer rouge par le conflit en Ukraine et ses secousses aux quatre

Flagrant délit de désinformation pour Moscou

Flagrant délit de désinformation pour Moscou

26.10.2022
Actualités

Mercredi 26 octobre, le gouvernement slovène a fait savoir que le gouvernement russe avait utilisé des photos de déchets slovènes, prétendant qu’il s’agissait de déchets ukrainiens, pour étayer sa thèse

L’attaque du pont de Kertch fragilise Poutine

L’attaque du pont de Kertch fragilise Poutine

09.10.2022
Actualités

Suite à l’attentat perpétré sur le pont de Crimée samedi matin ayant causé la mort de trois personnes et l’effondrement partiel de la structure, Vladimir Poutine a convoqué lundi 10

Humayoon Azizi, l’ambassadeur qui résiste aux talibans

Humayoon Azizi, l’ambassadeur qui résiste aux talibans

15.08.2022
Actualités

Depuis la chute du régime, l’ambassadeur d’Afghanistan à Paris, Humayoon Azizi, refuse de reconnaître les talibans, et continue d’exercer sa représentation diplomatique au nom de la République islamique d’Iran.  Réduction

Revue Internationale
  • Facebook
  • Twitter
  • RSS
  • Grand Angle
  • Idées
  • En Continu
  • Union Européenne
  • Russie
  • Amériques
  • Asie
  • Afrique
  • Moyen-Orient
  • À propos
  • L’équipe
  • Contact
  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité
© 2017 La Revue Internationale. Tous droits réservés.
Scroll to top
Aller au contenu principal